Abstract : An analysis of the Russo-Ukrainian gaz crisis throught the larger issue of the "
Fight for Eurasia " , the modern version of the "
Great game " . New approaches towards Russia from the Obama admnistration can't hide that the Us develops a bellicose policy towards Russia ( then Soviet Union ) since nearly 70 years ans will continue to pursue it under the influence of rabid Russia-haters like Zbigniew Brzezinski or Robert Gates .
One more reason after hydrocarbons for Russia to construct a "
Cordon sanitaire " in Central Asia between Russia and Nato occupied A-stan .
Un article qui replace la récente crise gazière Russo-Oukraïnienne dans une plus large perspective . Il a été publié par beaucoup de blogues " résistants " , originalement sur Vox.Nr , et " Ice Station Zebra " ne pouvait ne pas le publier à son tour .
il vient à contre-courant des analyse " optimistes " esquissées sur le volonté de " réarmer " (
Reset Button ) les relations Russo-Americaines de la part de la nouvelle admnistraion Us et replace celles-ci dans une perspective historique plusgrande .
L'auteur y mentionne un document fondateur des relations Russo-Etazuniennes , ettoujours d'actualité aux Etats-Unis , de ces soixante cinq dernières années : Le "
Long telegram " de G.F. Kennan .
En complément , un article
du Chicago Tibune ( "
Central Asia and Russia: Countries can't afford to say no to Kremlin - Russia buys influence in region crucial to war in Afghanistan " )
Il est fort probable que le retour aux affiaires de "
Zbig " et son souci de retirer les troupes d'Irak pour les déployer sur le front du conflit Afghan motivent la direction Russe a créer un " cordon sanitaire " sur ce flanc , au delà du contrôle de ressources petro-gazières .
L'article du
Chicago Tribune faisant explicitement réference au "
Grand Jeu " , et celui-ci transparaissant au travers de chacune des lignes de l'article de M. Jean Géronimo , je vous invite à lire si vous ne l'avez pas déja fait :
Le retour de Zbigniew Brzezinski ?
« Dés 1994, Washington accorde la priorité aux relations américano-ukrainiennes. Sa détermination à soutenir l’indépendance du pays est généralement perçue à Moscou – y compris par les ‘modernisateurs’ – comme une intrusion dirigée contre les intérêts vitaux de la Russie, laquelle n’a jamais abandonné l’idée de recréer un espace commun. »
Z. Brzezinski
Le Grand échiquier
(2000, p. 140
Après la crise géorgienne de l’été 2008 - centrée sur un problème nationaliste(2) - la Russie a dû affronter en janvier 2009 la crise ukrainienne, centrée sur un problème énergétique (3). Avec une hardiesse surprenante et selon une approche unilatéralement focalisée contre Moscou, restée selon eux « fidèle à l’URSS », certains ont qualifié la récente crise gazière de « nouvelle guerre froide » (4). Il s’agit, dans un premier temps, de relativiser cette analyse fondée sur des préjugés désormais caducs et percevant la Russie comme un simple « avatar de l’Union soviétique » (5). Dans l’optique de comprendre l’implicite de cette crise, on se doit d’abandonner toute lecture conjoncturelle et événementielle, privilégiant une dimension médiatique nourrie des vieux réflexes anti-communistes.
Dans une perspective plus structurelle, si on considère que la Géorgie et l’Ukraine sont des leviers potentiels de l’ingérence américaine en zone post-communiste, cette succession de crises prend une dimension stratégique, liée au vieil antagonisme russo-américain. En effet, depuis la disparition de l’Etat soviétique le 25/12/1991 (6) – et faute de contrepoids idéologique crédible – Washington tend à projeter, de manière unilatérale, sa puissance militaire et sa vision du monde à l’échelle planétaire. Cela a été clairement rappelé par R. Kagan (2006, p. 46), un des leaders du courant néo-conservateur américain : « Dans l’Histoire, la puissance militaire des Etats-Unis à l’issue de la guerre froide et, notamment, sa capacité à propulser cette puissance aux quatre coins du globe, demeurent sans précédent. » (7) Et surtout, selon l’aveu troublant de Z. Brzezinski du 30 mars 2008, l’Amérique se devait de saisir « l’opportunité du moment unipolaire » né de l’effondrement de l’Union soviétique (8).
Tendanciellement, l’Amérique a réussi à imposer ses choix stratégiques majeurs au monde, finissant par configurer un ordre international conforme à ses intérêts. De manière implacable, cette orientation stratégique post-guerre froide a été patiemment appliquée, souvent au mépris des intérêts russes : « Les Etats-Unis n'ont (jamais: jg) renoncé à aucune des leurs décisions précédentes telles que l'élargissement de l'OTAN, le redéploiement des leurs bases de l'Europe de l'Ouest vers l'Europe de l'Est, la militarisation de l'espace et de l'Arctique, ainsi que des opérations militaires hors de la zone de responsabilité de l'Alliance. De plus, Washington poursuit le dialogue stratégique avec Pékin » (9) .
Désormais, l’hyperpuissance américaine, autoproclamée seul arbitre légitime du nouvel ordre international, considère l’Eurasie comme « son » espace politique et en cela, comme son espace potentiel d’intervention : « Les Etats-Unis règnent comme superpuissance unique et l’avenir se joue sur la scène eurasiatique où ils sont pour une durée indéterminée en position d’arbitre. » (10) Cette aspiration au leadership en Eurasie post-communiste a été (paradoxalement) réactivée par le nouvel homme fort de l’administration Obama, Joe Biden, interdisant à la Russie toute ingérence politique - via la manipulation d’alliances - en périphérie post-soviétique et, en particulier, dans sa zone historique d’influence, la CEI (Communauté des Etats indépendants). Ainsi, le 9/02/2009, lors de la Conférence de sécurité à Munich, J. Biden a, avec arrogance, refusé à Moscou le droit « de décider au lieu de ses voisins à quelles alliances ils doivent adhérer. » (11) – alors que dans le même temps, Washington abuse de ce droit dans le cadre de l’Otan qui reste, selon la formule de l’ex-président B. Clinton utilisée en mars 1997, « l’image inversée du pacte de Varsovie » (12) . Inutile provocation.
Dans ce schéma, la montée de crises dans les anciennes républiques soviétiques – historiquement stratégiques – de Géorgie et d’Ukraine n’est pas fortuite. De manière globale, ces deux crises s’inscrivent dans une lutte d’influence au cœur de l’espace eurasien, entre les deux anciens ennemis de la guerre froide. En ce sens, on assisterait à une véritable partie d’échecs russo-américaine, surfant sur les crises eurasiennes et visant, in fine, à une utilisation optimale de ces dernières. Car, depuis la phase post-communiste, les Etats russe et américain n’hésitent pas à instrumentaliser les crises émergentes en vue, in fine, de les intégrer dans une stratégie de « zones d’influence ». Ainsi, face à une Amérique chancelante sur ses bases eurasiennes, l’Etat russe tend à utiliser ces crises comme levier de son retour comme grande puissance sur la scène internationale. Et pour se mieux se défendre - et par ce biais, réduire l’instabilité internationale - l’Amérique, selon Kagan (2006, p. 148), doit « rester la première puissance militaire du monde, et (…) rester assez forte pour dissuader tout autre pays de contester sa supériorité » (13). En ce sens, il y aurait une inertie comportementale dans cette confrontation latente, ressurgie des abîmes de la guerre froide, entre deux superpuissances structurellement antagonistes.
