Publié le 3 Novembre 2010

Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le 29 octobre 2010, le premier grand navire de combat russe élaboré, conçu et mis à l’eau depuis l’effondrement de l’URSS, la frégate Admiral Gorchkov, emblème de la Marine de guerre russe, du nouveau projet 22350, a été mis à l’eau.

Le programme de construction navale au profit de la Marine russe est en essor progressif. Un grand nombre de bâtiments sont au stade du développement ou sont en cours de construction, ce qui permet d’imaginer l’image de la Marine russe dans 10-15-20 ans. A quoi ressemblera-t-elle?

Avant de commencer à parler des bâtiments de surface et des sous-marins, il convient de noter la tendance générale du développement de la Marine, qui n’a plus rien à voir avec la Marine soviétique d’il y a 30-35 ans.

Il est question d’une unification importante des nouveaux projets de bâtiments de surface et de sous-marins sur la base ‘’ des châssis de série ‘’, complétés par des modules nécessaires avec des équipements standardisés en fonction de la mission du bâtiment de combat.

Cela concerne également la flotte sous-marine, dotée du nouveau sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) et du nouveau sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), dont les coques solides sont fabriquées à l’aide de sections unifiées. Les sous-marins partagent un dispositif de propulsion unique, ont un équipement hydroacoustique et radio-électronique semblable, et ne se distinguent réellement que par l’armement principal. Le SNLE est muni des systèmes de lancement des missiles Boulava (missile mer-sol balistique stratégique), le SNA est doté d’un système de lancement universel capable de tirer divers missile de croisières.

 

Même chose pour les bâtiments de surface qui sont également créés avec l’utilisation de composantes unifiées : des dispositifs énergétiques, des rampes de lancement, des équipements radio-électroniques etc. La nécessité de l’unification a été reconnue en URSS au début des années 80, lorsque la grande Marine soviétique était un ensemble de bâtiments et de sous-marins de diverses classes, construits en petites séries et présentant des différences considérables d’armement set d’équipements. Cela rendait l’entretien, la réparation et la formation de l’équipage particulièrement difficiles. L’élaboration des projets unifiés a débuté dans les années 80 et avait pour but de transformer la Marine avant le milieu des années 90-début des années 2000. Mais pour des raisons évidentes, ces projets n’ont jamais été réalisés.

La Russie a hérité l’ancienne Marine, considérablement réduite, qu’il était d’autant plus difficile d’entretenir et d’utiliser dans les nouvelles conditions. Dans les années 2000, le travail sur le changement de l’image de la Marine a de nouveau commencé.
 

La base de la Marine : la flotte sous-marine

La flotte sous-marine demeure la principale force navale de la Russie. Elle conservera également ce rôle à terme, selon les experts et les haut responsables du ministère de la Défense. Avant tout, cela concerne les forces nucléaires stratégiques qui devraient devenir une partie primordiale de la triade nucléaire, transportant jusqu’à la moitié (700-750), voire plus, des 1.500 ogives nucléaires qui devraient rester en dotation de la Russie d'ici la fin des années 2010. En mettant de côté les sous-marins expérimentaux et les sous-marins spéciaux, traditionnellement protégés par le secret-défense, la flotte sous-marine de la Russie devrait être dotée au cours des prochaines années de deux classes de sous-marins nucléaires et de deux classes de sous-marins à propulsion diesel-électrique, dernièrement appelés de plus en plus souvent, au fur et à mesure de l’expansion des nouveaux types de propulsion, de sous-marins à propulsion non nucléaire.

Les principales forces stratégiques de la Marine devraient être représentées par 8 sous-marins du projet 955, dont le premier est déjà en phase de tests, trois autres sont en construction et quatre restants devraient être mis en chantier dans 5-6 ans. Le succès de ce projet dépend de la rapidité d’achèvement des essais et de l’entrée en dotation du missile Boulava. Une attention particulière est accordée actuellement à ce problème. Cela permet d’espérer que les problèmes d’organisation faisant obstacle à la conception finale du missile seront résolus dans des délais raisonnables.

