Russie et France doivent surmonter ensemble la crise des chantiers navals (Amiral Forissier)

Publié le 10 Mars 2010

MOSCOU, 10 mars - RIA Novosti

La Russie et la France ont besoin de conjuguer leurs efforts pour surmonter la crise économique affectant les chantiers navals, a confié jeudi à RIA Novosti le chef d'état-major de la Marine française, l'amiral Pierre-François Forissier.

Selon lui, les deux pays doivent apprendre à travailler conjointement, car ils ont besoin de confiance mutuelle et de coopération bilatérale.

La France est confrontée à la crise comme de nombreux autres pays du monde, a constaté l'amiral, ajoutant que les carnets de commandes s'étaient réduits dans tous les secteurs de l'économie.

Il estime néanmoins que grâce à la coopération avec la Russie, les chantiers navals français pourraient se remettre à flot.

La Russie envisage d'acheter à la France quatre porte-hélicoptères de type Mistral.

Début mars, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue russe Dmitri Medvedev en visite en France, le président Nicolas Sarkozy a déclaré que les parties étaient tombées d'accord sur la construction du premier bâtiment de la série par les chantiers de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), qui connaissent de graves difficultés économiques
.

Note de l'Editeur

La Russie a lancé un programme ambitieux de restructuration de ses chantiers navals , plus particulièremment en ce qui concerne le cluster maritime Russe de l'arctique qui continue à souffrir de goulots d'étranglements comme un manque de personnel qualifié et de productivité qui handicapent des projets comme la modernisation du porte avions  "  Amiral Gorchkov "     destiné à l'Inde ou la réalisation de commandes civiles .[ 1 ]
Les chantiers Sevmash ont ainsi été condamnés récemment à une amende de 43 Mio USD pour n'avoir pas pu honnorer une commande de 12 chimiquiers destinés à une société Norvégienne .
Les chantiers Russes ont eu en outre à souffrir de la dispartion de l'URSS et de la perte de formes comme celles de Nikolaïev située sur le littoral de la Mer Noire .
La Russie a procédé à l'acquisition des chantiers Wadan-yards en Allemagne afin de procéder à des transferts de technologie et suppléer au manque de capacités de ses infrastructures tandis que la construction d'un nouveau chantier naval est prévue dans le golfe de Finlande .[ 2 ]
Le premier ministre Russe a aussi annoncé un plan d'investissement de 5 Mia USD pour la construction navale dans l'Extrême-Orient Russe . [ 3 ]
Le possible achat de BPC de la classe Mistral  serait  il donc le précurseur d'une politique de coopération en matière de construction navale entre la France et la Russie alors que les projets de développement du secteur pétrogazier Russe de l'arctique nécessiteront le lancement de 307 navires de tous types[ navires de prospection sismique , de forage , de pose de pipelines , d'assistance aux plateformes de forage , tankers ,....... ] d'ici 2030 pour les seules sociétés Gazprom et Rosneft  ?
Les sociétés Russes envisagent aussi d'acquérir pres de 280 chalutiers durant cette période .

Actuellement les entreprises Russes opérant dans l'arctique [ Sovcomflot , Norisk Nikel , Gazprom , Rosneft  - NDLR ] se fournissent , lorsqu'ils ne font pas appel à des chantiers Russes , auprés de chantiers navals Scandinaves , Sud-Coréens et mêmes Espagnoles et il serait temps que la France se saisisse de cette oportunité  .
Il serait aussi temps que nos chefs politiques reconnaissent le caractère stratégique de cette activité comme l'ont fait les Russes et que l'état  lui apporte son soutien malgrés les injonctions de Bruxelles .

La construction navale Russe emploie prés de 160 000 ingénieurs , techniciens et ouvriers répartis dans 168 entreprises situées pour la plupart dans le Nord-Est de la Russie .

Liens :
[ 3 ] Putin estimates $5bln for shipbuilding in Russian Far East by 2020 - Depêche Ria Novosti du 28 décembre 2009 .

Articles associés :
[ 1 ] Grandes manoeuvres dans la construction navale
[ 2 ] Pacte Germano-Russe : Wadan Yards sur le point de devenir Russe .

Rédigé par DanielB

Publié dans #Marine marchande

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T
<br /> Premièrement, sur la seule déclaration de l'amiral Forissier, c'est surprenant. Il a réussi à établir un axe de développement d'une relation stratégique en quelques lignes ! C'est très lourd comme<br /> implication tout ce qu'il sous-entend.<br /> <br /> Le civil est très riche de possibilité. La simple différence salaire et les capacités qui existent en Russie pourraît suffire à créer une coopération fructueuse. Le développement des Chantiers de<br /> l'Atlantique dans le secteur des navires de service énergétique prendrait tout son sens avec une telle alliance. Ajouter à cela l'intérêt russe de GDF et EDF et vous obtenez de riche perspective.<br /> Surtout si l'Etat actionnaire fait son travail : actionnaire de chantier, actionnaire d'énergéticien, comment faire travailler efficacement mon porte-feuillle d'action ?...<br /> <br /> Mais passons rapidement au militaire.<br /> <br /> Ria Novosti avait délivrer deux dépêches importantes sur la relation navale entre russe et français. La première évoquait la possibilité d'une acquisition de BPC par la Russie. On connaît la suite.<br /> La seconde évoquait un porte-avions franco-russe... Ce projet serait d'une richesse formidable pour nos deux pays. Par une architecture industrielle commune (et réellement intégré) on pourrait<br /> trouver des économies d'échelles. L'amiral français n'annonce, peut être, rien de moins que la réflexion sur ce sujet. La collaboration franco-anglaise morte né à montrer que c'était possible de<br /> développer un navire pouvant servir à deux concept de porte-avions. Rien n'interdit de faire de même. D'ailleurs on disait que la Russie était intéresser par le projet CVF/PA2, tant par son gabarit<br /> que par ses capacités. Aujourd'hui, elle serait donc plus intéressé par le PA2 que le CVF...<br /> <br /> Il faut aussi que la France garde à l'esprit que la Russie est dorénavant un pays à système capitaliste. L'affaire des BPC à montrer que les russes savaient intelligemment faire jouer la<br /> concurrence. Ce qui montre aussi que les russes ont d'autres partenaires. La France n'est par exemple pas certaine de fournir des FREMM à la Russie. L'étroire relation entre Italie et Russie<br /> pourrait donner à ces premiers le contrat par exemple.<br /> <br /> DCNS pourrait être l'artisan de ce renouveau naval russe et trouver un ou plusieurs chantiers partenaires. Peut être que c'est aussi l'annonce d'un mariage franco-russe sur le sous-marin européen ?<br /> Ce serait un rapprochement logique au vu de nos stratégies de vente qui sont finalement plus ou moins les mêmes.<br /> <br /> En l'état des choses, nos deux pays pourront échanger sur leur industrie navale. La formation, l'enseignement, l'évolution professionnelle, la formation en continue, la valorisation de la masse<br /> salariale... Sont autant de chose qui sont aussi bien à développer en France qu'en Russie (par exemple : la Bretagne est un véritable arsenal du naval et électronique, son seul problème est de ne<br /> pas être reconnu en tant que tel, donc les moyens affectés sont dispersés, surtout en matière de formation !).<br /> <br /> Par contre, je m'étonne sur l'annonce de développement de nouveaux chantiers. La Russie a une très très forte population de professionnel du naval. Elle ne peut pas continuer à entretenir tant de<br /> personnel comme la France n'a pas encore finit sa décrue de personnel. Je ne sais pas qu'elle est la stratégie derrière cette nouvelle construction, mais je suis étonné que ces milliards ne vont<br /> pas dans une rénovation des outils de production, comme les cales. Il ne faudra pas mentir, une alliance ou non, un renouveau ou non, passera par des fermetures de chantier. Il faudrait d'ailleurs<br /> faire un rapide calcul pour comparer : le chiffre d'affaire de l'industrie navale par la population qui le produit. En France c'est autour de 300 000 euros de chiffre d'affaire par tête, contre<br /> moitié moins aux Etats-Unis (le mythe tombe sur les chantiers américains). Il me semble que c'est monsieur Hervé Couteau-Bégarie qui avait fait une telle étude comparative sur la productivité des<br /> chantiers.