Géopolitique des ressources : La Côte d'Ivoire , c'était bien pour le cacao !

Publié le 15 Avril 2011

Alors qu' " experts " et plumitifs se congratulent  de l'action de la pègre armée coloniale Française en CDI , je ne citerais pour mémoire que le géopolitologue du sérail Frédéric Encel - cosignataire de l'appel de notre nouveau MAE , le philosophe sioniste Lévy - ce soir au " Café Picouly " , une autre approche de l'intervention coloniale Française était développée par les spécialistes des questions de défense du " BRICS " , et en particulier au Brésil .

Cette analyse qui fait fi du prétexte des " drouâdelôms " souligne le fait que l'intervention Française en Côte d' Ivoire n'est qu'une tentative d'accaparement par les " puissances occidentales " de la principale richesse du pays , le cacao .

Ce pretexte humanitaire tient desormais de moins en moins la route puisque un journal à l'expertise reconnue comme La Tribune publie un article au titre explicite  :Pourquoi les chocolatiers se félicitent de la chute de Gbagbo  dont le début mérite qu'on le cite : " S'ils avaient pu voter, tous les grands chocolatiers auraient choisi Ouattara. La chute du clan Gbagbo, qui avait la main-mise sur la principale ressource végétale du pays, est une bénédiction pour la filière cacao qui l'appelait de ses voeux. "

 

Bien sûr , lorsque La Tribune parle de  " la filière cacao " il s'agit de la " filière cacao Occidentale " , ce qui explique in fine la teneur " critique "de l'article de La Tribune dont les rédacteurs ont du mal à cacher leur joie à l'annonce de la " chute du camp Gbagbo " .

L'article ommet bien sûr de signaler les développements de ces deux dernières années dans la filière et en particulier du rapprochement du " camp Gbagbo " avec le BRIC .

Confrontés à un enrichissement croissant de leurs populations  , les états de cette organisation ont du se tourner vers l'Afrique , et la CDI pour le cacao , pour satisfaire les nouvelles habitudes de consommation de ces populations et en particulier vers l'adoption de modes de consommation occidentaux dont le chocolat fait parti . Le cacao n'est pas le seul concerné puisque une autre matière première agricole suit un destin parrallèle , le café .

L'exemple caricatural pour ces deux matières premières est le Brésil puisque au delà du chocolat , c'est désormais le café qui risque de devenir un " goulot d'étranglement " pour le consommateur Brésilien .

Alors qu'il y a une dizaine d'années  le " grand bol de noir du matin " était un luxe innacessible pour des dizaines de millions de Brésiliens , celui-ci fait desormais parti du " mode de vie quotidien " y compris pour une population comme les ouvriers agricoles pour qui tout retour en arrière serait innadmissible  . Il en est de même du chocolat sous la forme des " barres chocolatées " , de tablettes et de " doces "  . Alors que la consommation de chocolat explosait , que les capacités de transformation devaient être préservées pour ne pas hypothèquer l'avenir  , le Brésil devait faire face aux conséquences de la maladie du " balai de la sorcière " qui avait frappé une grande partie de ses plantations , l'obligeant même à devenir importateur net .

La situation est comparable en Russie , en Chine et en Inde et au final ce sont plusieurs dizaines de millions de personnes qui deviennent chaque année de nouveaux consommateurs de ces deux matières premières .

Il ne restait donc qu'aux chefs politiques et économiques du BRIC que deux options : Passer sous les fourches caudines des sociètés Occidentales comme Cagrill , Callebaux pour importer ce cacao à un cout prohibitif ou nouer des partenariats avec des pays  producteurs .

C'est la deuxième voix qui a été choisie pour de simples considérations d'indépendance nationale au delà des considérations économiques . D'autre part , et comme au Brésil sinon encore plus , un " retour en arrière " serait innadmissible pour la frange de la population qui a desormais accés à ces produits de manière quotidienne .

Cette matière première , avec le projets d'ouvrir des plantations , a par exemple fait l'objet de discussions entre la Russie et le Venezuela lors de la dernière visite du président Hugo Chavez à Moscou . Signalons ici qu'au Venezuela le cacao  été déclaré " matière première stratégique " .Un autre pays en Amérique-Latine sollicité  par la Russie , mais aussi par la Chine et l'Inde , est le Guatemala . Les liens entre la Russie et la Côte d'Ivoire se sont considérablement renforcés avec la tenue du Salon du Chocolat à Moscou du 30 novembre au 2 décembre 2007 ou l'ambassadeur de la CDI Philibert Gnagno Fagnidi a été particulièremment courtisé par les transformateurs et chocolatiers Russes . Plus tôt dans l'année , Laurent Gbagbo recevait l'ambassadeur de la Fédération de Russie Oleg V. Kovalchuk ainsi qu'une délegation d'industriels Russes du secteur chocolatier dirigée par M. Sergueï  Pristupa venus lui présenter un projet particulièremment novateur et dérangeant pour les sociètés occidentales : La construction non seulement d'une usine de transformation des fêves en pâte à chocolat mais aussi d'une usine de transformation en produits semi-finis pour le secteur de la confiserie Russe et de " l'Europe de l'Est et la CEI " d'une capacité de 50 000 tonnes par an .

Au Brésil c'est l'ex ministre des Affaires Stratégiques du Président Lula , M. Samuel Pinheiro Guimaraes , qui a été le grand ordonnateur du rapprochement entre le Brésil et la Côte d'Ivoire y compris pour des raisons géostratégiques avec la création d'une " zone de stabilité " dans l'Atlantique Sud .

Des accords ont été conclus entre les deux pays , le  Centre national de recherche agronomique Ivoirien devant béneficier de l'expertise de l' EMBRAPA - L' INRA Brésilienne - dans la lutte contre les parasitoses touchant les plantations de cacaoyers , de la livraison de matériel agricole tandis que des industriels Brésiliens montraient leur intêret pour la construction d'usines de transformation des fêves en pâte à chocolat . Car c'est là une des caractéristiques des accords conclus entre les états du BRIC et la CDI : A contrario de la politique coloniale des sociétés Occidentales qui se contentaient jusqu' à un passé récent d'exporter des fêves , les états du BRIC agissant en tant que tels ou travers de proxys comme le Singapourien Olam international Ltd pour la Chine ont d'emblée placé la coopération avec la Côte d'Ivoire sous le signe d'un partenariat industriel , une politique que Laurent Gabgbo avait favorisé ces dernières années et que son adversaire Al Hassan Outtara ne cessait de critiquer dans son journal " Le Patriote " comme ce fut le cas lors du projet d'achat d'une usine de broyage de cacao aux Etats-Unis .

Ce tropisme " Pro-Bric " des producteurs de cacao Ivoiriens s'est confirmé apres l'instauration par la " communauté internationale " de l'embargo sur l'exportation des fêves . Ceux-ci ont depêché des émissaires à Moscou , New-Delhi et Pékin pour trouver des débouchés à leurs récoltes et à terme , la " crise Ivoirienne " se poursuivant ,  il n'était pas inenvisageable de voir la plus grande partie de la production Ivoirienne partir vers ces pays pour ensuite revenir en " Occident " ou la demande persiste ! On imagine les conséquences d'une telle situation pour les chocolatiers  Occidentaux et l'urgence d'en finir avec le " camp Gbagbo " . Alors que  la France dénonçait la "spoliation des entreprises des filières cacao et café présentes en Côte d'Ivoire"  après la décision de M. Gbagbo de contrôler l'achat et l'exportation du cacao et que les Etats-Unis parlaient  de "vol" ,  Laurent Dona Fologo - président du Conseil économique et social -  rétorquait " Le monde n'est pas fait seulement de l'Europe. Le monde est vaste"."Toutes les sociétés, d'où qu'elles soient, européennes, africaines, américaines, asiatiques, qui souhaitent avoir des relations commerciales avec la Côte d'Ivoire sur le café-cacao, sont toujours les bienvenues" Si nous avons d'autres marchés pour acheter notre café et notre cacao, je ne vois pas pourquoi on hésiterait" .

 

Les "  experts " , les géopolitologues , les plumitifs ,  doctes diplomés de tel IEP , chercheur dans tel centre analytique Parisien ou blogueur de la page " géopolitique " de tel quotidien national , vous diront : " Mais voyons ma bonne dame , au XXI éme siècle on ne fait plus la guerre , car il s'agissait bien ici en Côte d' Ivoire d'un acte de guerre de la pègre armée Française , pour des ressources naturelles et à fortiori pour du chocolat ! On " intervient " pour les droits de l'homme ! "

Il suffit de se rendre à Brasilia , Moscou , Pekin , New Delhi pour y entendre un son de cloches tout à fait différent et dans ces pays là on n' a pas peur de pronnoncer les mots et les expressions qui " fâchent " : Guerre , ressources , matières premières , intervention coloniale , accaparement !

 

 

Oui ! Au début de ce XXI éme siècle on continue de faire la guerre pour des ressources naturelles et celles-ci risquent de se multiplier : On ne fera pas la guerre , on n' " interviendra " pas seulement pour les hydrocarbures , le lithium , les terres rares mais aussi pour le blé , le coton , et le ... chocolat - les soft commodities - et bien sûr l'eau !

 

Au delà de dénoncer l'intervention colonialiste de la France en Côte d'Ivoire , cette intervention de la pègre armée Française dans la guerre civile Ivoirienne  pose une question d'éthique :L'actualité s'est fait écho des " diamants du sang "* , l'une des parties à un conflit civil n' ayant pas l'heur de plaire à la " communauté internationale " , alors allons nous parler du " chocolat du sang " ?

Le cacao Ivoirien sera desormais frappé de la marque indélébile des massacres commis à Duékoué et ailleurs par la soldatesque d' Al Hassan Outtara . Des massacres commis avec l'appui logistique de la pègre armée Française et en pleine connaisance de cause de ses chefs politiques et militaires puisqu'il apparaît que " l'offensive éclair " des soudarts de Outtara s'est faite avec l' " expertise " de conseillers militaires Français .

Il n'est pas exagéré de parler de " chocolat du sang " et d'envisager des actions de boycott contre les sociétés Occidentales qui commercent le cacao en CDI !

 

 

  Note de l'Editeur : Une de mes  belle-soeurs s'est " lancée " il ya 5 ans dans la production de cacao au Brésil . Elle posséde actuellement une exploitation de 40 hectares ce qui lui permet de vivre , avec les cours actuels , selon des " critères occidentaux " : voiture , electromenager , enfants dans des écoles privées , vacances annuelles à Rio .... ! Ces cours devraient doubler au cours de la décennie à venir .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par DanielB

Publié dans #Interventions coloniales en Afrique

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F
<br /> <br /> Forço interessant. Ne fau ressou dien "Mistralenc".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L'image "Y'a bon Banania" est à double tranchant. Un de mes tout premiers articles lui était consacrée.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En fait c'est l'image de cet Africain souriant qui m'a éduqué chaque matin au non-racisme, à une époque où les Noirs n'étaient pas si nombreux en métropole.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://mistralenc.over-blog.com/article-y-a-bon-banania-64409034.html<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Voici un article israélien qui demande le jugement de Sarkozy au TPI :<br /> <br /> <br /> http://mistralenc.over-blog.com/article-un-journau-israelian-reclamo-lou-jujomen-de-sarkozy-davant-lou-tpi-71818344.html<br /> <br /> <br /> http://mistralenc.over-blog.com/<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />