L'accrochage qui a eu lieu en Guyane entre problement des orpailleurs Brésiliens et des militaires Français marque t'il le début non pas d'une guerre entre la France et le Brésil mais d'une guerre Franco-Brésilienne cad entre Français et Brésiliens ?
Tout d'abord les faits :
- Deux militaires Français , apparement entrainés au combat dans la jungle [ils appartenaient au CRAJ Commando de Recherche et d'Action en Jungle ] et probablement au Centro de Instrução de Guerra na Selva Brésilien [ lien ] , ont été tués lors d'un accrochage avec des personnes identifiées comme des orpailleurs Brésiliens .
- Les deux militaires faisaient partie du 9e RIMa, qui participe aux opérations "Harpie" contre les orpailleurs.[ lien ] L'un est un caporal-chef de 32 ans, père d'un enfant, l'autre un adjudant de 29 ans. La vie des deux gendarmes grièvement blessés n'est pas en danger, a assuré le colonel Didier Laumont , commandant de gendarmerie de la région. Ils faisaient partie d'un groupe de militaires et gendarmes revenus à proximité des lieux où un peu plus tôt un hélicoptère de la gendarmerie avait essuyé des tirs, dans la région de Dorlin (ouest), qui se situe sur l'immense territoire de la commune de Maripasoula (18 000 km2).[ article du Nouvel Observateur ]
- Cet hélicoptère participait à une opération de sécurisation de la zone devant permettre l'installation progressive d'une société minière légale dans cette région qui est un haut lieu isolé de l'orpaillage clandestin en Guyane depuis près de vingt ans, sans accès terrestre depuis le littoral.
Voici le récit qu'en fait JD Merchet : " Les faits se sont produits hier vers 14 heures (locales) dans le secteur de Dorlin, à environ 150 km au sud-ouest de Cayenne et à l'est de Maripasoula. Des orpailleurs illégaux y exploitent des mines d'or, avec des galeries. Une opération héliportée contre eux était organisé,a vec deux Puma et un Fennec de la gendarmerie. L'hélicoptère leger s'est fait tirer dessus et un gendarme à bord a été blessé à la cuisse. Les deux Puma ont débarqués une trentaine d'homme (20 militaires et 10 gendarmes) à environ deux kilomètres et la colonne a progressé en direction du site, dans la forêt équatoriale. Selon l'état-major des armées, ils ont été pris à partie par des tireurs embusqués - à une distance très courte (20 ou 30 m). Quatre hommes ont été touchés, et l'un d'entre eux est mort immédiatement. Le CCH Pissot a été tué alors qu'il portait secours aux premiers blessés. "La priorité a été l'évacuation des blessés et le désengament des personnels" explique l'état-major. En clair, les orpailleurs ont pu se replier après le succès de leur embuscade . "
Les analyses
- Les militaires entrainés ont été pris à partie par des personnes disposant d'armes de guerre [ lien ] et maitrisant les rudiments du combat dans la jungle . Peut-être les " gardes " des sites d'orpaillage clandestins qui seraient d'anciens militaires Brésiliens des BISE -Batalhão de Infantaria de Selva - ou du CISG - Centro de Instrução de Guerra na Selva [ voir video ] ? Prendre à partie trois - ou quatre selon d'autres sources - aéronefs militaires , tendre une embuscade - réussie - dans la jungle à trente militaires aguerris - " coxés" à froid , pris les " pantalons sur les chaussures " - qui ont été obligés de battre en retraite en emportant du personnel blessé ne s'improvise pas et dénote un certain " savoir faire " ! Il faut ici noter que bien qu'ayant des liens très étroits avec l'Armée Française , le CISG ne dispense certains " secrets maisons " qu'aux futurs officiers et militaires Brésiliens !
On peut se poser des questions sur le rapport des forces lors de cet accrochage et en particulier de la puissance de feu respective des orpailleurs et de celle des militaires , de leur état de préparation au combat ? [ lien ] et [ lien ]
En tout état de cause cette unité aguerrie [ avec des militaires du CRAJ , cad des " forces spéciales " [ lien ] ] de 30 militaires a été incapable de résister au feu ennemi ou d'essayer de développer une manoeuvre , tout en béneficiant de l'appui en reconnaissance [ appui-feu ? ] de trois hélicoptères ...
- La région concernée semble être une " zone de non-droit " , une " zone grise " ou la souveraineté de la France est contestée . Pour réasseoir cette souveraineté , les autorités Françaises agissent au travers du proxy d'une société minière qui devrait y rendre l'orpaillage " légal " .Ce serait une " indirecte rule " , dernier symbole de la souveraineté Française puisque l'Armée peine à imposer son autorité , sur un territoire pourtant considéré comme un département... !
- Le géographe Jacques Ancel définissait les frontières comme des " isobares politiques " . Pour les Brésiliens , les Guyanes sont des " fronts pionniers " qui constituent des " fronts de hautes pressions " qui repoussent les frontières extèrieures du pays . La " Brasilianisation "de cette région s'est faite au travers de ces acteurs non-étatiques que sont les garimperos , les chercheurs d'or clandestin .
On assiste quelque part en Guyane a un phènomène semblable à la colonisation de la région Bolivienne de l'Acre il ya plus d'un siècle . Antonio Patriota sera t'il au niveau du Baron de Rio-Branco en cas de conflit avec la France ?
Sans être une politique d'état , cette " Brasilianisation " de la Guyane Française rentrerait parfaitement dans le cadre de la politique de création d' " avants postes de Brasilianité " le long des frontières conçue par le général Golbery do Couto e Silva dans les années 60 . Il proposait la création de " pôles de peuplement et de développement " sur les frontières du Brésil qu'il estimait vulnérables à l'action d'états étrangers en raison de leurs sous-peuplement et qui garantiraient la sécurité de l' " Empire Brésilien " . Cette politique est alors vu avec inquiétude par les voisins du Brésil puisque des centaines de milliers de Brésiliens vont s'installer dans la province Argentine de Misiones , dans le département Bolivien de Santa Cruz et au Paraguay [ Lien ] ou ils constituent désormais des " pôles de Brasilianité " , avant-postes de la défense de " l'Empire Brésilien " . [ lien vers article ] .
- Cet accrochage rentre dans le cadre d'un conflit pour le contrôle des ressources , l'or , et pourrait devenir un conflit de souveraineté .
Un précédent historique
Ce n'est pas la première fois que des "civils " Brésiliens affrontent des militaires Français en Amazonie .
Afin de garder le plus de neutralité possible ( ? ) je vous livre la version Française du " contesté " Franco-Brésilien et l' " affaire de Mapa "[ lien ]
La délimitation de la frontière entre la Guyane et le Brésil était restée très vague depuis la création de la colonie française. La thèse française était que le fleuve Amazone constituait la limite territoriale au sud de la Guyane, celle du Brésil penchait pour l’Oyapock.
La découverte en 1894 de fabuleux gisements d’or dans cette zone contestée mit le feu aux poudres, d’autant plus que les Brésiliens y avaient laissé s’installer une série d’aventuriers, d’anciens soldats, de prospecteurs sur qui personne n’exerçait le moindre contrôle, sans doute afin de décourager les Français. A cette époque, des aventuriers Français et Brésiliens proclament l’indépendance de ce territoire : la république de Counani était née.
En mai 1895 le capitaine Trajane représentant de la France à Counani est pris en otage par des aventuriers vraisemblablement à la solde du Brésil et conduit à Mapa, poste frontalier en zone contestée.
Le mercredi 15 mai le détachement dépêché de Cayenne pour libérer le capitaine Trajane tombe dans une embuscade lors des négociations à Mapa. Le capitaine d’infanterie de marine Lunier qui dirigeait les négociations ainsi que six de ses hommes, marins et fantassins, furent tués même si les aventuriers qui n’étaient pas de force pour lutter contre une troupe bien entraînée laissèrent plus de soixante morts sur le terrain.
Le 1er décembre 1900, le Conseil Fédéral Helvétique charge d’arbitrer le différend franco-brésilien accorda la totalité du territoire contesté au Brésil, décision à laquelle se soumirent les deux parties, mettant ainsi fin à leur différend.
En souvenir de ces soldats français tombés à Mapa, un monument fut érigé par souscription publique au cimetière de Cayenne. La cérémonie d’inauguration, présidée par le gouverneurs Emile Merwart, eu lieu le 31 août 1901.
Voici la vision Brésilienne , présentée sur le site de l'Etat d' Amapá,:
http://www.ap.gov.br/amapa/site/paginas/historia/contestado.jsp
et une analyse sur le tracé de la frontière Franco-Brésilienne :
http://confins.revues.org/6040?lang=fr
Histoire militaire terrestre de l'Amazonie ( 1616-2003 )
http://www.ahimtb.org.br/LIVRO_AMAZONIA.htm
Les questions
- La question est desormais de savoir quelle sera la réaction des militaires Français et surtout la réaction des Brésiliens si des orpailleurs Brésiliens venaient à être tués lors d'un accrochage avec la Gendarmerie ou l'Armée Française ? Si les relation étatiques Franco-Brésiliennes semblent être cordiales et mêmes " stratégiques " [ coopération militaire ] comment l'opinion publique Brésilienne , et surtout l'opinion publique des Brésiliens résidant en Amazonie , réagira t'elle : Lors d'un sondage réalisé pour l'élaboration de la politique de défense Brésilienne en décembre 2011 , plus de 65 % de la population habitant le nord du Brésil considérait que la principale menace pour la souveraineté du Brésil provenait d'une invasion par une puissance extérieure à l'hémisphère Sud ! [ voir tableau 2 ] En cas de morts , et surtout en cas de " morts massives " lors d'une opération de l'Armée Française contre les garimpos Brésiliens , un phénomène d'empathie vis à vis des garimperos pourrait se développer principalement dans tout le nord du Brésil et forcer le gouvernement Brésilien " à agir " !
- La Guyane Française va t'elle devenir la " Malouine Brésilienne " ? [ lien ] Brasilia a apporté son soutien diplomatique à Buenos-Aires sur la question des Malouines ces derniers mois . La diplomatie Brésilienne va t'elle - et surtout pourra t'elle - rester silencieuse si des Brésiliens sont expulsés en masse ou tués aux frontières du Brésil ?
- Le gouvernement Brésilien pourra t'il prendre des mesures coercitives contre ses propres citoyens [ fermeture des frontières ] si les autorités Françaises le lui demandent ?[ lien ] et [ lien ]
Selva Brasil
Un conflit militaire Franco-Brésilien de " haute intensité " le long des frontières des Guyanes a fait l'objet d'une uchronie : " Selva Brasil " .[ lien vers article ]
Note de l'Editeur :
J'ai essayé de garder le plus de " neutralité "éditoriale possible , étant marié à une Amérindienne Brésilienne !