Au cours des prochaines décennies, les sous-marins nucléaires du projet 885 Iassen seront les principaux SNA de la Marine russe. Le premier sous-marin de cette classe, Severodvinsk, a été mis à l’eau en été 2010. Ces sous-marins aux armes lourdes particulièrement coûteux devrait remplacer au cours des 15 prochaines années trois classes de sous-marins : les projets 671, 945 et 949 A de construction soviétique (15 sous-marins au total).

Ensuite, après 2025, ils remplaceront probablement les sous-marins du projet 971, devenant obsolètes (12 sous-marins). A l’heure actuelle, un autre sous-marin du projet 885 est en construction et, selon diverses sources, la construction de six autres sous-marins de cette classe devrait débuter au cours des 6-7 prochaines années, et 10-12 Iassen pourraient être construits avant 2025.

Les médias ont à plusieurs reprises déclaré que le projet 885 n’était pas à la portée de la Marine russe en raison du coût élevé des sous-marins, et la Russie devrait prendre l’exemple sur les Etats-Unis, qui ont abandonné le projet ambitieux SSN-21 Sea Wolf ainsi que le projet 885 lancé à la fin de la Guerre froide, pour se consacrer à la construction de sous-marins de classe Virginia, bien plus modestes par leur taille et par leurs caractéristiques techniques.

Dans les conditions actuelles, la création d’un nouveau projet de sous-marin serait évidemment trop risquée et coûteuse. Pour cette raison, la construction du Iassen sera poursuivie en parallèle avec son amélioration.

Dans le domaine des sous-marins non nucléaire, la situation semble différente : en échouant dans la tentative de créer le nouveau type de sous-marins du projet 677 Lada, la Marine a été contrainte de commander des versions améliorées du projet 636M Paltus, étant confrontée au vieillissement brusque des sous-marins diesels du projet 877 Paltus.

Le premier sous-marin de cette classe est entré en construction en août 2010. Au final, au cours des dix prochaines années, la Marine remplacera les Paltus obsolètes par les versions modernes, en poursuivant parallèlement la mise au point du Lada. Pour 2020 la Marine pourrait disposer de 4-5 Lada, 9-12 Paltus modernisés et 5-6 anciennes versions du Paltus.

La flotte de surface : réhabilitation

Dans l'ensemble, la Marine russe connaît une situation critique, mais l'état de la flotte de surface est particulièrement déplorable.

Faute d’avoir bénéficié des dotations et des fonds pour la modernisation des bâtiments existants, alloués au cours des 20 dernières années à la flotte sous-marine, la flotte de surface russe est obsolète et nécessite un remplacement presque complet.

A ce jour, le ministère de la Défense suit une stratégie prudente et juste, prévoyant la réhabilitation de la flotte de surface par le bas, en commençant pas les navires relativement petit et bon marché et en terminant par les bâtiments plus grands, complexes et coûteux. Ainsi, la corvette du projet 20380 (le premier bâtiment de cette classe est déjà en dotation, un autre a été mis à l’eau et trois autres sont en construction) est le premier projet de série pour la modernisation de la Marine. Les corvettes ont été suivies par le début de la construction de bâtiments océaniques.

Cela concerne les frégates du projet 22350, les premiers grands navires russes de combat créés à l’époque postsoviétique. Cependant, dès le lancement de la construction des nouvelles frégates, il s’est avéré que le renouvellement de la flotte avec ces bâtiments complexes et coûteux risquait de prendre beaucoup de temps. Par conséquent, il a été décidé d’accélérer le processus en lançant parallèlement la construction des bâtiments du projet 11356, avec lequel l’industrie russe s’était déjà familiarisée en satisfaisant les commandes de l’Inde.

Ces frégates devraient être unifiées avec les bâtiments de nouvelle génération en termes d’équipements et de systèmes principaux d’armements, ce qui réduirait au minimum les différences entre eux. Il est prévu que dans les dix prochaines années, près de 8 frégates de nouvelle génération et autant de bâtiments du projet 11356 doteront la Marine. Au total, au cours des 20 prochaines années, la Russie devrait recevoir jusqu’à 30 frégates et autant de corvettes.

