Le groupe pétrolier BP veut s' implanter dans l'arctique Russe ...pour sauver la Grande-Bretagne de la pénurie énergetique .
Publié le 5 Février 2010
L'info est parue le 21 janvier dernier mais à cause du retard pris je n'ai pu terminer l'article que ce soir mais ça valait le coup d'attendre . Vous verrez pourquoi à la fin de l'article ! J'ai même été obligé d'en modifier le titre .
Le groupe pétrolier BP a annoncé qu’il était intéressé par des investissements dans l’arctique Russe et est prêt à apporter ses technologies les plus avancées pour le développement de cette région. [ 1 ]
Parlant au cours d’une réunion le 21 janvier dernier , Tony Hayward , le CEO du groupe BP a annoncé que celui-ci était prêt à apporter son expertise en matière de travaux pétroliers dans les régions polaires , off-shore et on shore , pour participer au développent de l’arctique Russe .
Il a mis en exergue la présence du groupe en Alaska, au Canada et dans l’arctique off-shore Norvégien :
« Construisant sur cette expérience, nous accueillerons avec plaisir toute occasion pour déployer notre technologie et nos compétences pour explorer et exploiter de la même manière les ressources de l’arctique Russe »
Le groupe BP est déjà présent en Russie avec la société TNK-BP , joint venture à parts égales entre le pétrolier occidental et quatre oligarques Russes .
Cette joint-venture assure le quart de la production du groupe pétrolier BP .
L’année dernière le groupe TNK-BP a démarré des projets sur le site de Verkhnechonskoye
en Sibérie Orientale et les sites d’Uvat et de Kamennoe en Sibérie Occidentale .
A Kamennoe le groupe utilise sa technologie « field of the future » qui consiste à câbler par des fibres optiques des capteurs placés à divers endroits du puits de forage . [ 2 ]
Les données recueillies sont ensuite transmises par une liaison sans fil à un centre de contrôle.
« Ces technologies ainsi que d’autres permettent de développer des gisements qui sinon ne seraient pas rentables . Je pense que l’industrie du pétrole et du gaz doit être considérée comme une industrie de pointe . Au cours des années nous avons fait des progrès extraordinaires qui repoussent les frontières techniques et physiques , que ce soit dans le domaine de l’off-shore profond , les structures gazeuses complexes [ schistes gazéifères – NDLR ] ou les conditions de glace de l’Arctique »
Dans ses gisements Sibériens le groupe BP utilise aussi la cartographie sismique 3D et l’injection d’eau pour augmenter la quantité de pétrole récupéré ainsi que pour augmenter la durée de vie des gisements .
Note de l’éditeur .
Il est intéressant de noter que malgré la dispute qui a opposé le groupe BP aux actionnaires Russes de TNK-BP , [ 3 ] le groupe pétrolier Britannique ne cherche pas à se désengager du secteur pétrolier Russe et veut au contraire continuer à y investir .
De la même manière , après l’appel lancé par le premier ministre Vladimir Poutine aux investisseurs occidentaux pour mettre en valeur les gisements gaziers du Yamal [ 4 ] , la presse Anglo-Saxonne , The Financial Times , The Wall-Street journal , The Economist , The New-York Times , The Telegraph , The Guardian …[ 5 ] ont appelé les sociétés pétrolières occidentales à ne pas répondre à cette offre , la Russie étant selon ces médias « en position de demandeur » ou « au désespoir », une situation dont il fallait profiter pour « exercer des pressions » et exiger une libéralisation du secteur et des droits accrus pour les investisseurs occidentaux .
" But Western companies should pause and think. They’ve been burnt before – as when Shell was bullied out of the Sakhalin-2 gas project three years ago. Since then, the legal framework under which Western companies operate hasn’t improved a bit. "
Cette offensive était relayée par la blogosphère traitant de l’actualité énergétique de la Russie : Citons le blog de Robert Amsterdam , l’avocat de l’escroc Mikhail Khodorkovsky qui avait essayé de céder à vil prix des pans entiers du secteur pétrogazier Russe à des multinationales Anglo-Saxonnes , ou The Streetwise professor .[ 6 ]
"Like the Telegraph says, absent credible, enforceable legal safeguards, western investors should avoid Putin’s blandishments like the plague. The existence of a resource is a necessary, but by no means a sufficient, condition for a profitable investment. To profit, you must be able to protect the asset against the predations of the state. These protections are completely absent in Russia. STAY AWAY."
