Issaïev est de retour .

Publié le 26 Octobre 2009

Notre Tchékiste préféré est de retour cette semaine sur les écrans de la télévision Russe .

Après avoir déjoué les tentatives conjointes de l’émigration Russe Blanche et des services de renseignements de la République de Weimar de s’emparer des pierres précieuses du Gokhran

, Maxim Maximovitch Issaïev est chargé d’une mission éminemment géopolitique et d’actualité .

Il s’agit d’empêcher la constitution d’une «  République Russe d’Extrême Orient  » manipulée par les services secrets Japonais , de découvrir qui l’arme et qui la finance ( ça on a des doutes ……. ) et d’empêcher le ralliement de l’ataman Semionov aux factieux .

Nous sommes en 1922 et le contexte est celui des interventions des armées Occidentales contre la jeune Russie Soviétique et plus particulièrement celui de l’intervention Japonaise  en Sibérie .

Un groupe d’émigrés Russes blancs , dirigé par deux frères ( les frères Merkulov , a constitué une République Russe d’Extrême Orient à Vladivostok  affidée aux intérêts Japonais et cherche à chasser le pouvoir Soviétique de toute la Sibérie .

Sous la couverture d’un journaliste ( mes amitiés  à Mme Lorraine Millot que j’ai eu le plaisir d’apostropher lors d’une réunion à Marseille sur ce sujet  ) , l’agent Issaïev s’embarque à bord du Transsibérien  pour l’Extrême Orient Russe .

Une voix-off nous apprend que son supérieur qui lui a reservé un compartiment entier ( «  Les Tchékistes en mission voyagent comme les ministres  » )  sera victime , ou peut être vrai coupable , des procès de Moscou de 1936 et condamné à mort pour espionnage et " menées contre-révolutionnaires " .

Issaiev étant un gentleman-Tchékiste est polyglotte : Il lit «  The Times  » ou il trouve un article de John Maynard Keynes sur le Traité de Versailles , un article de «  L’Eclair  » qui évoque le réarmement naval secret de l’Allemagne avec les études à Wilhelmshafen d’un nouveau croiseur " Emden " de la classe Koenigsberg II , le " Berliner Zeitung " qui parle de la construction dans le sud de Berlin d'un nouveau type de routes capables de supporter des véhicules blindés .Issaiev évoque avec  son supérieur  la nécessité de parler plusieurs langues dont l’Allemand , un clin d’œil a ses futurs activités sous le pseudonyme de « Max Otto von Stirlitz » au sein du Smersh .

( Ses missions au sein du Smersh ont fait l’objet d’une feuilleton culte des années 70 de la télévision Soviétique et ont contribué à redorer l’image des services de sécurité au sein de la population Soviétique ) .

Prophétique , il évoque le jour ou l' Europe va considérer l'URSS comme son ennemi principal avant l'Allemagne .
De la même manière , parlant des projets autoroutiers et navals de l'Allemagne du début des années 20 , il dit
" Ca , cela s'appelle préparer l'avenir ! "
Ce faisant il est le porte parole d'historiens et d'écrivains qui affirment , comme le fait Christian Bernadac dans son livre sur la Kriegsmarine , que les chefs politiques et militaires de la République de Weimar ont forgé les outils intellectuels , industriels et militaires du Nazisme .

Les deux premiers épisodes se passent dans l’atmosphère interlope de la ville de Vladivostok ou se côtoient conjurés et affairistes Blancs , demi-mondaines de l’émigration Russe devenues chanteuses dramatique de cabaret avec une coiffure à la Louise Brooks [ Mon type de femme préférée , celles avec une coiffure à la garçonne comme dans la dernière pub de Nivea  – NDLR ] , consuls et agents de renseignements Japonais , officiers cosaques Rabelaisiens voulant se rallier à la rébellion et évoquant leurs campagnes , cavaliers en Bachlik assurant l’escorte de la Rolls-Royce d’un ministre factieux ……..

Les rencontres entre Issaiev et un de ses informateurs à Vladivostok se font dans un bordel-fumerie d’opium , tenu on le suppose par la «  Société du Dragon Noir  » , au nom évocateur de «  Banzaï  » , on y voit des officiels Blancs dans la galante compagnie de Geishas .

Les personnages sont tout aussi fouillés et complexes que dans la série précédente : Sur le chemin qui le mène vers l’Extrême-Orient Issaiev entrevoie son père en train de réchauffer un thé sur un poêle dans une gare perdue dans la Taïga ( Un instant il se voit poser son épaule sur la sienne au lieu de continuer sa mission ) , un affairiste Blanc cynique se  moque dans un cabaret de l’intelligentsia Russe émigrée elle aussi à Vladivostok et à laquelle il affirme " qu'il ne reste pas plus de Russie que de culture Russe "  , l’ataman Semionov se pose en soldat face aux conjurés Blancs de Vladivostok qu’il traite de mercantis qui «  négociaient l’or de la Russie pendant qu’il affrontait les balles des Rouges et enterrait ses frères d'armes  » et pour qui la «  Sibérie est Russe  » et ne peut se vendre aux intérêts Japonais ou Etasuniens . Il dénonce les " manières enjuivées " des frères Merkulov qui négocient sa place au sein du gouvernement Russe d'Extrême Orient alors qu'il est venu " pour combattre et anéantir cette merde Rouge puis repartir " .

Cette discussion animée se déroulant sous le portrait du Tsar Nicolas II .
De la même manière dans une isba , en route de Khabarovsk vers Vladivostok , Issaïev rencontre un forestier dont l"un des fils a été tué par les Russes Rouges et l'autre par les Russes Blancs  et qui ironise sur la notion de " camp " dans une guerre civile .
On l’aura cependant deviné , les «  Rouges  » ont une primauté morale sur les «  Blancs  » : Un agent de la Tchéka , Vassiliev , capturé par les services de contre-espionnage du gouvernement factieux n’hésite pas à se suicider en se jetant par une fenêtre pour ne pas parler et ne pas révéler l’identité d’Issaiëv sous la torture , le ministre aux armées envoyé par le gouvernement Soviétique , le géneral Blücher , est blessé de guerre et doit être soigné en mission . Il est porteur à son arrivée d ‘un petit cercueil que l’on suppose être celui de sa fille décédée lors du voyage qu’il a entrepris avec son épouse depuis Moscou . La scène ou il défile , portant ce petit cercueil le visage fermé , devant un peloton de gardes-rouges sous les accords d’une «  Internationale » rachitique est particulièrement émouvante et «  humanise » le personnage qu’un a-priori nous suggére implacable . Cette mission il l'a accepté malgres sa demande de rester à Moscou pour soigner son enfant malade .

Le personnage du Colonel Yacinthe , chef des services de contre-espionnage du gouvernement de Valdivostok , n'est pourtant pas lui aussi tout à fait " noir " même s'il avoue " pratiquer trois niveaux de cruauté dans ses interrogatoires " .
Lors d'une discussion avec Issaïev , on apprend qu'avant la guerre civile il avait entrepris des études de mathématiques et de musique et que les " événements " l'on conduit là ou il exerce ses sinistres fonctions .
 Ces épisodes évoquent aussi l’Armée Rouge en Extrême-Orient .

Celle-ci est une bande désorganisée dont l’Etat-Major se trouve à Khabarovsk  : Parlant devant le ministre aux armées de son état , un officier décrit , d'" homme à homme" , le «  manque de cadres instruits  » , des anarchistes et « comités de soldats » qui prennent le pouvoir , des " personnes  instruites que je cherche à recruter au sein de l'Etat-Major et qui sont systématiquement considérées comme des ennemis du Peuple "  et qu’il «  suffit d’un coup de boutoir des Blancs pour que ceux-ci nous rejettent sur l’Oural  ». : «  Il n’y a plus d’Armée – On tient par miracle !   »

Le ministre aux armées Blücher assiste à l’une de ces réunions des comités de soldats ou il est obligé d’entériner le choix de l’officier- commandant par la troupe après que celle-ci ait discuté de ses mérites .

Mais comme il le dit «Citoyens soldats , camarades , comment voulez faire la guerre au milieu d'une telle anarchie ? Vous êtes ici dans l’Armée Rouge et vous êtes en guerre pas dans une réunion de gamins dans un bac à sable  »

Suprême humiliation : Il se voit offrir par la troupe un étalon qui manque de le jeter par terre devant ses soldats  .

Son discours est émouvant «  Nous sommes en guerre depuis sept ans et je suis venu ici pour que cette guerre soit la der des der  , pour que nous puissions enfin rentrer dans nos foyers »

Sur le plan esthétique , le générique constructiviste de la série précédente est remplacé par des photos régimentaires et privées  ( officiers en famille )  bistres de l’Armée impériale Russe de 1914 ( celles fameuses avec des popes bénissant la troupe ) .

La «  couleur  » est remplacée par une «  colorisation  » d’un Noir & Blanc ou seules tranchent des nuances bistres et délavées ( vert pâle et sombre des uniformes , rouge sombre du drapeau Soviétique  , kaki , marron sombre ou délavé des meubles et des boiseries , bleu sombre des uniformes des gardes-côtes , ……) sur le N&B des costumes civils  , des bachliks  en caracul , des coques des navires ou de la neige .La mer est grise ou bleue-grise ,à peine les visages ont ils leur couleur chaire claire .

Des documents d’actualité d’époque montrent une locomotive à vapeur frappée de l’Etoile Rouge fonçant à travers l’immensité Sibérienne et franchissant le célébrissime pont à treillis de Khabarovsk .

Des scènes qui nous plongent dans un atmosphère indescriptible et que l’on a donc des difficultés à retranscrire par écrit : Celle de la délégation de l’ataman Semionov en uniforme modèle 1892 à bord d’un remorqueur avec sa garde en Bachlik et armée de sabres par exemple , des gardes-côtes de la République Russe d’Extrême Orient à bord d’un destroyer cedé par les Japonais avec des uniformes de l’US NAVY  , de cette salle de torture des services de contre-espionnage du gouvernement Russe Blanc dirigée par le Colonel Yacinthe , de la masure qui tient lieu de quartier général à l’Armée Rouge d’Extrême-Orient à Tchita  , du consulat et du bordel-fumerie Japonais .

Bien sûr , l’ombre du «  Baron fou  » Ungern-Stenberg , et celle aussi de Corto Maltese , ne cesse de planer bien que nous soyons dans l’Extrême-Orient Russe et non pas en Mongolie .

Sans oublier le personnage de Richard Sorge .

L’ombre des documents publiés au début du mois de septembre par le SVR elle aussi plane sur cette nouvelle série des aventures du Tchékiste-gentleman Issaïev puisque ceux-ci évoquent justement cette émigration Russe Blanche en extrême orient et son activisme au sein des réseaux Prométheistes en relation avec les services de renseignements Japonais et Polonais . 

Les techniques de manipulations , toujours d’actualité , sont évoquées comme la diffusion par un agent de la Tcheka au rédacteur d’un journal Etasunien de Vladivostok , " Vladivo-News " ( Vladivostok Daily News )  , d’une fausse déclaration  de l’ataman Semionov destinée à semer la zizanie entre celui-ci et les autorités factieuses de Vladivostok .

Celui ci évoque l'echec des pourparlers avec le gouvernement factieux de Vladivostok ,remettant ainsi en cause l'aide militaire Japonaise .
Bien sûr cette ( fausse ) information est monnayée , 70 dollars de 1922 , et on ne peut s'empêcher de s'interroger sur  la validité des depêches d'agences contemporaines qui parlent de " source desirant garder l'anonymat et proche des  milieux du renseignement "...
Réponse vipérine du rédacteur au colonel Yacinthe qui lui reproche de «  faire le jeu des Bolcheviques » .

«  Une presse libre ne révèle jamais le nom de ses sources et de ses informateurs ……..

Ce qui nous sépare [ Nous les Américains de vous , Russes Blancs factieux ]  c’est l’Océan , mais aussi la démocratie »

Le colonel lui répondant " Pour moi l'Americanisme n'est pas une démocratie ( effective ) mais un idéalisme"

Bref de la ( très ) bonne ( excellente ) télévision «  Nationale – Patriotique  » , et historique , comme en produit la Russie depuis quelque années et que l’on aimerait tant voir sur nos lucarnes .

On peut en effet se poser la question en quoi les aventures d’Issaïev sont plus «  exotiques  » pour nous Français que les démêlés d’une équipe de la police scientifique Newyorkaise  avec les crimes les plus sordides qu’un cerveau de scénariste puisse imaginer , que les amours incestueux et extra-conjugaux de la bourgeoisie de la Côte-Ouest ou des aventures d’une famille de pétroliers Texans .

Tout le monde ne partage pas en tout cas les goûts ( ! )  notre président qui a affiché son amour de la ( sous )-culture Etasunienne , et des ses Kulturträgern télévisuels que constituent les «  séries  », plutôt que des cultures Russes ou Chinoises .

 Commentant la diffusion des séries " Isasïev " et " Admiral " , un historien Russe souligne le fait que " désormais les jeunes n'apprennent plus l'histoire qu'au travers des séries télévisées , des films et des jeux vidéos " . Avec lui on peut souligner l'importance de ces vecteurs et regretter la manière dont cette histoire est sacrifiée à la " mémouare " sous nos latitudes .

 

J’ai évoqué au début de cet article l’actualité de cette série télévisée .


Il s’agit  bien sûr de la dispute territoriale à propos des îles Kouriles qui perdure malgré le changement de gouvernement à Tokyo . [ 1 ]

Il s’agit aussi de ces manifestations du mois de décembre 2008 à Vladivostok qui se sont faites sous les couleurs Japonaises .

Elles étaient consécutives à l’adoption par le gouvernement Russe de taxes sur les véhicules d’importations et frappaient principalement les importateurs de véhicules Japonais dans cette ville  . Dirigées par un groupuscule qui s’autoproclamait «  Les tigres de Sibérie  » ( TIGR ) [ 2 ] - [ 3 ] , elles véhiculaient ( sic ! )  aussi des slogans autonomistes et sécessionnistes tout en appelant à l’assassinat du Premier Ministre Russe . Largement relayées par la «  presse occidentale  » et par l’ex-directeur de Radio Free Europe et officier de la CIA Paul Goble , ces manifestations apparaissent de plus en plus avoir été dirigées «  par des intérêts étrangers  » , comme le suggéraient depuis le début des députés de la Douma , à l'exemple de Vladimir Pekhtin député du Primorié , et des officiels du FSB et du MVD  . [ 4 ]

Celui-ci a depuis mis fin à ces activités subversives . Les petit-fils d’Issaïev sont dignes de leur aïeul .

  Le 25 octobre est la date anniversaire de la victoire Soviétique contre les factieux Blancs de l'Extrême-Orient Russe .[ 5 ]

 

Note de l’Editeur :

J’évoquerais avec mon ami Bernard de COMAGUER sur les ondes de «  Radio Galère  » la situation politique internationale des années 1919 à 1939 et la «  Longue piste des traités

cassés  » qui de la «  Paix de Versailles  » au «  Pacte Germano-Soviétique  » ont mené à la Seconde Guerre Mondiale .

La situation en Extrême-Orient et les relations Soviéto-Japonaises seront bien sûr au menu .

Nous y parlerons du rôle de l’armée du Quantung , de la lutte des clans  Sho-Shu et Satsumas au sein de  l’appareil politico-militaro-industriel  Japonais , peut-être du rôle des sociétés secrêtes comme la «  Société de l’Amour  » ( Société du Dragon Noir ) ou du Katsumeidan ( la ligue des frères du sang ) dans le militarisme et l’impérialisme Japonais des années 20-30 .

Bien sûr le «  Géoconstructivisme  » ( nation building ) d’André Chéradame dans les Balkans et de «  The Inquiry » , les projets de «  République de Tchita  » et de «  République Russe d’Extrême-Orient   » évoqués encore lors  des dernières présidentielles Etasuniennes par le sénateur John Mc Cain  et que les amateurs de «  Risk  » connaissent très bien  , feront parti de la discussion .

Nous avons pour document de travail , entre –autres ,  l’excellentissime « La lutte pour le Pacifique  » publié en 1936 par Gregory Bienstock qui se révéle à l’aune des «  évènements survenus en Europe et dans le Monde entre 1933 et 1945  » comme prémonitoire .

L’émission est prévue pour la mi-novembre .

Mes amitiés à toi Bernard .

 

Liens
[ 1 ]
"Occupation" des Kouriles: la position de Tokyo selon un ministre japonais - Article de Ria Novosti du 20 octobre 2010 .

[ 2 ] Grogne des automobilistes russes: la police disperse une manifestation à Vladivostok - Article de Ria Novosti du 21 décembre 2008 .

[ 3 ] 1,000 Protest Against Government In Russian East .
[ 4 ]
Организаторы протестов в Приморье, по мнению властей, добиваются отделения Дальнего Востока от России - Article de Nesavissimya Gazeta du 16 janvier 2009 .
[ 5 ]
Чему научил и может научить опыт Дальневосточной республики - article de ZRpress du 25 octobre 2009 .

La page de la nouvelle série " Пароль не нужен " des aventures d'Issaïev .

JAPAN'S DARK BACKGROUND 1881-1945 - Etude sur les sociétés secrêtes Japonaises ( En )
Siberian Intervention - Page Wikipedia sur l'intervention Japonaise en Sibérie et dans l'Extrême-Orient Soviétique

Siberian separatism - Page Wikipedia sur le séparatisme Sibérien

Page Wikipedia  sur le gouvernement provisoire du Primorié et contexte historique de la série " Isasiev "

Bibliographie conseillée .

 

 La lutte pour le Pacifique  - Grégory Bienstock – PAYOT – Paris – 1936

 Japan baut sein Reich  » - Karl Haushofer – 1936

 Japan in der welt – Anton Zischka - 1936

 De l’Aigle Impérial au Drapeau Rouge  - Ataman Krassnov - PAYOT - Paris - 1927

 Bêtes , hommes et dieux . L’énigme du roi du Monde  - Ferdinand Ossendovsky – J’ai lu – Paris – 1972 [ Sur la guerre civile en Extrême Orient et le Baron Ungern-Sternberg ]

 La Kriegsmarine   - Christian Bernadac – FRANCE-EMPIRE - Paris - 1974

La Garçonne - Victor Marguerite 
Tintin et le Lotus Bleu  - Hergé – Casterman

Corto Maltese en Sibérie  - Hugo Pratt - Casterman - 1979

Time magazine – archives 1923 à 1940

L’Intransigeant – archives 1920 à 1940 ( Reportages d’Antoine Zischka )

Les annales politiques et litteraires – archives 1920 à 1940

 

Filmographie conseillée

 

«  Admiral  »

«  Passagirka »

« Docteur Jivago   » ( On y retrouve les personnages d’un commissaire aux armées en Sibérie ,des «  événements » en Extrême-Orient , de la guerre civile en Sibérie )

«  Reds  » - Warren Betty -

Rédigé par DanielB

Publié dans #Kulturkampf

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