Les frégates devraient être suivies par les bâtiments de première classe. Les travaux de conception du projet d’un destroyer (contre-torpilleur) de nouvelle génération s’achèveront prochainement en Russie. Ce bâtiment, possédant un tirant d’eau de près de 10.000 tonnes devrait être également muni de systèmes de lancement universels communs à toute la flotte de surface, d’un système d’information et de navigation de combat standard et d’autres équipements standardisés. Ce trio, corvette-frégate-destroyer de nouvelle génération devrait constituer la base de la flotte de surface pour les 20-30 prochaines années.

En leur absence, il serait insensé d’acheter les bâtiments de débarquement Mistral français, qui plus est de lancer leur construction en Russie, de réhabiliter et de moderniser le porte-avion Amiral Kouznetsov, et d'envisager la construction de nouveaux porte-avions.


 

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Rédigé par DanielB

Publié dans #Defense

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Publié le 2 Novembre 2010

Sarkozy le fait :

- Création des " Armées coloniales conjointes "

- Fin de l'indépendance de notre industrie de défense

 

Le tout en ... Bourgogne !

 

 

http://www.flightglobal.com/pdfarchive/view/1976/1976%20-%200315.html

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Rédigé par DanielB

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Publié le 2 Novembre 2010

La visite du Président Dmitri Medvedev sur une des îles Kouriles du Sud a relancé le débat sur la " légitimité " de la présence Russe aux Kouriles . Cela donne lieu à des débats qui font appel à des arguments pseudo-historiques sur l'appartenance ou non de telle ou telle partie de l'archipel au cours du XIX éme siècle au Japon voir dans le cas les plus extrêmes à la théorie du " premier occupant " lorsque l'on remonte à l'antiquité et même à la préhistoire comme n'hesitent pas à le faire certains milieux extrémistes Japonais . Le terme " retour " est aussi distillé ad nauseaum par certains " experts " de la question et l'on invoque le " droit au retour " des Japonais sur ces îles .

Or la légitimité Russe sur cet archipel résulte de deux actes :

1- La capitulation sans condition du Japon le 2 septembre 1945 .

La capitulation n'est que la reconnaissance d'une défaite militaire et ne remet pas en cause le statut de l'état défait sur le champ de bataille qui continue à exister en tant que sujet de droit international capable de négocier les conditions d'une reddition ou d'une paix .  

Une capitulation sans condition a pour effet premier la disparition du " vaincu " en tant que sujet de droit international . Le Japon et l'Allemagne au travers de la RFA et de la RDA ne sont que des états créés ex-nihilo à partir du Japon de 1945 et du III éme Reich par les " vainqueurs " et dont l'autonomisation progressive ne s'est  faite qu'avec l'accord des " puissances occupantes " , le plus souvent à l'aune des considérations géopolitiques de la " Guerre Froide " et avec la fin de celle-ci lorsque l'Allemagne par exemple a retrouvé le plein exercice de sa souveraineté en 1990 . Ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme des états successeurs .

Ces états ne peuvent prétendre à aucune legitimité sur les droits d'états qui n'existent plus dans le droit international . C'est le cas de l'Allemagne avec les Sudètes ,  Koenigsberg , sur les territoires situés au delà de sa frontière orientale sur la ligne Oder-Neisse et du Japon avec les îles Kouriles .

Si il y a bien eu une occupation des îles Kouriles par l'URSS aprés la seconde guerre mondiale , celle-ci rentre parfaitement dans la legitimité du pouvoir discrétionnaire des vainqueurs de la guerre dans le Pacifique - dont faisait partie l'URSS - aprés la capitulation sans condition du Japon  et qui sont mentionnés dans la déclaration de Potsdam . Une déclaration de guerre en bonne et due  forme ayant été adressée de plus par l'URSS à l'Empire du Japon en 1945 .

