L’actualité cette dernière semaine a été marquée par les livraisons d’armes par la France à la « rébellion Libyenne ». Une pratique qui n’est pas malheureusement pas une nouveauté pour la pitoyable diplomatie Française . Ce fut déjà le cas dans les années 1850 , sous le règne de Badinguet , lorsque toujours associée à l’Angleterre la France armait les tribus du Caucase . En consultant cette étude , vous pourrez aussi constater comment les modes de mobilisations de l’ « opinion publique » ont très peu évolué et comment les « agents » Français et Anglais tentaient déjà d’organiser politiquement des tribus disparates en « Conseil National » , aujourd’hui face à Kadhafi , hier face aux « Moscovites »
Source :
Lesure Michel. La France et le Caucase à l'époque de Chamil. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 19 N°1-2. Janvier-
Juin 1978. pp. 5-65.
doi : 10.3406/cmr.1978.1306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1978_num_19_1_1306
Après 1848, l'intérêt de la correspondance se déplace. Les consuls,
gênés dans leur travail par la tension politique entre la France républi
cainee t la Russie, perdent tout à coup leurs moyens d'information,
tandis que les activités de Chamil et des montagnards paraissent marquer
un déclin. Bientôt la guerre russo-turque, puis l'intervention de la France
dans le conflit vont absorber leurs réflexions et vont reléguer à l'arrièreplan
les combats du Caucase. Pourtant l'espoir reste tenace dans les
milieux diplomatiques français de voir Chamil et les tribus circassiennes
accourir aux côtés des Alliés et ouvrir un second front pendant l'expédi
tiodne Crimée. Plusieurs officiers, un ministre plénipotentiaire, enfin un
agent consulaire envoyé à Soukhoum Kale vont être chargés de préparer
le terrain et d'apporter des armes aux montagnards. Leur correspondance
est, avec celle de l'ambassade de France à Constantinople, la seule qui
mérite désormais de retenir l'attention en ce qui concerne le Caucase ;
elle témoigne de la méconnaissance qu'on avait en France du véritable
caractère du muridisme, des illusions et des malentendus qui ont guidé
la politique orientale des Alliés jusqu'en 1855.
A Constantinople, on apprend
l'arrivée prochaine de dix mille fusils envoyés de Marseille et destinés à
Chamil, bien qu'on n'ait aucune indication sur les besoins, les dispositions
et même sur le lieu de résidence de ce chef122. Le 5 mai, une flottille francoanglaise,
commandée par le contre-amiral Lyons et par le commandant
français de Chabannes, prend la mer pour aller détruire quelques places
fortes des Russes, pour débarquer en un point favorable et pour préparer
la liaison avec Chamil et tenter de rencontrer, dans un premier temps,
Mohammed Emin, son naïb (lieutenant) en Circassie123. Au même moment,
plusieurs navires quittent Constantinople pour la même destination,
transportant de l'artillerie, des fusils et des munitions, ainsi que plusieurs chefs circassiens influents, Ismail Bey et Sefer Pacha. Leur arrivée doit
être le signal de l'offensive générale, et le commandement français est
autorisé à disposer des bataillons turcs qui lui seraient nécessaires pour
d'éventuelles opérations terrestres124.
Les officiers et les hommes sont accueillis à Ghelindjik, puis à Bardan
par de nombreux cavaliers, et rencontrent le même enthousiasme que
leurs prédécesseurs : « Tous à Guelindjik étaient animés des idées les plus
belliqueuses. Leur plan de campagne consistait à marcher en masse sur
Anapa qu'ils enlèveraient pendant que nous le détruirions avec les vais
seaux. Nous n'en demandions pas tant ! »125
On notera aussi le caractère fragmentaire des informations , tout comme aujourd’hui , des i dont disposent les chefs politiques et militaires Français qui livrent ces armes :
Leur correspondance
est, avec celle de l'ambassade de France à Constantinople, la seule qui
mérite désormais de retenir l'attention en ce qui concerne le Caucase ;
elle témoigne de la méconnaissance qu'on avait en France du véritable
caractère du muridisme, des illusions et des malentendus qui ont guidé
la politique orientale des Alliés jusqu'en 1855..............
Dans une lettre du 29 octobre au général Canrobert, nouveau com
mandant en chef, le chargé d'affaires Benedetti résume en quelques
phrases la situation : « Monsieur le Général [...] s'il est un fait acquis
désormais en ce qui touche les contrées caucasiennes, c'est qu'on ne
possède aucune information digne de foi [...] Schamyl opérant dans le
Daghestan reste enveloppé dans ce mystère profond que rien n'a pu
pénétrer, et les rapports de ce chef avec les Circassiens donnent lieu à
des accusations et à des querelles dont il est impossible d'apprécier le
caractère et l'importance. »142