" Il vaut mieux être Zyriane ( Komi ) ou Nenets en Russie que ....." ( 5): La souris qui rugit !
Publié le 1 Juillet 2008
MOSCOU, 30 juin - RIA Novosti. Comme prévu, le coup d'envoi aux négociations sur un nouvel accord Russie-UE a été donné à Khanty-Mansiïsk, mais un scandale inattendu a néanmoins éclaté: au cours du Congrès des peuples finno-ougriens qui a suivi le sommet russo-européen, le président estonien Toomas Hendrik Ilves a appelé les petits peuples de la Russie à l'autodétermination, lit-on lundi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Vedomosti.
S'entretenant avec Dmitri Medvedev lors de la première rencontre entre dirigeants russe et estonien depuis 14 ans, Ilves avait proposé de réduire la rhétorique publique dans les rapports bilatéraux. Mais, en prenant la parole au congrès, le président estonien a soudain déclaré: "Nous (Estoniens) avons opté pour la liberté et la démocratie. De nombreux peuples finno-ougriens auront également à faire ce choix".
Konstantin Kossatchev, président du comité des Affaires internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe), a immédiatement réagi à la déclaration du chef de l'Etat estonien qui sous-entend, selon lui, une invitation à songer à l'autodétermination. M. Kossatchev estime que cela est indigne d'un président, "qui ne comprend pas la différence entre la politique interétatique et interethnique". Après les propos critiques tenus par Konstantin Kossatchev au congrès sur l'oppression des Russes dans les pays baltes,la délégation estonienne a quitté la salle. "Après cela, il faudra attendre à nouveau 14 ans avant que nos présidents se rencontrent", a prédit un membre de la délégation russe.
De l'avis de Valeri Tichkov, directeur de l'Institut d'ethnologie et d'anthropologie de l'Académie des sciences russe, l'idée même d'une communauté du monde finno-ougrien est très vulnérable du point de vue politique. "C'est une chose en Hongrie, en Finlande et en Estonie, où ces peuples forment la nation, c'en est une autre en Russie où ils constituent des minorités. Dans l'ensemble, la situation des peuples finno-ougriens [en Russie] n'est pas aussi catastrophique que certains le font croire. Ils disposent de toutes les formes d'autodétermination intérieure, de leurs propres autonomies ethniques territoriales, ils bénéficient d'un soutien sur le plan social et dans les domaines de l'enseignement et de la culture. Proposer l'autodétermination jusqu'à la création de son propre Etat est une forme cachée de séparatisme. L'Estonie elle-même n'admet pas l'autodétermination des Russes ou de la petite minorité finno-ougrienne résidant sur son territoire".
"Il n'y a aucun problème politique dans ce domaine, encore moins brûlant, estime Konstantin Voronov, chercheur à l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales de l'Académie russe des sciences. C'est un problème "en sommeil" que nos partenaires estoniens souhaiteraient politiser".
D'après Dmitri Souslov, vice-directeur scientifique du Conseil pour la politique étrangère et militaire, "ce scandale ne peut pas se répercuter radicalement sur les rapports russo-estoniens qui laissent déjà à désirer et qui ne se sont pas rétablis après l'histoire du Soldat de bronze". Certes, un nouveau coup a été porté à la perspective de normalisation des rapports entre les deux pays, a fait remarquer l'expert: "L'Estonie entravera probablement les négociations sur un nouvel accord stratégique et fera traîner en longueur sa ratification".
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti