L'océan Arctique fond et s'ouvre ainsi à la navigation

Publié le 6 Septembre 2008

Ca on l'ecrit depuis le debut de ce blog !

PARIS (AFP) - La fonte des glaces de l'océan Arctique, qui pourrait atteindre cet été un nouveau record, est constatée par les satellites, mais également par les navires de plus en plus nombreux qui sillonnent ses eaux pendant la période estivale .

"On peut confirmer qu'il y a un retrait important de la banquise pour une deuxième année consécutive, et que +l'accident+ de l'an dernier n'est pas un accident", affirme Jean-Claude Gascard (CNRS), joint par courriel par l'AFP à bord du brise-glace chinois Xuelong croisant dans la mer de Beaufort.

Avec seulement 4,25 millions de km2 de glaces restantes à la fin de l'été, 2007 marquait un record de fonte.

Le Centre national américain de la neige et de la glace (National Snow and Ice Data Center/NSIDC) avait annoncé fin août que les données satellites montraient alors une superficie de la banquise de 5,26 millions de kilomètres carrés, soit moins que les 5,32 millions de km2 enregistrés le 21 septembre 2005.

Coordinateur du programme européen Damoclès chargé notamment d'identifier les changements de la glace de mer, M. Gascard, présent sur place, explique que par rapport à l'été 2007, "la différence est aussi que sur de vastes étendues, il reste une très fine couche de glace". "Ce qui reste est vraiment très peu et la fonte n'est pas terminée", témoigne-t-il en craignant des températures élevées en septembre.

Ce phénomène est particulièrement suivi pour les "passages" du Nord-Est et du Nord-Ouest, qui pourraient à terme devenir des routes maritimes importantes, faisant économiser aux cargos plus de 5.000 km entre l'Atlantique et l'Asie .

Celui du Nord-Est, le long des côtes de la Sibérie, est à peu près dégagé au vu des images satellites. Quant aux deux voies du passage du Nord-ouest, la branche sud est ouverte depuis plus d'un mois, celle plus au nord l'a été récemment.

Un constat confirmé par Olivier Pitras, skipper français du voilier Southern Star qui vient de le franchir. "Nous sommes entrés dans le passage le 8 août par le détroit de Lancaster (côté mer de Baffin) et nous n'avons pas rencontré de problème avec la glace", raconte-t-il à l'AFP dans un courriel.

"Le plus formidable, c'est que nous n'avons même pas eu besoin de surveiller la glace entre Gjoa Haven et Tuktoyaktuk, tant les bassins sud de l'archipel canadien étaient libres de glace", ajoute-il.

Olivier Pitras, qui l'avait déjà franchi en 1999, est abasourdi : "Les deux passages à 9 ans d'intervalle n'ont rien de commun concernant les conditions de glace. C'est un autre monde".

Et s'il était le seul voilier dans la zone en 1999, cette année il en a croisé 7 autres, dont un espagnol, un australien, un américain.

Le skipper français Eric Brossier, qui hiverne depuis plusieurs années à bord de son voilier Vagabond au large du Spitzberg dans le cadre du projet Damoclès, a noté cet été au nord de l'île norvégienne "plus de glaces dérivantes: beaucoup de croisières ont été modifiées voire annulées".

Joint également par courriel, il a rappelé qu'il y a désormais "beaucoup de navires l'été au Spitzberg : plus de 50 voiliers par an, des paquebots, des chalutiers, des navires militaires, des brises-glaces..."

La goélette polaire Tara avait traversé cette zone en janvier dernier après 507 jours de dérive dans la banquise arctique, entre Sibérie et Groenland.

L'Arctique devient libre de glaces l'été, confirment ainsi les navigateurs. "On peut s'attendre à ce que cette situation perdure, voire s'amplifie avec l'effet de serre", assure Jean-Claude Gascard.



Note : Franco-Français , cet article oublie de parler de la station derivante Russe SP-35

MONTRÉAL (AFP) - D'immenses plateaux de glace, dont un de 50 km2, se sont détachés cet été de la côte dans le Grand Nord canadien et dérivent dans l'océan Arctique, une nouvelle indication de la la rapidité des changements climatiques dans cette zone, ont annoncé des chercheurs  .

Le plateau de glace Markham, d'une superficie de 50 km2, l'un des cinq de l'Arctique canadien, s'est détaché au début du mois d'août de la côte de l'île d'Ellesmere et dérive maintenant dans l'océan Arctique.

Le plateau de glace Serson a aussi perdu deux vastes morceaux, ce qui l'a amputé de 60%, soit 122 km2.

"Cet été, au cours des deux derniers mois, nous avons perdu une surface de plateaux de glace de 214 km2", ce qui équivaut à trois fois la superficie de l'île de Manhattan, a déclaré à l'AFP l'un des scientifiques, le Dr Luke Copland, directeur du laboratoire de recherche sur la cryosphère de l'université d'Ottawa.

En juillet dernier deux blocs s'étaient détachés de la plateforme de glace Ward Hunt dans la même région. Ce plateau a poursuivi sa désintégration et perdu 22 km2 supplémentaires. Les morceaux à la dérive se sont eux-mêmes brisés en multiples "îles de glace" (icebergs tabulaires).

Et, en 2005 une plateforme de 66 km2, "l'île de glaces Ayles", s'était déjà détachée de l'île d'Ellesmere située dans l'extrême-nord canadien.

"Ces vêlages soulignent la rapidité des changements" qui interviennent dans l'Arctique, a déclaré le Dr Derek Mueller de l'université Trent, dans la province d'Ontario.

"Ces changements sont irréversibles dans le climat actuel et indiquent que les conditions environnementales qui ont préservé l'équilibre de ces plateaux de glace pendant des milliers d'années ont changé", a-t-il ajouté dans un communiqué.

Les plateaux de glace de l'île d'Ellesmere sont formés de glace marine, de neige accumulée et, dans certains cas, de glace glaciaire. Comptant jusqu'à 4.500 ans d'âge et d'une épaisseur d'environ 40 mètres, ces formations naturelles sont très différentes de la glace marine ordinaire.

Dans une conversation téléphonique avec l'AFP, le Dr Copland a souligné que les pertes de plateaux de glace étaient 10 fois supérieures à ce qui avait été constaté en juillet dernier.

Il en a attribué la responsabilité à une hausse de la température et à la baisse de la quantité de glace sur l'océan. Celle-ci appuie normalement contre les plateformes de glace de l'île. Le retrait de la couverture glaciaire de l'océan arctique a "permis aux vents et aux vagues de provoquer des fissures qui ont fini par entraîner des ruptures", a-t-il expliqué.

Le réchauffement est plus rapide aux pôles et la température a augmenté en moyenne de 2 degrés Celsius au cours des cinquante dernières années dans la zone d'Ellesmere. Et ce réchauffement est encore plus net en hiver - 5 degrés Celsius - note le Dr Copland.

Cela a pour conséquence que les plateaux glaciaires qui se reconstituaient en hiver après les fontes d'été ne peuvent plus le faire désormais.

"On a atteint un seuil. Il fait trop chaud pour que ces plateformes continuent à exister et elles se brisent", dit-il.

Au cours du siècle dernier, le Canada a perdu plus de 90% de ses plateaux de glace, surtout lors d'une période chaude au cours des années 1930 et 1940.

Mais les températures actuelles dans l'Arctique sont encore plus élevées qu'elles ne l'étaient à l'époque et les plateaux de glace sont entrés dans une nouvelle période de ruptures en 2002, notent les scientifiques.

L'un des membres de l'équipe de chercheurs, le Dr Warwick Vincent du centre d'études nordiques de l'université Laval, vient de rentrer d'une mission dans la région au cours de laquelle il a constaté les changements intervenus.

Rédigé par P@lp@tine

Publié dans #Geopolitique

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