De la même manière le Japon ne peut se prévaloir de l'existence légale d'une continuité historique avec le Japon impérial de 1939 ou de 1905 et à plus forte raison avec une structure étatique datant du XIX éme siècle  au travers du maintien au pouvoir de l'Empereur

Hiro-Hito qui relevait aussi du pouvoir discrétionnaire d'un des belligerants victorieux  .

En signant les actes de capitulations sans condition , les chefs politiques et militaires du III éme Reich et du Japon Impérial écrivaient de manière implicite Finis Reichiae et Finis DaiNipponTeikokuiae au bas du document et rompaient toute continuité légale avec le passé .

La déclaration de  Potsdam stipule le caractère discrétionnaire des capitulation sans conditions de 1945 :

(7) Until such a new order is established and until there is convincing proof that Japan's war-making power is destroyed, points in Japanese territory to be designated by the Allies shall be occupied to secure the achievement of the basic objectives we are here setting forth.

 (8) The terms of the Cairo Declaration shall be carried out and Japanese sovereignty shall be limited to the islands of Honshu, Hokkaido, Kyushu, Shikoku and such minor islands as we determine



Les termes de cette déclaration ont été clairement acceptés par les représentants du Japon Impérial qui acceptaient ainsi la fin de l'existence légale de leur état et du caractère discrétionnaire de l'existence de la structure qui se créait :

 « Agissant par ordre et au nom de l'Empereur, du Gouvernement japonais et du Quartier général impérial japonais, nous déclarons, par ces présentes, accepter les conditions posées dans la déclaration qui a été publiée par les Chefs des Gouvernements des États-Unis d'Amérique, de la Chine et de la Grande-Bretagne, le 26 juillet 1945, à Potsdam et à laquelle a adhéré, par la suite, l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, lesquelles quatre Puissances sont ci-après désignées sous le nom de « Puissances Alliées ».

Nous proclamons par ces présentes la reddition inconditionnelle aux Puissances Alliées du Quartier général impérial japonais, de toutes les forces armées japonaises et de toutes les forces armées sous contrôle japonais, partout où elles se trouvent .

.......

Nous ordonnons par ces présentes à tous les fonctionnaires civils et à tous les officiers de l'Armée et de la Flotte d'obéir et de faire porter effet à toutes les proclamations, à tous les ordres et à toutes les instructions que le Commandement Suprême des Puissances Alliées jugera propres à assurer l'exécution effective des conditions de cette reddition, et qui seront publiés par lui ou sous son autorité, et nous leur ordonnons de rester à leur poste et de continuer à assurer leur service comme non-combattants, à moins d'en être spécialement relevés par lui ou par son ordre



Mieux encore ! Cette capitulation engage les successeurs des signataires  :

Nous nous engageons par ces présentes, au nom de l'Empereur, du Gouvernement japonais et de ceux qui lui succéderont, à exécuter de bonne foi les clauses de la Déclaration de Potsdam et à donner tous les ordres et prendre toutes les mesures qui pourront être exigées par le Commandant Suprême des Puissances Alliées ou par tout autre représentant qualifié des Puissances Alliées pour en assurer l'exécution.



2- L'existence de la Russie en tant qu'état successeur de l'URSS .

Renfermant 51% de la population de l'URSS et représentant 77%de son territoire la Russie a été reconnue comme l'état successeur de l'URSS par les Nations-Unies :

the membership of the Union of Soviet Socialist Republics in the United Nations, including the Security Council and all other organs and organizations of the United Nations system, is being continued by the Russian Federation (RSFSR) with the support of the countries of the Commonwealth of Independent States.In this connection, I request that the name 'Russian Federation' should be used in the United Nations in place of the name 'the Union of Soviet Socialist Republics'. The Russian Federation maintains full responsibility for all the rights and obligations of the USSR under the Charter of the United Nations, including the financial obligations. . I request that you consider this letter as confirmation of the credentials to represent the Russian Federation in United Nations organs for all the persons currently holding the credentials of representatives of the USSR to the United Nations.

 

A ce titre il ne peut être question de " restitution " des îles Kouriles mais bien éventuellement d'une " cession " ou de " transfert " de la part de la Russie dans le cadre d'un traité de paix par exemple .

Tout autre interprétation reviendrait à remettre en cause les traités et actes signés lors de la fin de la Seconde Guerre Mondiale . Cela s'appelle du révisionnisme !

 

 

 

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Rédigé par DanielB

Publié dans #" Les evenements " survenus entre 1933 et 1945

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Publié le 1 Novembre 2010

Ce n'était que partie remise !

Annoncée après la visite de Dmitri Medvedev en Chine à la fin du mois de septembre , le déplacement du Président Medvedev sur les îles Kouriles s'est effectué aujourd'hui dans le prolongement de sa visite au Vietnam .

Cette visite s'est focalisée sur les question de l'autonomie énergetique des îles Kouriles du Sud avec la visite d'une centrale géothermique , la modernisation des infrastructures de transport et de l'amélioration des conditions de vie afin " que les personnes qui viennent ici aient l'envie de s' y établir pour toujours " a précisé le Président Russe .[ voir video ]

Cette visite est plus que symbolique car c'est la première visite d'un chef d'Etat Russe ou Soviétique dans cette région de la Féderation de Russie depuis 1945 et le début du contentieux territorial Russo-Japonais sur ces îles .

Elle intervient dans un contexte particulièremment tendu dans la région avec la récente dispute Sino-Japonaise concernant un incident maritime impliquant un chalutier Chinois .

Confrontés à des problèmes économiques internes depuis une dizaine d'années , les chefs politiques Japonais ont depuis une décennie adoptée une réthorique révisionniste et " grandiste " sur les conséquences territoriales de la défaite du Japon à l'issu de la Seconde Guerre Mondiale . On pourrait même parler ainsi d'un Nipponisme - pendant du Sionisme - qui cherche à justifier la souveraineté Japonaise sur ces îles par une occupation territoriale de populations de souches Nippones - ou présentées comme telles - depuis l'antiquité et même la préhistoire [ Jomons ] .  

  A ce grandisme Japonais qui se traduit par les réactions aussi épidermiques qu' irrationelles de sa diplomatie , s'oppose le " réalisme " Russo-Soviétique qui fait des frontières un " isobare politique " , c'est à dire la matérialisation physique d'un rapport de forces politiques ou militaires . C'est ainsi que les attitudes " conciliantes " de la diplomatie Russo-Soviétique sur ce dossier  à l'époque de MM. Gorbachev et Eltsine redeviennent plus souverainistes dans un contexte de la réafirmation de la présence Russe en Extrême-Orient . On peut aussi relier l'attititude ferme  de Dmitri Medvedev sur la question des  Kouriles à la fermeté dont il a fait preuve lors de la guerre dans le Caucase en aout 2008 . [ Voir 1ére video ]

 

 

L'annonce de cette visite a , on s'en doute , provoquée une réaction épidermique de la classe politique et du corps diplomatique Japonais auquel le MAE Serguei Lavrov vient d'opposer une fin de non recevoir en la qualifiant - avec raison - d'"  affaire intérieure Russe " :

"C'est notre territoire et le président Russe s'est rendu sur un territoire Russe", a déclaré l'ambassadeur Russe au Japon  .

Si le dossier de la souveraineté des îles Kouriles porte en lui une lourde charge mémorielle avec en particulier les tentatives du révisionnisme Nippon de vouloir remettre en cause les changements territoriaux consécutifs à la Seconde Guerre Mondiale , il comporte des éléments ayant trait à la géopolitique des ressources et à la géostratégie .

- La ZEE économique autour des îles Kouriles posséde d'importantes ressources halieutiques tandis que de récentes prospections entreprises par les géologues Russes sur la base de travaux effectués par leurs confrères Soviétiques ont permis de lancer l'exploitation de l'or mais surtout  du rhénium provenant des fumerolles des volcans de l'île . Les îles disposeraient aussi d'importantes réserves de titane .  [ Voir 1ére video ]

 - Les îles Kouriles verouillent l'accés au " bastion naval "de la Mer d'Okhotsk et constituent la première ligne de défense des côtes Russes dans la région .

