Publié le 19 Juillet 2009
Les émeutes interethniques qui ont fait 197 morts début juillet à Urumqi, la capitale du Xinjiang, ont été planifiées et coordonnées, rapporte le Quotidien du peuple.
Citant des témoins et évoquant des images saisies par des caméras de surveillance, le journal officiel explique que les organisateurs des émeutes ont orchestré une cinquantaine de foyers d'insurrection à travers la ville, y compris à proximité de commissariats de police et des bâtiments gouvernementaux .
Des émeutiers auraient même été conduits en groupe sur certains sites.
Dans les jours précédant les émeutes, le journal affirme que les ventes de longs couteaux, certains ayant été utilisés lors des violences, ont "sensiblement" augmenté.
Par ailleurs, eu égard à la facilité avec laquelle les insurgés ont incendié de nombreux véhicules, le journal, citant des experts, évoque une "forte possibilité" que ce type de méthodes aient été étudiées en amont.
Le Quotidien du Peuple, voix officielle du Parti communiste chinois, note aussi la présence de leaders présumés tous habillés de la même façon, parmi lesquelles figuraient des femmes voilées en noir de la tête au pied qui passaient des ordres aux émeutiers.
"Des femmes de ce genre ont été vues à de nombreuses reprises en des endroits différents par les caméras de surveillance", écrit le journal.
Avec Maria Golovnina à Almaty, version française Clément Dossin
RASSEMBLEMENT À ALMATY
Samedi, le gouverneur du Xinjiang, Nuer Baikeli, a déclaré à un petit groupe de médias, dont Reuters, que les émeutes visaient à provoquer la scission du Xinjiang d'avec la Chine .
Les thèses de la préméditation et de la scission ont été démenties par les séparatistes ouïgours. Selon eux, les émeutes du 5 juillet ont été provoquées par l'interruption par la police d'une manifestation de protestation contre la mort de deux ouvriers ouïgours agressés par des collègues hans dans une usine du sud de la Chine.
Dans une rare reconnaissance de la responsabilité des forces de l'ordre chinoises dans la mort de manifestants, Nuer Baikeli, a reconnu que 12 Ouïgours avaient été tués par la police lors des affrontements après avoir ignoré des tirs de sommation.
Mais, a-t-il précisé, les policiers ont fait preuve à cette occasion de "la plus grande retenue".
Par ailleurs, quelque 5.000 Ouïgours se sont réunis dimanche à Almaty, la capitale du Kazakhstan, pour protester contre la répression de leur peuple au Xinjiang.
"Liberté pour l'Ouïgourstan", ont clamé les manifestants réunis dans une salle de la ville après avoir observé une minute de silence en hommage aux victimes.
Le Xinjiang est le "pays des Ouïgours", peuple musulman turcophone lié à l'Asie centrale qui représente aujourd'hui un peu moins de la moitié des 20 millions d'habitants de la région.
C'était la plus importante manifestation de solidarité dans les anciennes républiques soviétiques, où vivent quelque 500.000 Ouïghours, depuis le 5 juillet et les émeutes à Urumqi, qui auraient fait près de 200 morts, selon Pékin.
La plus grande partie de la diaspora ouïghoure d'Asie centrale descend des réfugiés ayant fui le Xinjiang pendant la conquête chinoise de la région, dans les années 1870.
Les Ouïghours sont environ 300.000 au Kazakhstan, ce qui en fait la population la plus importante hors de Chine . Cette communauté avait jusqu'ici hésité à manifester, craignant une répression similaire de la part des autorités kazakhes.
Des bus avaient été affrétés pour amener les manifestants des quatre coins de l'immense Kazakhstan jusqu'à Almaty, où nombre d'entre eux brandissaient des drapeaux bleu pâle, couleur de la république séparatiste ouïghoure du Turkestan oriental qui exista brièvement en Chine dans les années 1930. Les manifestants se réjouissaient également d'une première "historique", les autorités kazakhes ayant autorisé la manifestation pour la première fois.
Des milliers de personnes ont manifesté à Istanbul, en Turquie solidaire des souffrances de cette ethnie turcophone et musulmane. AP
Note de l'Editeur :La deuxième partie de l'article de l'AP présente une erreur . Les territoires Russes d'Asie Centrale ont toujours été isolés du Sing Kiang Chinois . En 1870 , le Kazakhstan existait déja en tant qu'entité administrative séparée du " Turkestan Russe " ( Turkestanskyi-Kraï ) et les Khanats non soumis à l'autorité Russe formaient un cordon sanitaire étanche . Les principaux flux migratoires du Sing Kiang vers les " -stans " ont commencé en 1991 avec l'implosion de l'URSS .
Voir le site Wikipedia ( tres complet ) sur le Turkestan Russe .
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