<br /> <br /> Enfin, commentaire personnel. Depuis de nombreuses années on voit de nombreuses innovations apparaître dans le naval. Et je crains qu'on ne les prenne pas en compte par "excès de religion<br /> technologique". Ou d'arrogance, cela convient peut être mieux. Par exemple :<br /> - il y a deux situations sur les chalutiers. En France et en Espagne on pense pouvoir construire des chalutiers dotés d'une paire de voile automatisé. De sorte que ces équipements<br /> n'entraînent pas d'équipage supplémentaire, mais seulement l'appui gracieux du vent pour économiser le gazole sur les trajets (et non pas le travail de chalutage qui exige des moteurs). La première<br /> situation est qu'en Espagne, ce projet a reçu un soutient public pour produire des chalutiers à voile automatisé (aussi bien les voiles que la direction du navire pour économiser sur l'équipage).<br /> En France un universitaire se bat aussi pour le même projet... Mais dans le vent...<br /> - Ce n'est pas la seule illustration de ce refut d'utilisation du vent. Il y a un vraquier qui utilise une voile de "kite surf" pour épauler sa propulsion. On parle de 8 à 15% de carburant<br /> économiser chaque année.<br /> - Il y a eu la médiatique étude de STX sur un paquebot multi-coques à voiles....<br /> - J'ose à peine évoquer les progrès des peintures de coque...<br /> - Ou encore de "production de bulle d'air autour de la coque pour faciliter le déplacement dans l'eau". Vous avez dit Skvhal ?<br /> <br /> Donc, de là à immaginer des pétroliers, chimiquiers, vraquiers ou autre, dotés de l'ensemble de ces innovations pour réduire le coût énergétique et réduire encore l'équipage, pourquoi ne pas le<br /> faire ? Et dans le cadre d'un partenariat franco-russe ? L'innovation n'était pas dans l'agenda de la Commission européenne, dit de Lisbonne ? L'écologie et le développement durable n'est-elle pas<br /> dans le nouvel agenda ?<br /> Une autre étude de René Loire me permettrait presque d'achever mon argumentation. Les chantiers navals asiatiques ne serait pas compétitif par le seul coût de leur masse salariale... Non,<br /> certainement pas, ce coût là serait dans la réalité assez marginale. Ce qui leur donnerait un avantage indéniable ce serait la compétitivité tout simplement, l'innovation dans la division du<br /> travail, dans la manière de travailler.<br />  Enfin, des mots, des pratiques, qui, à ce qu'il paraît, amène de la croissance et de l'activité. Mais souvenez -vous que, quand les coréens de STX sont venu croquer Aker Yards, seul les<br /> français ont levé le petit doigt... La réalité serait simplement le manque d'ambition industrielle des Etats européens, ou la volonté de se débarasser de ces industries.<br /> On se moque beaucoup du Colbertisme de l'Etat français. Mais, de là à croire que seule l'économie du "savoir" (pas la technique manuelle, c'est dévalorisant ?) permettrait de développer un système<br /> économique complet et suffisant est une vaste hérésie. Vous mettrez tout vos oeufs dans le même panier, vous ?<br /> <br /> Les américains ne le font pas. Un paquebot à St Nazaire c'est des centaines de millions de chiffre d'affaire. A méditer.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Bonsoir ,<br /> Veuillez m'excuser pour le caractère tardif de ma  réponse .<br /> Trahi par Windows 7 sur un Pc flambant neuf qui me fait un magnifique " Blue Screen " , je suis obligé de me rabattre sur un vieux clou .<br /> Vladimir Poutine a annoncé les axes de modernisation des chantiers navals Russes :Ceux ci doivent se lancer dans la fabrication de navires à haute valeur ajoutée comme les brise-glaces , les<br /> chimiquiers bien que le précédent de Sevmash laissse à désirer , les tankers a capacités arctiques , les plateformes à capacités arctiques et les productions concernant la défense nationale .<br /> Il a aussi axé sa politique sur l'acquisition de savoir-faires et plus particulièrement de méthodes modernes de production .<br /> Un des critères d'achat du Mistral est justement la volonté d'acquérir ces méthodes modernes de gestion et de production : Beaucoup de partisans de l'achat du BPC Mistral en Russie ont avancé le<br /> fait que sa construction prendrait beaucoup plus de temps sur les chantiers Russes .<br /> Les investissements Russes vont aussi dans l'amélioration des moyens de production , de levage par exemple avec l'acquisition de grues pour Sevmash  .<br /> L'une des premières visites de Vladimir Poutine en tant que Premier Ministre a été justement à Sevmash aprés la chute d'une grue et il a clairement signifié qu'il ne tolérerait aucune gabegie<br /> .http://zebrastationpolaire.over-blog.com/article-21169469.html<br /> <br /> Il fait régulièrement des declarations sur le secteur de la construction navale , beaucoup plus en tout cas que notre Premier Ministre .<br /> http://zebrastationpolaire.over-blog.com/article-23801157.html<br /> http://zebrastationpolaire.over-blog.com/article-33830189.html<br /> http://fr.rian.ru/business/20091015/123512036.html<br /> Les chantiers Russes doivent certainement être aussi capabales d'intégrer la technologie prometteuse des pods ( ABB ou Siemens ) , vu le nombre de ces navires qui commencent a en être équipés<br /> en Russie .<br /> Le gros problème reste la motorisation Diesel avec des moteurs qui consomment beaucoup trop et qui ne répondent plus aux normes environnementales .<br /> Les Russes semblent choisir de manière presque systèmatique pour leurs navires construits à l'étranger Wärtsila .<br /> La partie interresante de la déclaration de l'Amiral Forissier est qu'il parle de coopération en pensant certainement à la coopération dans le domaine civil alors qu'il doit connaître<br />  les liens  très proches des chantiers navals Russes avec le cluster Maritime Finlandais et ceci depuis l'époque Soviètique ,  la collaboration avec les Norvègiens<br /> dans le domaine des plateformes et les nouveaux accords avec la Chine et Singapour .<br /> Les Batyscaphes Mir par exemple ont été conçus en URSS mais fabriqués en Finlande .<br /> C'est un appel du pied à changer de partenaires et se tourner vers la France ?<br /> Quand à la politique qui consiste à créer de nouveaux sites en Russie , c'est peut être la volonté de restaurer une partie des capacités de production qui font actuellement défaut à la Russie<br /> depuis la fin de l'URSS et la perte des chantiers de la Mer Noire .<br /> Les chefs politiques Russes sont conscients que la construction navale , outre le domaine militaire , est un secteur stratégique et que laisser le soin à d'autres de profiter de la maritimisation<br /> croissante du commerce mondial est une politique qui n' a pas de sens .<br /> Ce que je reproche à nos chefs politiques , c'est de ne pas avoir eu une telle vision il y a 20 ans et abandonner la construction navale au profit de niches comme les paquebots que vous citez<br /> .<br /> <br /> La critique est facile mais les signaux d'alarmes ont été lancés à l'époque !<br /> Un navire marchand , c'est aussi de la haute technologie et ce le sera de plus en plus : Systèmes de navigation , propulsions par pods pour augmenter la maneuvrabilité , systèmes de manutention [<br /> J'ai passé deux ans et demie chez MACOR Gmbh  ] pour augmenter la productivité et diminuer le temps passé au mouillage , moteurs consommant peu et polluant peu .<br /> ...................<br /> Un autre point est la necessité de maintenir une flotte de commerce  sous pavillon national comme l'a montré l'operation " DAGUET " .<br /> http://www.senat.fr/questions/base/1990/qSEQ901012266.html<br /> <br /> La " projection " , ce n'est pas seulement des BPC !<br /> <br /> Tres Cordialement<br /> Daniel BESSON<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />