Piraterie : Une dangereuse escalade .
Publié le 13 Avril 2009
L'execution des preneurs d'otages , tant par les forces spéciales Françaises qu' Etasuniennes , risque en effet de briser un consensus fragile qui s'était établi dans la région . Bien que choquant sur le plan moral il n'en restait pas moins essentiel pour limiter le niveau de violence lors des prises d'otages .
Comme le soulignait récemment un négociateur de la Lloyd's dans l'émission " Thalassa" , la piraterie dans la corne de l'Afrique est uniquement une " affaire économique " qu'il convenait de traiter éonomiquement .
C'est à dire en négociant les rançons ...........
Il soulignait égalemment que les pirates considéraient les otages comme " des biens de valeur " et qu'aucun acte de violence , et encore moins aucun meurtre , n'avait été commis .
Quelles étaient les bases de ce consensus :
- Les pirates n'exerçaient aucune violence contre les otages lors des attaques ou lors de la séquestration .
- Les forces militaitres présentes dans la région (Dispositif Atalante , de l''OTAN , de l'Us Navy et des autres marines ) ne jouaient qu'un rôle dissuasif . Une fois les pirates à bord , les militaires se refusaient à intervenir .
- Les compagnies de transport , les marins et les officiers se refusaient à armer leur navires , la seule défense des navires reposant sur les lances à incendie et une sanctuarisation de la passerelle de commandement . Même les agents de sécurité privés se trouvant à bord devaient être non-armés .
La présence d'unités d'infanterie de marine lors de la traversée de la zone dangereuse étant l'unique exception .
- Les compagnies d'assurance payaient les rançons , les compagnies de navigation maritime répercutant sur les marchandises la surtaxe des compagnies d'asurance et les primes versées aux équipages .
Cet équilbre fragile bien qu'immoral risque d'être rompu avec les executions de ce week-end d'autant plus qu'il semble que certains pirates avaient reçus l'assurance d'avoir la vie sauve et de pouvoir rentrer chez eux .
Dans la région , la parole donnée plus qu'un contrat écrit est la base des relations commerciales et des relations entre personnes et le non-respect de la parole , fut elle donnée sous la contrainte , est source de conflts .
Il suffit de se rapeller que les Emirats Arabes Unis ou une piraterie semblable existait au début du XIXeme siècle est devenu la " Côte de la foi jurée " ( Trucial coast ) apres une expédition militaire Britannique qui s'est conclue par l'octroi de concessions financières et politiques aux Cheiks locaux en échange d'un arrêt de la piraterie .
Les dernières déclarations du président Obama montrent qu'au contraire des Britanniques les Etats-Unis envisagent une épreuve de force dans la style des " Barbary wars " avec à la clef une intervention terrestre .:
" "I want to be very clear that we are resolved to halt the rise of piracy in that region and to achieve that goal, we're going to have to continue to work with our partners to prevent future attacks."
"We have to continue to be prepared to confront them when they arise, and we have to ensure that those who commit acts of piracy are held accountable for their crimes,"
Le danger d'escalade est d'autant plus grand que la " lutte contre la piraterie " risque d'être la justification , en y étant associé , des nombreux projets interventionnistes Etasuniens dans la région : Contre la milice Al-Shabab par exemple . La France , dont le suivisme actuel de l'administration Etasuniene est pitoyable , risque quand à elle d'être entrainée dans ces guerres avec le zele des nouveaux convertis .
Le remède interventioniste risquant , une fois de plus , d'être pire que le mal puisque les " Islamistes "sont la seule force qui s'oppose directement aux pirates dans leurs bases ...............
Quand à la " Police internationale des Mers " que MM.François Fillon et Nicolas Sarkozy essayent de créer devant l'ONU (1) , je crains - en fait je souhaite - qu'elle ne reste lettre morte . Initié à la conférence de Nyons apres l'arraisonnement du " Mar Cantabrico " par la marine Franquiste , le débat à toujours butté sur la souveraineté des états que ce soit au travers du " droit de poursuite " ou à celui de l'intervention sur un navire.
La solution ne passe pas une fois de plus par une solution " globaliste " mais " étatiste " : La restauration de la souveraineté Somalienne au Puntland ou , à defaut , une solution " economique "avec les pirates .
Liens : Obama pledges to fight piracy; pirates vow revenge
Islamists hunt for Somali pirates ( Article de France24 du 22 novembre 2008 )
Obama Team Mulls Aims Of Somali Extremists ( Article du " The Washington post " en date du 11 avril 2009 )
"Si la sécurité n’a pas de prix, elle a un coût: les assurances"
La riposte contre les pirates se prépare
Piraterie : CMA CGM instaure une surcharge dans le golfe d'Aden
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Articles associés : " Tigres Tamouls " : Sandokan victime du Tsunami de Décembre 2004 ?
" Most of the damage was in the coastal region of the semi-autonomous Puntland area, particularly the region between Hafun in the Bari region and Garacad in the Mudug region."
Bibbliographie et filmographie :
Article des " Annales politiques et litéraires" du 1937 : Vers la Police des mers ?
" Alerte en Mediterranée " - Film de Leo Joannon - 1937
( 1 )
Le vote, en juin2008 , de la résolution 1816 du Conseil de sécurité des Nations unies a été un premier signe de la mobilisation internationale contre la piraterie. La France et les Etats-Unis ont obtenu de haute lutte — en raison des réticences de pays comme l’Indonésie, qui redoutent un précédent — un régime dérogatoire à la convention des Nations unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982 à Montego Bay (Jamaïque).
Ce traité reconnaît la souveraineté de l’Etat côtier dans ses eaux territoriales ainsi que dans sa zone économique exclusive (200 milles) et n’admet la répression d’actes de piraterie qu’en haute mer. Désormais, l’entrée de navires de guerre est autorisée dans les eaux territoriales de la Somalie, avec l’accord du gouvernement de transition de Mogadiscio — seul reconnu internationalement — « dans le but de réprimer la piraterie et le vol à main armée en mer ». Mais ce droit de poursuite n’inclut pas l’instauration d’un dispositif de surveillance des bases et ports servant aux pirates.
Source : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/LEYMARIE/16470