Une crise instrumentalisée : lutte d’influence
Dans son essence, cette confrontation est donc fondamentalement guidée par les intérêts géopolitiques russes et américains – ici relayés par l’Ukraine. Certes, la nouvelle orientation de la politique américaine, suite à la victoire présidentielle de B. Obama, devrait - en théorie - infléchir cette orientation. Mais - en réalité - dans un proche avenir, on peut redouter certaines dérives. Au sens où la politique démocrate risque d’être influencée par des personnalités telles que Z. Brzezinski, R. Gates et J. Biden, peu soucieuses de moralité et dont la lecture à géométrie variable des critères démocratiques a un caractère inquiétant. D’autant plus qu’ils manifestent une hostilité instinctive à l’égard de la Russie, perçue comme l’héritière politique de l’Union soviétique et, en cela, comme un « résidu » de la guerre froide (14). A ce titre, on rappellera que le tandem Brzezinski/Gates est fortement enclin à poursuivre la vieille politique de contrôle de la puissance russe, inaugurée en phase de guerre froide. Il s’agirait, en particulier, de se rapprocher de l’Iran, pays « voyou » de l’administration Bush, pour court-circuiter les relations étrangères avec la Russie et continuer la politique de déstabilisation des anciens satellites de l’URSS. Pour cette raison, il convient de revenir sur ces deux personnalités majeures l’équipe démocrate.
D’une part, Z. Brzezinski (2000, p. 141) - actuel conseiller d’Obama - est poussé par une haine viscérale envers les russes et, il est persuadé que « la Russie post-soviétique n’a accompli qu’une rupture partielle avec le passé. Ses dirigeants ‘démocratiques’, bien que conscients du passif du système, en sont eux-mêmes le produit (…). Les institutions clés du pouvoir soviétique (…) n’ont pas disparu. A Moscou, sur la place rouge, le mausolée de Lénine, toujours en place, symbolise cette résistance de l’ordre soviétique. » Cette méfiance, encore actuelle, l’a conduit très tôt à élaborer une stratégie anti-soviétique de guerre froide. Rappelons, notamment, que le mouvement des talibans est un produit direct de la ligne anti-soviétique de Brzezinski, qui a précipité l’intervention de l’armée rouge en Afghanistan en décembre 1979 – dans le but de l’enliser dans un conflit périphérique. Pour reprendre l’expression de Brzezinski, c’était alors « l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam ». Et ce dernier a fièrement précisé, le 15 mai 1998, dans le cadre d’une interview au Nouvel Observateur, que sa politique était la bonne: « Qu'est-ce qui est le plus important au regard de l'histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l'empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l'Europe centrale et la fin de la guerre froide ? » Fin janvier 2009, Brzezinski a réaffirmé que la stratégie américaine d’extension du bouclier anti-missiles ABM en Europe de l’Est dépendait « du comportement » de la Russie, admettant en cela, de manière implicite - dans la continuité de la lutte anti-soviétique - la centralité de la Russie dans la politique étrangère américaine.
D’autre part, R. Gates – secrétaire actuel à la Défense du président Obama – a longtemps reproché à la Russie, sous l’administration Bush, son « impérialisme latent » dans la pure tradition soviétique. Et, selon une ligne structurellement anti-communiste, il est à l’origine du soutien financier de l’armée contre-révolutionnaire des Contras en vue de déstabiliser le régime sandiniste de D. Ortega au Nicaragua. A l’instar de l’Etat russe, l’Etat américain a besoin d’un ennemi central et virtuel pour réguler son métabolisme en tant que « système » (15). Ainsi, au début de février 2007, Gates a déclaré que les Etats-Unis devaient « résister aux menaces auxquelles ils sont confrontés en raison (notamment : jg) des positions floues de pays tels que la Russie ou la Chine qui ne cessent d'augmenter leurs arsenaux » (16). Cette rhétorique de guerre froide sera ouvertement condamnée par le président russe regrettant, peu de temps après, que le « Mur » n’était pas tombé dans toutes les têtes. Dans son célèbre discours de Munich du 12/02/2007, centré sur l’unilatéralisme américain, V. Poutine a en effet affirmé que « les blocs de béton et les pierres du Mur de Berlin sont depuis longtemps des souvenirs. Mais il ne faut pas oublier que sa chute est devenue possible notamment grâce au choix historique de notre peuple - le peuple de Russie - en faveur de la démocratie et de la liberté, de l’ouverture et du partenariat sincère avec tous les membres de la grande famille européenne. Or, maintenant, on s’efforce de nous imposer de nouvelles lignes de démarcation et de nouveaux murs. » (17) Le plus inquiétant, aujourd’hui, est de constater le maintien de ce comportement hostile de l’élite dirigeante américaine envers son ennemi historique, la Russie.
Depuis la chute de l’URSS, un nouveau rapport de forces a émergé en zone eurasienne post-communiste, dans un premier temps au profit de l’Amérique. Jusqu’en 1991, Washington a mesuré sa puissance internationale à sa capacité à « endiguer l’expansion militaire et politique soviétique » selon l’affirmation de H. Kissinger (2004, p. 30). Cette politique « d’endiguement » (18) de l’Union soviétique théorisée par G. Kennan visait, selon Kissinger, « à faire face au conflit entre superpuissances nucléaires » (p. 30). Mais par la suite et jusqu’à aujourd’hui, de manière insidieuse, la prude Amérique de G.W. Bush a cherché, par diverses manœuvres politiques, à renforcer son autorité dans l’espace post-communiste face à une Russie avide de recouvrir son statut prestigieux de superpuissance de l’ère soviétique. Il s’agit donc de bloquer la stratégie russe de « restauration impériale » au cœur de la CEI. Pour reprendre Brzezinski (2000, p. 121), « il est indispensable qu’elle (l’Amérique : jg) contre toute tentative de restauration impériale au centre de l’Eurasie qui ferait obstacle à son objectif géostratégique numéro un : la mise sur pieds d’un vaste système euro-atlantique ».
Or, dans ses grandes lignes, la stratégie de reconquête russe semble en bonne voie, d’autant plus que désormais, elle se fait à nouveau respecter dans l’ancien espace soviétique, son pré-carré géopolitique et que in fine, elle a réussi à contrecarrer « les tentatives des Etats-Unis d'accroître leur influence dans les anciennes républiques soviétiques » (19) . En outre, ce « retour russe » est facilité par le fait que la sur-extension impériale de l’Amérique a fini par épuiser son économie et, par ce biais, remis en cause sa stratégie militaire partiellement focalisée contre Moscou (20). Cette orientation stratégique est illustrée par le projet américain d’implanter un bouclier anti-missiles dans l’Est européen (Pologne, Tchéquie) voire, à terme - envisagé par l’administration Bush - en Géorgie et en Ukraine, aux portes de la Russie. Le 7/02/2009, le vice-président des Etats-Unis, J. Biden, a confirmé cette orientation en rappelant que « Nous poursuivrons la mise en place de notre bouclier anti-missiles pour parer à d’éventuelles attaques venant du Proche-Orient (…) » (21). En ce sens, on observerait une forme d’inertie comportementale de la puissance américaine - indépendamment de la couleur politique de son administration - intégrant la Russie comme « ennemi systémique », selon l’expression judicieuse de J. Fontanel (1998, p. 6) (22) et, au-delà, comme une cible stratégique potentielle. Cette inertie stratégique justifie, dans son essence, la méfiance de S. Ivanov.
Ainsi, selon le vice-premier ministre russe, le bouclier ABM serait le « maillon d'une infrastructure stratégique visant à neutraliser le potentiel balistique nucléaire russe » (23). Dans le prolongement de l’affrontement bipolaire de la guerre froide, il s’agit donc d’une lutte de domination - par alliés interposés - mais cette fois centrée sur le contrôle du pouvoir énergétique (soft power) et qui s’est exprimée in fine, par la récente crise de trois semaines, qui a privé de gaz la moitié de l’Europe. Dans cette optique, la crise russo-ukrainienne s’inscrit dans une forme de guerre froide réactualisée et atténuée, axée sur le contrôle de l’espace eurasien : la guerre « tiède » (24). Depuis l’amorce de la transition post-communiste, Washington - selon la ligne anti-russe de Brzezinski - n’a pas hésité à manipuler certains Etats majeurs (pivots géopolitiques) de l’ancien espace soviétique, dont l’Ukraine, la Géorgie, l’Azerbaïdjan et - dans une moindre mesure - l’Ouzbékistan et le Kirghizstan (25). Or dans ces deux derniers pays, cette stratégie politique est remise en cause par le récent retour de l’influence russe - et de son aide économique et militaire – habilement « monnayée » contre l’expulsion de facto de la puissance américaine. Ce recul de Washington en Eurasie post-soviétique est, notamment, symbolisé par la perte récente de ses bases militaires (bases ouzbek de Karshi-Khanabad en 2005 et kirghize de Manas en 2009).
De manière implicite, cela montre que rien ne peut se faire dans cette partie de l’Eurasie sans « entente » avec Moscou. F. Loukianov, analyste politique, l’a parfaitement souligné : « Le Kremlin montre actuellement que pour coopérer avec les pays d’Asie centrale, il faut d’abord se mettre d’accord avec la Russie. » (26). Mais, surtout, cette évolution géopolitique menace les fondements eurasiens de la suprématie mondiale américaine. Car comme l’a rappelé Z. Brzezinski (2000, p. 250), « la longévité et la stabilité de la suprématie américaine sur le monde dépendront entièrement de la façon dont ils manipuleront ou sauront satisfaire les principaux acteurs géostratégiques présents sur l’échiquier eurasien et dont ils parviendront à gérer les pivots géopolitiques clés de cette région ». Dans ce schéma, le futur recentrage de l’effort stratégique américain sur l’Afghanistan – au détriment d’un désengagent progressif du bourbier irakien – s’inscrit dans la volonté de Brzezinski de stabiliser la domination de Washington en Asie centrale. Ce dernier a ainsi reconnu : « La fin de l’occupation (de l’Irak : jg) sera donc une opportunité pour la guerre contre Al Qaïda, mettant ainsi un terme à une aventure malheureuse qui non seulement a précipité l’apparition d’Al-Qaïda en Irak, mais a aussi détourné les États-Unis de l’Afghanistan, où la menace originelle d’Al Qaida persiste et augmente. » Et il ajoute que « mettre fin à la guerre en Irak » est une « première étape nécessaire » (27).
Dans le cadre de cette confrontation bipolaire en Eurasie post-soviétique, la Géorgie et l’Ukraine présentent un intérêt vital, en vue notamment du « reformatage stratégique » de la région. De ce point de vue, la crise gazière de janvier 2009 - élément clé d’une partie d’échecs à l’échelle du continent eurasien - est une indéniable opportunité stratégique. Mais, pour mieux la comprendre, un bref retour sur le passé s’impose.
Le poids de l’histoire : la rupture de 1991
Sur un plan historique, l’Ukraine est structurellement liée à la Russie. Dans l’inconscient politico-psychologique russe, Kiev a une place à part : elle reste un élément clé de l’identité impériale russe et de son statut de grande puissance. En ce sens, pour reprendre Brzezinski (2000, p. 151), « aucune restauration impériale, qu’elle s’appuie sur la CEI ou sur un quelconque projet eurasien, n’est possible sans l’Ukraine ». Initialement, Kiev a été son cœur politique et a tenu une place centrale dans la formation de l’Empire russe (tsariste puis soviétique). Sous la période soviétique, elle a été son « grenier à blé » dans le cadre d’une division internationale (socialiste) du travail assise sur une spécialisation productive des différentes régions de l’ex-URSS. Dans ce cadre, de forts liens politiques et économiques se sont progressivement noués renforçant, par ce biais, l’interdépendance des deux Etats. Sur un plan politique, l’Ukraine était alors une république centrale de l’URSS et avait un certain poids - via ses lobbies, relayés par certains cadres du Parti - dans l’orientation de la politique soviétique. Sur un plan économique, elle assurait - dans le cadre du plan - une forte production agricole au profit des autres républiques soviétiques et en contrepartie, bénéficiait d’une énergie à bon marché (pétrole et gaz). Dans la logique de l’économie centralement planifiée (ECP), les prix – dont ceux de l’énergie – avaient une fonction surtout politique (mais aussi comptable), dans la mesure où le plan soviétique était fondamentalement subordonné à un objectif idéologique : la construction de la société communiste (28).
Dans sa politique de Restructuration (Perestroïka), conduite de 1985 à 1991, M. Gorbatchev - dernier président de l’URSS - avait bien compris le statut stratégique de l’Ukraine et il s’était efforcé de la conserver sous influence russe. Dans la configuration réformée de l’URSS, visant à instaurer un « socialisme à visage humain » - par la suite, transformé en « économie sociale de marché » - et à renforcer la cohésion de la nouvelle Union, Gorbatchev voulait donc préserver cette centralité politique de l’Ukraine. Mais l’histoire l’a rattrapé et le processus final de décomposition de l’URSS a rendu caduc ce projet de « réforme radicale » et en cela, n’a pu préserver une Ukraine « soviétisée ».
En décembre 1991, suite au coup d’Etat militaire du 19 août, on assiste en effet à l’implosion finale de l’Union soviétique, opportunément précipitée et utilisée dans une optique de pouvoir, par B. Eltsine. Très vite, l’Ukraine a été courtisée par Washington - et donc, par l’Otan - dans le cadre d’un « partenariat pour la paix » et de la mise en œuvre de « dispositions spéciales », pour reprendre l’expression de H. Kissinger (2004, p. 52). Certes, dans un premier temps, l’Ukraine post-communiste est restée très proche de Moscou, du fait de la « culture soviétique » de ses élites dirigeantes, jusqu’à la présidence de Leonid (Danilovytch) Koutchma.
Mais la « révolution orange » va, de manière radicale, remettre en cause cette orientation.
La révolution orange : la main de Washington.
En 2004, on assiste en Ukraine à une révolution politique, soigneusement impulsée, encouragée et planifiée par l’Etat américain. On peut alors noter l’activisme politique de certaines ONG américaines et – guère surprenant – de Z. Brzezinski. Cette élection présidentielle manipulée amène au pouvoir Viktor (Andriïovytch) Iouchtchenko - partisan d’un rapprochement avec Washington - et dont la femme est une ancienne fonctionnaire du Département d'État des Etats-Unis… A l’époque, on parlait d’un danger de dictature préparé par Moscou, dans le cadre d’élections « arrangées » comme à la plus belle époque soviétique. Moscou était alors soupçonnée de vouloir reconstituer son espace impérial et, notamment, de récupérer les « républiques infidèles ». Aux yeux d’une Amérique étrangement convaincue de sa « destinée manifeste » à l’échelle planétaire, cela a justifié un droit d’ingérence politique sous prétexte de protéger les libertés et d’étendre la démocratie, comme levier d’une paix (libérale) universelle. V. Poutine a récemment dénoncé cette ingérence : « Les manifestations de rue de ces dernières années en Ukraine (Révolution orange de 2004 notamment - ndlr) résultent de l'attitude de la précédente administration américaine et de l'UE qui ont soutenu ces actions anticonstitutionnelles » (29). Sous une apparence de démocratie, une élite libérale pro-américaine est donc arrivée au pouvoir à Kiev et a adopté une politique ouvertement anti-russe axée, en dernière instance, sur l’instauration d’une économie de marché. Le divorce avec la Russie était donc définitivement consommé malgré certaines tentatives russes, sous l’impulsion de V. Poutine, de se rapprocher de l’Ukraine.
Une suite logique à cette séparation politique, soigneusement dirigée par l’élite néo-conservatrice américaine, était pour Moscou de revenir à un certain réalisme économique. Il s’agissait, notamment, de tirer les conséquences de ce revirement politique de Kiev - avide de se rapprocher de la sphère occidentale et de bénéficier de l’aide américaine aux réformes (30) - dans le cadre d’un réajustement des prix de l’énergie, dont avait jusque là allègrement bénéficié l’Ukraine à titre de « pays frère » (tarifs du gaz au moins de trois fois inférieurs à ceux du marché). Autrement dit, les bas prix énergétiques - autrefois politiquement justifiés - n’avaient plus aucune raison d’être. Car l’Ukraine était sortie de la sphère soviéto-russe et ne pouvait plus, pour cette raison, bénéficier de tarifs « amicaux », d’autant plus qu’elle pratique depuis une politique hostile et relativement provocante à l’égard de la Russie, en qui elle voit désormais – à travers V. Poutine – un « ennemi » (31), pour reprendre le terme du président géorgien Saakasvili, totalement solidaire avec son homologue ukrainien, le président Iouchtchenko. Ainsi Kiev prévoit, à terme, une adhésion à l’UE et - comme la Géorgie - à l’Otan, bras armé de l’Amérique et vestige de la guerre froide.
Dans la vision russe, l’Otan reste une alliance hostile et cette méfiance a été renforcée, très tôt, par l’attitude du sénat américain soulignant, le 4 mai 1998, que l’Otan était « avant tout et surtout une alliance militaire » dont l’existence devait empêcher « la réapparition d’une puissance hégémonique susceptible de menacer l’Europe » (32). L’ancien conseiller du président Nixon et stratège émérite de la guerre froide, H. Kissinger (2004, pp. 37-38), a réaffirmé cette instrumentalisation politique de l’Otan, soutenant notamment qu’elle demeurait « la clé de voûte de la politique étrangère américaine. Même après la disparition de la menace soviétique, l’Alliance atlantique est restée pour les Etats-Unis le principal rempart de l’ordre international. » (33) Cette fonction politique de l’Otan est d’ailleurs rappelée par R. Kagan (2006, p. 37), soulignant avec une certaine euphorie, que son élargissement à l’ancien bloc soviétique était une « consécration de la victoire de la guerre froide ».
Aujourd’hui, cette volonté politique de l’Ukraine et de la Géorgie de rejoindre une Otan américanisée a été réitérée par les élites dirigeantes – libérales – au pouvoir. D’une part, le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a déclaré, le 12/02/2009, qu'il ne voyait pas d'alternative à l'adhésion de son pays à l'Alliance de l'Atlantique Nord, soulignant que c'était un objectif à long terme : « L'adhésion à l'OTAN est un projet à long terme qui demande du temps. (…) la seule issue pour notre pays (…). Et je suis convaincu que l'Europe n'a pas, elle non plus, d'alternative. Nous sommes une partie intégrante de l'Europe, et la participation à ce système de sécurité peut être la seule politique possible pour nous. » (34) D’autre part, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili, dans le cadre de son message annuel au pays, a précisé que la Géorgie aspirait toujours à adhérer aux structures européennes et euro-atlantiques : « Nous y sommes poussés par l'existence de l'ennemi qui a occupé nos territoires et ambitionne une dislocation complète de la Géorgie. » (35) Car, précise Saakachvili, « depuis la disparition de l’Union soviétique le Kremlin tente de reconquérir des fragments de l’ex-URSS par la force (…) », tout en comparant la Russie de Poutine à « l’Allemagne nazie ou l’URSS de Staline » (!). Enfin, il souligne que le conflit russo-géorgien a permis à l’Europe de découvrir que « pour les russes, le mensonge est un mode de vie et un instrument de communication » (36) (!). Cette attitude haineuse à l’encontre de Moscou est perçue par celle ci comme un réflexe de guerre froide. Inutile gifle.
Dans ce schéma, la Russie serait considérablement fragilisée dans son proche étranger et, en particulier, à sa périphérie sud-eurasienne, déjà grevée par une forte instabilité nationaliste. Et, dans la mesure où elle perçoit une forme d’encerclement par les structures de l’Otan, elle se sent ouvertement menacée. Et cela, d’autant plus que l’extension future de l’Otan risque de concerner d’autres ex-républiques soviétiques, dans l’axe des objectifs américains. « L’élargissement de l’Europe et de l’Otan serviront les objectifs aussi bien à court terme qu’à long terme de la politique américaine » a confirmé Brzezinski (2000, p. 255). En dernière instance, cette avancée de l’Otan a conduit Moscou à rénover et renforcer son potentiel nucléaire militaire, centré - dans le prolongement du soviétisme - sur une logique de dissuasion.
Ce maintien de la dissuasion nucléaire a été confirmé par le chef de l'Etat-major général des Forces Armées de Russie, Nikolaï Makarov : « Pour l'armée russe, l'arme nucléaire reste le facteur essentiel de dissuasion, elle l'était et le reste et elle peut se perfectionner ». Le général Makarov rappelle, en outre, que « des menaces peuvent surgir que seule la menace de les utiliser (les forces nucléaires : jg) pourrait écarter. Aussi le rôle de ces forces pourrait-il croître à l'avenir » (37). Dans cet axe, en référence à une inertie stratégique soviétique, et pour reprendre le titre de notre précédent article, on peut parler du « retour de l’Atome rouge » (38). A terme, Moscou espère faire de l’OTSC (39) un réel contrepoids à l’Otan - via, notamment, la création d’une Force collective de déploiement rapide (FCDR). Sous l’ère Bush, D. Rumsfeld voyait à travers l’OTSC et surtout l’OCS, la « main de Moscou » et dénonça son « comportement inamical » ( !). Dans ses grandes lignes, l’OTSC (avec l’OCS) est considérée par Moscou comme un moyen privilégié de refouler l’avancée américaine en Asie centrale, région politiquement stratégique et riche en hydrocarbures. Et surtout, il s’agit désormais pour les Etats membres de l’OTSC et (en particulier) pour la Russie, « de mener une politique indépendante dans leur sphère d’influence, sans laisser des pays tiers s’y immiscer » (40). Une fois encore, les velléités agressives de Washington sont implicitement visées.
Pour Moscou, une conséquence logique de cette nouvelle configuration géopolitique était de réajuster son partenariat économique avec ses anciens « alliés » de la période soviétique. Autrement dit, il convenait d’appliquer les prix de marché dans le cadre des nouvelles relations russo-ukrainiennes, notamment au niveau des échanges commerciaux (dont énergétiques). Pour reprendre une source officielle russe, il s’agissait de concrétiser « le passage au mécanisme européen transparent du marché pour former le prix sur la base de la formule généralement admise » (41). Or, à l’origine, l’Ukraine a refusé toute remise en cause brutale des tarifs préférentiels, déclenchant par ce biais une crise gazière qui, in fine, s’est étendue à toute l’Europe (42).
Réaction légitime russe : l’arme énergétique.
Aujourd’hui, on peut donc comprendre l’incompréhension russe. Et Moscou se sent d’autant plus blessée, que l’Europe l’a rendue partiellement responsable du conflit gazier (43). Dans la vision russe, il s’agit d’un soutien implicite à Kiev. L’augmentation des prix du gaz est doublement justifiée sur les plans politique et économique. Il s’agit d’un réajustement légitime des prix aux structures de coût réel. Dans la nouvelle configuration géopolitique, Moscou n’a plus à subventionner une économie ukrainienne adhérant aux principes du marché sous-tendus par l’idéologie libérale. Mais il n’est pas dans son intérêt d’aggraver une crise coûteuse en termes d’image vis-à-vis de ses clients européens. En outre - contrairement aux accusations de Kiev - Moscou n’a pas intérêt à couper l’approvisionnement énergétique de l’Europe, source de devises et de financement pour son développement (44). D’autant plus que l’effondrement du prix du pétrole tend à réduire le surplus financier potentiellement disponible pour les investissements d’infrastructures et stratégiques (complexe militaro-industriel, recherche/développement, technologies de l’information, capital humain), dans l’optique finale d’intensifier la croissance économique. Par contre, l’Ukraine peut utiliser cette crise gazière - via le blocage du transit (45) - pour inciter l’Union européenne (client majeur de Moscou) à faire pression sur la Russie et l’obliger à modérer sa politique (46).
En dernière instance - conformément à la volonté de Brzezinski d’empêcher l’apparition d’une superpuissance eurasienne hostile et au-delà, de la « refouler » (47) - l’Europe et l’Amérique ont la capacité de freiner l’intégration de l’économie russe au nouvel ordre international. Or cette intégration, comme levier de son renforcement économique et de son retour comme grande puissance, est devenue une priorité vitale de la transition russe post-communiste. En effet, en tant que futur membre de l’OMC, la Russie cherche à s’insérer dans le système économique mondial dans le cadre d’une logique de marché et de respect des règles et normes économiques (48) (dont les normes de prix). Mais Washington s’est longtemps opposée à l’adhésion russe à l’OMC et, par différents moyens, l’a considérablement retardée. Ainsi le 18/09/2008, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a prévenu la Russie que son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) était « remise en cause ». Madame Rice a, à l’époque, accusé Moscou d'être « de plus en plus autoritaire dans le pays et agressive à l'étranger » (49) visant, de manière explicite, son comportement - et sa réaction « disproportionnée » - dans la crise géorgienne. Du fait de sa stratégie d’insertion internationale impliquant une restructuration économique, Moscou a un besoin énorme d’investissements. Or dans son essence, la crise mondiale actuelle menace son projet d’instaurer un modèle économique mixte, fondé sur une « troisième voie » et s’appuyant sur une identité eurasienne.
L’affaire du gaz ukrainien prend donc une indéniable dimension (géo-)politique. L’Ukraine, dans l’axe de la ligne américaine, a politiquement intérêt à pousser Moscou - déjà meurtrie par la crise géorgienne - dans ses derniers retranchements et à la faire passer pour une dictature, renouant avec ses vieux reflexes soviétiques et cherchant à imposer ses seuls intérêts nationaux, voire « impériaux ». Cette volonté impérialiste lui est ouvertement reprochée par l’élite politique de l’UE, véritable nomenklatura européenne, repliée sur ses préjugés et son confort bureaucratique. Ainsi, dans le cadre des auditions sur les relations Russie-UE à la commission des Affaires étrangères du Parlement européen à Bruxelles, le député russe K. Kossatchev a dénoncé l’idée répandue en Europe, selon laquelle « la Russie était faible et reprenait la politique impériale de l'URSS » (50). Dans la vision américaine, la Russie viserait à reprendre le contrôle de son « étranger proche » qui, selon Brzezinski (2000, p. 144) « recouvre un ensemble de considérations géopolitiques aux résonances impériales indubitables ». La rhétorique de guerre froide de « l’axe du mal » est donc de retour.
A ce titre, on rappellera qu’en 2003, la Géorgie - autre ex-république centrale de l’URSS - s’est politiquement éloignée de Moscou suite à une autre « révolution libérale » (« révolution des roses »), encore une fois fomentée par Washington. Or cette stratégie d’extension de l’espace politique américain a partiellement échoué en Asie centrale : « les Etats-Unis se sont punis eux-mêmes en essayant de faire en Asie centrale ce qu'ils ont fait en Géorgie et en Ukraine : renverser les régimes existants et y imposer des régimes pro-américains faibles et incompétents » a affirmé D. Kossyrev (51). Car l’Amérique, quel qu’en soit le coût, vise à « détacher » la sphère eurasienne post-communiste de la domination politique russe, selon une volonté jamais démentie : « Les Etats-Unis s’emploient à détacher de l’empire russe ce qu’on dénomme aujourd’hui l’étranger proche, c'est-à-dire les Etats qui, autour de la fédération de Russie, constituaient l’Union soviétique » (51).
A terme, un risque majeur de cette offensive américaine en Eurasie est de déstabiliser la CEI et notamment, le Caucase et l’Asie centrale, au sens où Moscou y joue historiquement un rôle régulateur (52). Or le contrôle de cet espace énergétique est une priorité fondamentale de Washington. Cela est clairement dit par Brzezinski (2000, p. 193) soulignant, en outre, qu’il fallait « résister aux efforts que la Russie déploie afin de garder le monopole sur cet accès (aux sources énergétiques de l’espace eurasien : jg), car il est nuisible à la stabilité de la région ». Cette rivalité énergétique en zone eurasienne post-communiste a parfaitement été anticipée par H. Kissinger (2004, p. 466), reconnaissant que « la rivalité entre Etats-Unis et Russie pour accéder aux gisements et aux réseaux de distribution de pétrole » risquait de faire obstacle à « la coordination de leurs politiques ». En renforçant leur influence en zones ukrainienne, sud-caucasienne et centre-asiatique, les Etats-Unis selon G. Minassian « ont pour ambition de contrôler les routes des hydrocarbures » (53). Dans le même temps, Washington vise – en imposant une culture libérale – à y créer une nouvelle forme de dépendance politique à son profit. Cela a été flagrant en Afghanistan : « l'Occident renforce sa pression militaire et instaure des institutions démocratiques sur le sol afghan, en imposant aux habitants autochtones des formes d'administration et de structure sociale qui leur sont étrangères » (54). Pour le bien de l’humanité, dont elle s’est autoproclamée l’avant-garde messianique, la vertueuse Amérique cherche à imposer la démocratie libérale en Eurasie post-communiste, contre les intérêts russes et selon la ligne de R. Kagan (2006, p. 239), spécifiant que Washington doit promouvoir « les principes de la démocratie libérale, non seulement comme moyen de renforcer la sécurité mais aussi comme une fin en soi. »
Dans ce cadre, il s’agit véritablement d’une lutte d’influence entre deux camps structurellement opposés, au cœur de l’Eurasie et centrée sur le contrôle des ex-républiques « stratégiques » de l’URSS. L’ingérence américaine en zone post-communiste est donc politiquement orientée et joue de manière alternative sur les variables militaire, nationaliste et énergétique. D’autant plus qu’elle se réclame, selon l’idée de R. Kagan (2006, p. 156), d’un unilatéralisme légitime : « les Etats-Unis doivent suivre les règles d’un monde hobbesien (…). Ils doivent refuser de se plier à certaines conventions internationales qui risquent de limiter leur capacité à combattre efficacement (…). Ils doivent soutenir le contrôle des armements, mais pas toujours pour eux-mêmes. Il leur faut observer une double norme, et il leur faut parfois agir unilitateralement (…) ». Tendanciellement, Washington cherche ainsi à rendre légitime son droit à la « double norme », c'est-à-dire son droit à manipuler les règles et institutions internationales dans l’optique d’imposer « sa » politique extérieure. Sur long terme, cette politique d’ingérence s’inscrit dans la stratégie de « roll back » (reflux) de la puissance russe prônée par le stratège américain Z. Brzezinski et visant à comprimer cette dernière au cœur de son espace historique (55). Ultime provocation.
