Publié le 31 Janvier 2010
Le 4 janvier dernier la ministre de la défense Norvégienne Grete Faremo a présenté ses vœux du nouvel an devant l’Oslo Military Society . [ 1 ]
Mme la Ministre a tout d’abord exprimé son intention de poursuivre la politique de défense de son prédécesseur puis a consacré un long chapitre au renouvellement du concept stratégique de l’OTAN.
Une partie importante de son discours a été consacrée à l’arctique et au rôle de l’Alliance dans cette région ainsi qu’au réarmement Norvègien .
Dans un premier temps, Mme Grete Faremo rappelle les enjeux de l’arctique à l’aune des changements climatiques : Ouverture de nouvelles routes maritimes, possibilités d’exploitation pétrolière sur le plateau continental, possibilités liées à l’exploitation des ressources halieutiques.
Si elle reconnaît que sont là des questions concernant d’abord des organismes civils, elle se fait aussitôt l’avocate de la thèse Otanienne qui consiste à s’ingérer dans la région et de « militariser » ces questions d’environnement et d’assistance aux personnes et aux biens.
Elle estime que le rôle de l’alliance dans la région est « naturel »
Prenant prétexte de l’augmentation du nombre de missions et de l’augmentation de la zone d’opérations des patrouilles de la garde côtière, elle justifie la militarisation future de ces activités, voir une délégation à des forces placées sous commandement OTAN.
La présence accrue des composantes terrestres , aériennes et maritimes des forces de l’Alliance est aussi justifiée par l’étendue du théatre d’opérations .
Bien sûr , jamais un renforcement possible des moyens civils pouvant assurer ces missions n’est évoqué .
Même si elle ne souhaite pas un retour de l’Alliance dans la région avec un potentiel comparable à l’époque de la Guerre Froide , Mme Faremo n’en souhaite pas moins une multiplication des exercices de l’Alliance dans la région [ aux frontières de la Russie comme les exercices COLD RESPONSE – NDLR ] et à une coopération renforcée entre le nouveau centre de commandement des forces armées Norvègiennes situé à Bodø et les structures de l’OTAN .
Elle espère que ces exercices et le prétexte humanitaro-environnementaliste utilisé par l’OTAN vont renforcer la coopération régionale avec la Russie .
Une manière de justifier et de faire avaliser aux yeux de la Russie cette présence militaire croissante .
Concernant la Russie dont elle souligne la différence avec l’URSS , Mme Grete Faremo constate que son renforcement stabilise le pays et la région et fait entrer l’ensemùble dans une « normalité géopolitique » . Ce n’est pas la première fois que les chefs politiques et militaires Norvègiens insistent que le renforcement de la Russie a un effet stabilisateur . [ 2 ]
La ministre souligne la nécessité de maintenir le dialogue avec la Russie et se réjouit de la reprise des négociations en matière de sécurité entre la Russie et les Etats-Unis .
Même si elle prône un renforcement des relations , y compris sur le plan militaire , avec la Russie , Mme Grete Faremo reconnaît que la situation dans l’arctique peut évoluer vers des conflits d’interêts , on ne peut s’empêcher de penser ici aux peroblèmes de délimitation du plateau continental arctique dans la Mer de Barents , la présence Russe au Spitzberg ou à la guerre larvée que se livrent chalutiers et gardes-côtes Russes et Norvègiens ..
Elle invoque aussi le pretexte souvent mis en avant par le gouvernement Canadien de l’exercice de la souveraineté pour justifier une présence militaire accrue dans la règion et le réarmement de la Norvège .
Une autre partie importante du discours de Mme Grete Faremo concerne le réarmement de la Norvège .
C’est un exercice de style souvent difficile car il doit satisfaire à deux objectifs différents : Montrer aux militaires que l’état fait le maximum pour les doter d’un équipement moderne tout en évitant de s’attirer les critiques d’autres états qui pourraient dénoncer cette course aux armements .
Lorsque l'on fait partie de l'OTAN , il faut montrer en sus à l'alliance que le " fardeau " de la défense est partagé au travers d'un maintien ou d'une augmentation du buget de la défense , que les priorités dans l'armement sont donnés à l'interopérabilité et que celui est determiné à l'aune non seulement des priorités de défenses nationales mais aussi de la startégie et des menaces identifiées par l'Alliance : Les contribuables Norvègiens apprécieront !
Le réarmement des forces armées Norvégiennes a souvent été évoqué et dénoncé dans ce blogue [ 3 ] et le discours de Mme Grete Faremo vient confirmer son ampleur puisqu’elle veut doter la Norvège des forces armées les plus puissantes d’Europe :
“Therefore we must not lose sight of the objective. Possession of Europe’s most modern defence forces is now within reach”.
Ce réarmement est justifié par l’interventionnisme accru de la Norvège , dans le cadre de missions OTAN , depuis le Tchad jusqu’ à l’Afghanistan .
Le Père-Noël qui comme tout le monde le sait a ses pénates dans l’arctique , quelque part sur la frontière Finlando-Norvègienne , n’ a pas oublié les rangers fourrés des biffins , aviateurs et marins Norvègiens . Citons , pêle-même , de nouvelles frègates , le JSF–35 , un nouveau sytstème d’artillerie , …..
Le passage concernant les hélicoptères est à souligner car pour assurer ses missions en Afghanistan la Norvège a du dégarnir son secteur septentrional , plus particulièrement dans les missions de surveillance de la frontière Russo-Norvègienne .
Ce réarmement se justifie aussi selon la nouvelle politique septentrionale de la Norvège qui donc sera essentiellement sécuritaire . : « There is thus a close linkage between the Government’s Northern Area strategy and the development of the Armed Forces. »
On croyait jusqu’ à présent qu’il s’agissait de développement socio-économique , nous voilà donc rassuré !
Concernant la coopération dans le domaine de l'armement elle passe sous-silence la collaboration avec la Suéde , un des piliers de la Doctrine Stoltenberg , et pour cause : La Norvége a choisi le JSF-35 pour l'équipement de son armée de l'air en lieu et place du Gripen Suédois .
De la même manière ,parmis les succés à l'exopration de l'industrie d'armement Norvègienne , il faut signaler la vente du NSM ( Naval Strike Missile ) à la Pologne qui va en équiper sa future base sur la Baltique , contribuant ainsi à l'augmentation des risques de dérapages militaires dans cette région .[ 4 ]
Maintenant passons à ces choses que l’on se doit de dire mais qu’on aimerait passer sous silence sur la scène internationale sous peine d’être taxé de bellicisme :
- Mme Grete Faremo reconnaît que le potentiel des forces armées Norvégiennes n’a jamais été aussi élevé depuis 2005 :
“ The reduction in numbers began towards the middle of this decade. Since 2005 the Armed Forces have in fact grown in size. Year on year. “
- Le budget des forces armées est en augmentation :
“ In a Europe where defence budgets in some countries are being cut by as much as 30 percent, Norway is in a situation where real growth in the defence budget is possible. We are pressing on with the continuing development of our Armed Forces.”
Fait intéressant : L’un des faits intéressant que révèle ce discours est l’existence de syndromes de stress chez les militaires Norvègiens de retour d’OPEX , principalement d’Afghanistan , et la nécessité de renforcer le traitement de ceux-ci :” But we also know that many find it hard to live with what they have experienced in operations abroad. This government has strengthened substantially the aftercare available to those returning from such operations. This work was initiated through the Long-Term Plan for the Armed Forces and was followed up in a Report to the Storting [ Parlement Norvégien – NDLR ] last year. The report was entitled “From national serviceman to veteran – about taking care of personnel before, during and after participation in operations abroad”
Liens :
[ 1 ] Capable and ready for action – Norway’s armed forces 2010
Articles associés :
[ 2 ]Russie : Exercitus sanus in nation sana
[ 3 ]La Norvège et le Danemark renforcent leur potentiel militaire dans l'arctique .
[ 4 ]La Pologne se dotera d'une base sur la Baltique .