Malgré le « nihilisme légal » que dénoncent tous ces organes , le secteur pétrogazier Russe de l’arctique reste donc attractif et les sociétés occidentales sont prêtes à y investir et ceci aux conditions proposées par l’Etat Russe [ 9 ] .
Il semble que l'attitude de BP soit motivée par la récente pénurie de gaz survenue en Grande Bretagne qui a obligé celle-ci à importer du gaz Russe .[ 7 ]
S'exprimant dans les colonnes de The Guardian hier [ 8 ] , Tony Hayward enjoint le gouvernement Britannique à renoncer à ses rêves ambitieux des parcs éoliens en haute mer qui selon lui ne délivreront au mieux que 15 Gigawatts au lieux des 25 Gigawatts attendus .
Pour faire face à ses besoins énergétiques la Grande-Bretagne doit développer les économies d'énergie et l'efficacité énergétique , des voitures plus lègères et des bio-carburants .Ce sont pour lui les voies les plus économiques pour accroîre l'indépendance énergetique tandis que les solutions les plus médiatisées sont beaucoup moins efficaces économiquement .
Pour Tony Hayward l'éolien restera encore longtemps une énergie non rentable ou que ce soit et qui va réquérir l'intervention des états .
Il considère aussi que la Grande-Bretagne doit d'avantage se tourner vers le gaz naturel , y compris le gaz Russe .
L'approvisionnement gazier de la Grande-Bretagne doit se composer d'un mélange des ressources restantes dans la Mer du Nord et d'importations .
Le Royaume-Uni doit cesser d'avoir une vision " paranoïaque " , ce sont ses propos , des importations de gaz en provenance de Russie et que du gaz acheminé par des gazoducs ou par des méthaniers est la meilleur solution pour faire face aux défis du réchauffement global et de la pénurie énergétique .
" Il y a beaucoup gaz dans le monde . Il ya plusieurs sources d'approvisionnements dans le monde .
Il ya eu une paranoïa vis à vis de la Russie mais elle était déplacée . Nous avons actuellement 0% de gaz Russe importé et si vous regardez le reste de l'Europe les importations de gaz Russe y ont diminué de moitié depuis les années 80 "
Tony Hayward a d'autre part souligné que la possibilité d'utilisation du gaz naturel comme une arme énergétique par la Russie a été " massivement exagéré " !
Pour Tony Hayward , le fait que le Royaume-Uni puisse importer jusqu' à 10% de gaz Russe en provenance de Sibérie [ Et pourquoi pas du Iamal - NDLR ] ne pose pas de problèmes si 90 % des importations proviennent d'autre pays comme le Qatar , l'Algérie ou la Norvège .
Apparament , Mr Tony Hayward ne prend M. Vladimir Poutine pour un comique !
Le CEO de BP a aussi admis que le Royaume-Uni était à un tournant de son histoire énergétique et que les nouvelles structures d'approvisionnement et de production qui se metteront en place ne pourront l'être sans une intervention massive du gouvernement .
Liens :
[ 1 ] BP offers technology, expertise to develop Russia's Arctic deposits – Depêche de Ria Novosti du 21 janvier 2010.
[ 5 ] Putin call to Western gas groups shows desperation – Article de The Telegraph du 24 septembre 2009.
[ 6 ] Vladimir Putin, Comic – Editorial de The Streetwise Professor ( ! )
[ 8] Dash for gas is UK's best energy strategy, says BP chief - Interview de Tony Hayward à The Guardian du 4 février 2010 .
Articles associés :
[ 4 ]Yamal: feu vert aux investissements étrangers dans les gisements gaziers du " Qatar arctique " .
[ 7 ] Sécurité énergétique Européenne : On a tous besoin du gaz Russe , même l'Angleterre !
Documents
Le groupe BP dans l'arctique ( En )