 

Enfin pour les habitants de l'Extrême-Orient Russe qui ont été profondément marqués par la cession d'une île à la Chine sur le fleuve Amour , le caractère " physique " et " solide " d'une île est plus important que le caractère mouvant et instable de relations bilatérales avec les états voisins et ces habitants  ne sont pas prêtes à d'autres " pertes géopolitiques " qui remetraient en cause leur présence dans cette périphérie Russe .  [ Voir 1ére video ]

 

Sur le plan intérieur , les attitudes fermes de M. Dmitri Medvedev tant lors de la guerre de Géorgie que dans ses rapports avec MM. Youchenko et Loukachenko et desormais sur la question des Kouriles l'aménent à être le paire de M.Vladimir Poutine au sein de la dyarchie Russe .  [ Voir 1ére video ]

 

Au delà de l'aspect mémoriel de la Seconde Guerre Mondiale , le dossier des îles Kouriles est central dans le cadre de la présence Russe en Extrême- Orient dans la région Asie-Pacifique et ceci depuis plus d'un siècle , antérieurement à la guerre Russo-Japonaise de 1905 .

Cet aspect a été rapellé par le président Dmitri Medvedev lors de sa dernière visite sur la péninsule de Liaotong  fin septembre 2010 .

Le 26 septembre, le président Medvedev inaugurait son voyage officiel en Chine par une visite au cimetière de Lushun, près de la ville de Dalian, où sont enterrés plus de 20000 soldats et officiers de l’armée russe tombés lors des guerres contre le Japon (de 1898 à 1945), en particulier lors de la libération par les troupes russes du nord-est de la Chine contre les occupants japonais pendant la seconde guerre mondiale. “ Dalian abrite un mémorial pour les soldats Soviétiques qui ont donné leur vie pour la liberté et l’indépendance de la Chine. Il est symbolique que ce monument ait été élevé conjointement par des organisations Russes et Chinoises. J’ai voulu participer à son inauguration. Comme vous le savez, 2010 marque le 65ème anniversaire de la victoire dans la deuxième guerre mondiale. L’événement unit nos deux pays, qui étaient alliés pour combattre le nazisme et le militarisme ” soulignait Dimitri Medvedev lors d’un point presse.

 

 Alors que la Russie s'oriente vers une " Fern-Ostpolitik " marquée par un partenariat stratégique avec la Chine , elle renforce sa présence militaire dans la région avec une optique qui considère  le Japon comme un compétiteur et non un partenaire avec lequel - au delà de quelques accords - elle n'envisage pas de nouer des relations au niveau de celles en cours de développement avec les autres états de la région .

 L'amiral Viatcheslav Popov, président de la commission navale du sénat Russe ,a ainsi déclaré au moins de juin 2010 :

" Un navire de cette classe [ BPC Mistral - NDLR ]  nous aidera à élever la manœuvrabilité de nos troupes dans le Pacifique, compte tenu de l'importance géographique de cette région et de l'absence de troupes suffisantes pour couvrir, notamment, les Kouriles" .

 

Le Japon se trouve quand à lui de plus en plus isolé dans la région . Il est en conflits de souveraineté avec la Russie sur la question des îles Kouriles , sur la question des Rochers Liancourt avec la Corée du Sud et celle des îles Diaoyu avec la Chine . Il n' a desormais d'autres ressources que de chercher un appui aupres de l'alliè Etasunien apres avoir - toujours pour des questions de politique intérieure - critiqué sa présence militaire sur l'ile d'Okinawa .

Sa réthorique agressive et ses postures diplomatiques ne sont que la traduction de cet isolement et de cette faiblesse qui le repousse sous la protection du parapluie du systéme ABM des destroyers AEGIS livrés par les Etats-Unis .

 

 

Etude :

Quand le Pacifique Nord était un « lac russe »…

   Philippe Conrad -

Historien. Directeur de séminaire au Collège Interarmées de Défense

 

 

 

 

 

   

  

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Rédigé par DanielB

Publié dans #Kouriles et Kamtchatka

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