La ligne Brzezinski : au cœur du Grand échiquier eurasien…
Jusqu’à aujourd’hui - et l’élection de B. Obama - l’Amérique de Bush sous la férule théorique de Z. Brzezinski, a cherché à prendre le contrôle de l’Eurasie, cœur stratégique du monde et en cela, elle s’oppose au retour russe dans l’espace post-soviétique. Cela a été reconnu sans ambiguïté par Brzezinski (2000, p. 249), enclin à définir une géostratégie globale à l’échelle de l’Eurasie et qui, paradoxalement - si on admet l’influence déterminante de Brzezinski - pourrait être mise en œuvre par la politique démocrate : « L’heure est venue pour les Etats-Unis de formuler et de mettre en place une géostratégie d’ensemble à long terme concernant l’Eurasie. » Mais, de manière plus générale, elle s’oppose aussi à l’émergence d’une puissance majeure en Eurasie post-communiste, comme l’a précisé Z. Brzezinski (2000, p. 193) : « Le principal intérêt de l’Amérique est (…) de s’assurer qu’aucune puissance unique ne prenne le contrôle de cet espace géopolitique et que la communauté mondiale puisse y jouir d’un accès économique et financier illimité ».
Car la Russie fait - à nouveau - peur et elle cherche, à terme, à travers la CEI, à restructurer une zone sécuritaire et économique politiquement stable, dans la continuité du glacis protecteur de l’ère soviétique (56). Et elle fait d’autant plus peur qu’elle reste une superpuissance nucléaire - perçue comme la digne héritière de l’Etat communiste - et n’hésitant pas à s’opposer aux intérêts stratégiques américains (57). Désormais, elle a recentré sa politique étrangère sur la défense de ses intérêts nationaux - élargis à la CEI - selon l’axe défini par le président Medvedev et repris par le ministre des Affaires étrangères, S. Lavrov : « Nous avons l'intention de poursuivre la politique étrangère active et constructive fondée sur le pragmatisme, l'ouverture et la promotion ferme mais sans confrontation des intérêts nationaux » (58). Tout en s’inscrivant dans l’ancienne ligne soviétique Gorbatchev/Primakov, la politique extérieure russe vise l’instauration d’un ordre mondial multipolaire fondé, selon l’expression du premier ministre, V. Poutine, sur « un mécanisme de consensus collectif dans le cadre du droit international. » Pour reprendre l’expression pertinente de Lavrov, il s’agit de jeter les bases d’un véritable « polycentrisme politique » (59), désormais rendu possible par l’orientation politique d’Obama – inversement à l’impérialisme militaire de Bush. Dans cette optique, Poutine a rappelé, le 29/01/2009, « que le penchant excessif pour la force lors du règlement des problèmes et le mépris des normes du droit international sont destructifs pour les relations internationales ». Dans le prolongement de son discours de Munich de février 2007 - véritable harangue anti-impérialiste - Poutine a affirmé que les « questions clés de la vie internationale » ne devaient pas être résolues « sur la bases de décisions unilatérales adoptées dans un centre unique » (60).
Mais ce faisant, Moscou freine la stratégie d’expansion américaine dans l’espace post-communiste qui vise à fragiliser, voire à déstabiliser la CEI, dans l’optique d’y réduire l’autorité russe et par ce biais, y inverser les rapports de force (61). Pour cette raison, la composante géopolitique du conflit gazier continuera d’être instrumentalisée par les deux anciennes superpuissances de la guerre froide, en vue de renforcer leurs positions en Eurasie. Certes, la nouvelle orientation de la politique démocrate américaine va certainement atténuer cette conflictualité structurelle et quasi instinctive. Mais, sur longue période, le prix du gaz russe conservera une fonction politique indéniable, justifiant son utilisation comme « arme stratégique ».
Dans la mesure où ses adversaires ne reculent devant rien et ont une pratique de tricherie systématique, Moscou aurait objectivement tort de se priver d’une telle arme. D’autant plus que Z. Brzezinski est de retour, au cœur de la politique américaine – et que J. Biden vient de confirmer, dans le prolongement de la ligne Bush, son soutien total à Kiev, en vue « d’épauler la progression de la démocratie en Ukraine »(62). Les américains, pour reprendre la prophétie de G.F. Kennan (1947), doivent accepter les « responsabilités du leadership moral et politique, dont l’Histoire voulait tout simplement les charger » (63). Les leçons de l’histoire n’ont pas été retenues. Sur le grand Echiquier eurasien, désormais, tous les coups sont permis…
Grenoble le 20/02/2009.
Jean Géronimo est Docteur en Economie, Spécialiste de l’Economie centralement planifiée, de la Russie soviétique et post-soviétique. Mail : mailto:Jean.Geronimo@upmf-grenoble.fr
1 - La stratégie eurasienne de l’Amérique est décrite dans 2 ouvrages majeurs de Brzezinski. Voir donc Brzezinski Z. (2000) : Le grand échiquier – L’Amérique et le reste du monde, éd. Hachette (1° éd. : Bayard, 1997) et Brzezinski Z. (2004) : Le Vrai Choix, éd. Odile Jacob.
2 -Suite à la provocation militaire géorgienne du 8/08/2008 - intervention meurtrière de Kiev dans la république sécessionniste d’Ossétie du sud - la Russie a été contrainte d’intervenir, pour (notamment) protéger ses ressortissants nationaux. Cette crise a débouché sur la double indépendance autoproclamée de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud, le 28 aout 2008, très vite reconnue par Moscou. Aujourd’hui, le Caucase est devenu particulièrement instable, d’autant plus que l’Amérique de Bush l’a utilisé pour comprimer la puissance russe. Le président de l’Ossétie du Nord, Taïmouraz Mamsourov, a ainsi affirmé : « Nous ne nous faisons pas d’illusions, et sommes conscients que le Caucase est la première cible de ceux qui essayent de faire désintégrer la Russie et d’y semer le chaos ». www.rian.ru.fr, « Caucase russe : les présidents nord-ossète et ingouche prônent la stabilité », 22/01/2009.
3 - Moscou a coupé le 1° janvier 2009 l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine, faute d’un accord sur les prix pour 2009 et sur des arriérés de paiement. Par la suite, le 7/11/2009, Moscou a été obligée de suspendre ses livraisons de gaz via l’Ukraine, accusant celle-ci de « voler » une partie du gaz russe transitant sur son territoire vers le reste de l’Europe. En effet, un contrôle du groupe gazier Gazprom a établi que les ukrainiens siphonnaient le gaz destiné à l’Europe (au moins 86 millions de mètres cubes détournés depuis le début de l’année). Le 11/01/2009, les pertes de Gazprom, consécutives à l’arrêt du transit du gaz russe sur le territoire ukrainien, s’élevaient selon V. Poutine à 800 millions de dollars. www.rian.ru.fr, « Arrêt du transit du gaz via l’Ukraine : Gazprom perd 800 M USD », 11/01/2009. Le 14/01/2009, selon I. Setchine, vice-premier ministre russe, les pertes de Gazprom étaient de 1,2 milliards de dollars et les pertes de recettes d’exportations, de 1,1 milliards de dollars. www.rian.ru.fr, « Rencontre quadripartite à Moscou : Medvedev propose un sommet », 14/01/2009. Au 22/01/2009, après la reprise du transit (20/01) les pertes directes de Gazprom dépassaient les 2 milliards de dollars !
4 - « La guerre du gaz, nouvelle guerre froide », I. Kadare, Le Monde, 4/02/2009.
5 - www.LExpress.fr, « Pourquoi la Russie nous menace », P. Sylvaine/A. Chevelkina, 22/08/2008.
6 - Date de la démission de M. Gorbatchev de la présidence de l’URSS.
7 - Kagan R. (2006) : « La puissance et la faiblesse », suivi de « Le revers de la puissance », éd. Hachette littératures.
8 - « Comment sortir intelligemment de cette folle guerre ? », Z. Brzezinski, Washington Post, 30/03/2008.
9 - www.rian.ru.fr, « Les USA renoncent à l’ABM et Moscou raisonne Téhéran: piège ou marché honnête », (Vremia novosteï), 16/02/2009.
10 - Brzezinski (2000, p. 21).
11 - www.rian.ru.fr, « Munich : Biden et Ivanov s’offrent une partie de poker diplomatique » (Moskovski komsomlets), 9/02/2009.
12 - Cité par Kissinger (2004, p. 52).
13 -Cette contrainte de domination, d’après Kagan (2006, pp. 148-149), serait l’expression « d’un principe tacite de la planification stratégique de l’Amérique, sinon de son budget de défense et de son potentiel militaire, depuis la fin de la guerre froide ».
14 - Z. Brzezinski - ancien conseiller à la sécurité des présidents Carter et Bush (père) - est le promoteur d’une ligne anti-russe depuis la guerre froide, qui s’inscrit dans une stratégie globale visant à empêcher l’émergence d’une puissance majeure et hostile en Eurasie, potentiellement menaçante pour le leadership américain. Aujourd’hui, il espère un désengagement militaire de la puissance américaine en Irak pour renforcer sa présence en Asie centrale et en Afghanistan. En 2007, il a qualifié la guerre menée par Bush en Irak, de « calamité historique, stratégique et morale ». R. Gates - ancien directeur de la CIA et secrétaire à la Défense de Bush - est d’une part, lié au scandale de l’Irangate portant sur les ventes d’armes à l’Iran pour financer la guérilla des Contras au Nicaragua et d’autre part, à l’origine d’une stratégie de renforcement militaire américain en Irak. Il prône, encore aujourd’hui, le maintien d’une politique interventionniste en Irak. De plus, dans les années 80, il a volontairement déformé des informations émanant des renseignements pour renforcer la politique anti-soviétique de R. Reagan. J. Biden - vice-président d’Obama - a soutenu M. Saakachvili contre Moscou lors de la crise géorgienne de l’été 2008. Il est à l’origine d’une aide économique et financière considérable en faveur de Saakachvili - dont le financement du budget géorgien - pour renforcer son régime. Un tel soutien s’inscrit dans une longue tradition américaine d’ingérence politique en zones eurasienne et sud-américaine. Enfin, Biden est partisan de l’extension du système anti-missiles américain à l’Est européen, perçu par Moscou comme un menace…
15 - Au sens de la théorie des systèmes - voir donc, Bertalanffy L.V. (1978) : « Théorie Générale des Systèmes », Dunod. Sur le thème de l’auto-régulation des systèmes, voir Mélèse J. (1979) : « Approches systémiques des organisations : vers l’entreprise à complexité humaine », éd. Hommes et Techniques.
16 - www.rian.ru.fr, « A Munich, Poutine sème le désarroi » (Vedomosti), 12/02/2007.
17 - Discours à la Conférence de Munich sur la sécurité », V. Poutine, 10/02/2007. www.voltairenet.org/article145320.html.
18 -En juin 1947, dans un article « The Sources of Soviet Conduct », Kennan note la détermination de Staline à internationaliser la révolution communiste. Afin de contenir l’expansionnisme soviétique, il prône une politique d’endiguement connue comme doctrine Truman.
19 - www.rian.ru.fr, « Afghanistan : l’Occident dans le sillage de l’ex-URSS », I. Kramnik, 16/02/2009.
20 - On peut donc prévoir une réduction du budget militaire américain. Le futur premier secrétaire adjoint à la Défense, William Lynn, a récemment déclaré que le budget actuel du Pentagone (180 milliards de dollars par an !) était excessif. Sur la thèse de « sur-extension impériale » de la puissance américaine, voir P. Kennedy (1988) : « The Rise an Fall of Great Powers », Fontana Press.
21 - www.rian.ru.fr, « ABM en Europe : les Etats-Unis demanderont l’avis de la Russie », J. Biden, 7/02/2009.
22 - Fontanel J. (1998) : « L’économie russe, ou la transition douloureuse » in « L’avenir de l’économie russe en question », PUG (sous la direction de).
23 - www.rian.ru.fr, « ABM américain en Europe : le potentiel nucléaire russe visé », S. Ivanov, 6/02/2009.
24 - Sur ce thème, voir notre précédent article sur le site www.geostrategie.com « Le retour de l’Atome rouge, amorce d’une guerre tiède ? », repris dans la revue Eurasia n° 4.
25 - Par la suite, l’Ouzbékistan et le Kirghizstan se sont éloignés de la tutelle américaine, en remettant en cause la politique et la présence américaine (via la fermeture de ses bases militaires). Dans ce schéma, l’initiative PPTE (pour les Pays Pauvres et Très Endettés) est, pour Washington un moyen d’imposer une politique libérale au Kirghizstan permettant, par ce biais, d’accroître son influence dans l’espace post-soviétique. Sur ce thème, voir Géronimo J (2007) : « Les leviers d’une stratégie anti-russe », Revue trimestrielle Nouvelle Fondation, n° 6, pp. 130-133 ou www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=NF&ID_NUMPUBLIE=NF_006&ID_ARTICLE=NF_006_0130. Version russe: Revue d’Etat Obshestevennyi Reitin’, Bichkek, Kirghizistan (19/04/2007). www.pr.kg/or/detail.php?id=33.
26 - www.rian.ru.fr, « Afghanistan : Moscou tente d’acculer Washington à la coopération en Asie centrale » (Gazeta.ru/Kommersant), 5/02/2009.
27 – « Comment sortir intelligemment de cette folle guerre ? », Z. Brzezinski, Washington Post, 30/03/2008.
28 - Sur cette fonction politique des prix en ECP, voir notre thèse. Géronimo J. (1998) : « Légitimité et rôle du Parti communiste dans la régulation du système économique soviétique », Thèse de doctorat en Economie Appliquée, UPMF Grenoble 2.
29 - www.rian.ru.fr, « Poutine salue les signaux provenant de l’administration Obama », 26/01/2009.
30 - Un autre objectif sous-jacent était d’obtenir la protection militaire de Washington pour s’émanciper définitivement de la tutelle russe.
31 - www.rian.ru.fr, « Saakachvili qualifie Poutine d’ennemi de la Géorgie », 23/01/2009.
32 – « Protocoles du traité de l’Atlantique Nord de 1949 sur l’accession de la Pologne et de la République tchèque », 4/05/1998, section 3, Congressional Record (Sénat), pp. S4217-4220 – cité par H. Kissinger (2004, p. 53).
33 - Kissinger H. (2004) : « La Nouvelle Puissance Américaine », Fayard, le Livre de Poche.
34 - www.rian.ru.fr, « Ukraine : pas d’alternative à l’adhésion à l’Otan », V. Iouchtchenko, 12/02/2009.
35 - www.rian.ru.fr, « L’Abkhazie et l’Ossétie du Sud réintégreront la Géorgie », M. Saakachvili, 12/02/2009.
36 - www.express.fr, « Poutine ne s’arrêtera pas là », M. Saakachvili, 1/09/2008.
37 - www.rian.ru.fr, « L’arme nucléaire : facteur essentiel de dissuasion », Etat major général russe, 9/02/2009.
38 - www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=765, « Le retour de l’Atome rouge : amorce d’une guerre tiède ? », Revue Regard sur l’Est, 30/092007.
39 - On rappellera : OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective) et OCS (Organisation de coopération de Shanghai).
40 - www.rian.ru.fr, « OTSC : Moscou consolide son pré carré en Asie centrale », I. Kramnik, 06/02/2009.
41 - www.rian.ru.fr, « Gaz : Kiev et Moscou ont convenu de ne pas lier le transit et les livraisons en Ukraine », 18/01/2009.
42 - Depuis le 20/01/2009, suite au compromis entre V. Poutine et I. Timochenko, le transit énergétique a pu reprendre son cours normal. Lors des négociations à Moscou dans la nuit du samedi 17 janvier entre les premiers ministre russe et ukrainien, une entente sur le prix du gaz pour l’Ukraine et sur le tarif du transit a été enregistrée. Il a été notamment convenu qu’en 2009, un rabais de 20% sera accordé à Kiev pour le gaz russe - sous condition du maintien des tarifs de 2008 pour son transit à travers le territoire ukrainien. www.rian.ru.fr, « Gaz: Timochenko attendue lundi à Moscou », 19/01/2009.
43 - M. Grouchko, vice-ministre russe des affaires étrangères a exprimé « sa perplexité face à certaines évaluations » de la présidence de la Commission européenne, à l’occasion de la crise gazière, « provoquée par le sabotage par Kiev de ses engagements en matière de transit ». www.rian.ru.fr, « Crise gazière : Moscou perplexe face aux déclarations de l’UE », 22/01/2009.
44 - Au total, la Russie fournit 40% du gaz importé de l’UE, dont 80% transitent par l’Ukraine. D’où la possibilité pour cette dernière de menacer Moscou au moyen de manœuvres douteuses et de contraindre sa politique de prix énergétiques. Comme l’a confirmé V. Poutine, l’Ukraine « souhaite parasiter sur le transit de gaz (…) ». www.rian.ru.fr, « L’Ukraine veut parasiter sur le transit de gaz vers l’Europe », 11/01/2009. « Cette situation, lorsqu’un pays exige de lui accorder tout gratuitement ou trois fois moins cher qu’à d’autres, menaçant de couper le transit de gaz vers l’Europe qui, nous promet-il encore, pèsera sur nous pour exiger de le rétablir - cette situation n’est plus tolérable », a estimé le 16/01/2009, le chef du gouvernement russe. www.rian.ru.fr, « Conflit gazier: V. Poutine critique l’UE pour son approche égale envers la Russie et l’Ukraine », 16/01/2009.
45 - Refusant les nouveaux prix de Gazprom, Kiev avait objectivement intérêt à freiner le transit gazier vers l’Europe, dans le but de faire ac
cuser Moscou. 46 - Kiev n’a pas hésité à bloquer l’approvisionnement gazier de l’Europe et à prendre celle-ci en otage, conduisant fort justement V. Poutine à dénoncer le 12/01/2009 le « blocus gazier » de l’Ukraine. www.rian.ru.fr, « Poutine dénonce le blocus gazier mené par Kiev contre l’Europe », 12/01/2009. Un peu plus tard, le premier ministre a confirmé que « aucun des pays de transit n’est en droit d’abuser de sa situation ni de spéculer sur celle-ci, pour prendre en otages les consommateurs en Europe ». www.rian.ru.fr, « Rencontre quadripartite à Moscou : Medvedev propose un sommet », 14/01/2009. 47 - Brzezinski (2000, p. 19) a ainsi déclaré : « La partie qui se joue dans le pourtour de la Russie n’est plus l’endiguement de la guerre froide, mais le refoulement (roll back ) ». 48 - Le chef de la diplomatie russe, S. Lavrov, a ainsi déclaré que « la Russie mène aujourd’hui une politique extérieure exempte de confrontation, compréhensible, basée sur des intérêts clairs et légitimes et sur la base du droit international et sur les règles de l’économie du marché ». www.rian.ru.fr, « La plupart des pays occidentaux rejettent une confrontation avec la Russie », S. Lavrov, 16/01/2009. 49 - Rappelons qu’un seul pays (principe du droit de véto) peut empêcher l’adhésion russe à l’OMC. http://archives.lesechos.fr/archives/2008/lesechos.fr/09/18/300294165.htm. 49 - www.rian.ru.fr, « La Russie incomprise par l’Europe », K. Kossatchev, 12/02/2009. 50 - www.rian.ru.fr, « Nos amis d’Asie centrale », D. Kossyrev, 26/01/2009. 51 - Brzezinski (2000, pp. 18-19). 52 - Le président ouzbèk Islam Karimov a ainsi affirmé, à propos du rôle stabilisateur de Moscou en Asie centrale : « Le monde change très vite (...). La Russie est un pays qui a toujours été présent dans cette région, elle a déterminé la politique et l'équilibre des forces ». www.rian.ru.fr, « Medvedev en Ouzbékistan : un signal fort », 23/01/2009. 53 - www.LExpress.fr, « Russie-Géorgie : les enjeux du conflit en 7 points », G. Minassian, 22/08/2008. 54 - www.rian.ru.fr, « Afghanistan : l’Occident dans le sillage de l’ex-URSS », I. Kramnik, 16/02/2009. 55 - De ce pont de vue, suite aux « révolutions colorées », le double contrôle de la Géorgie et de l’Ukraine s’inscrit dans la ligne Brzezinski de déstabilisation, d’encerclement et de compression de l’influence russe dans son espace historique. Brzezinski considère l’Ukraine comme un pivot géopolitique central de sa stratégie de « roll back ». 56 - Dans cet axe, Moscou a renforcé sa sécurité politico-stratégique à travers la création de l’OTSC et de l’OCS. L’OCS est une organisation régionale regroupant 6 Etats : la Russie, la Chine, le Kazakhstan, la Kirghizie, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle a été crée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents des six pays eurasiatiques. L'OTSC est une organisation militaire regroupant sept Etats - Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Russie et Ouzbékistan - soit près de 70% du territoire de l'ex-URSS. Elle a été crée le 25 mai 2001. 57 - Elle s’oppose notamment au projet américain d’implanter un bouclier anti-missiles (ABM) en Europe de l’Est (Tchéquie et Pologne) dont, à juste titre, elle estime être une cible potentielle. Sous G.W. Bush, il aurait même été question d’étendre le bouclier ABM à certaines ex-républiques soviétiques… 58 - www.rian.ru.fr, « Le conflit osséto-géorgien a brisé le mythe d'un monde unipolaire », S. Lavrov , 1/02/2009. 59 - www.rian.ru.fr, « Moscou espère qu’Obama optera pour le polycentrisme politique », S. Lavrov, 12/02/2009. 60 - www.rian.ru.fr, « Davos : la Russie souhaite que les USA renoncent à leur unilatéralisme », V. Poutine, 29/01/2009. 61 – « Ce qui entrave le développement de la coopération dans cet espace - ce sont les conflits qui perdurent, et nous devons nous efforcer de les régler en utilisant les mécanismes de paix et les négociations, ainsi que les tentatives de diviser l'espace de la CEI et d'y semer la discorde politique et militaire », a souligné S. Lavrov, ajoutant qu'il ne fallait pas utiliser les pays de la CEI comme otages de projets géopolitiques. www.rian.ru.fr, « La Russie luttera contre les tentatives de division de la CEI », S. Lavrov, 16/01/2009. 62 - www.rian.ru.fr, « La nouvelle administration US soutiendra l’Ukraine », I. Timochenko, 11/02/2009. 63 - G.F. Kennan (1947) : « The Sources of Soviet Conduct », article, Foreign Affair, juillet 1947. |