Il est de bon ton parmi une certaine gauche " radicale " de se réclamer de la figure tutélaire de Jean Jaurès pour se démarquer du pouvoir social-démocrate actuel . Celui-ci n'était en fait qu'un social-démocrate avant l'heure et un des précurseurs de l'Atlantisme . Un fourrier même de cet Atlantisme dont la date de naissance officielle est 1924 avec la fondation du CFR .
Dans un discours à l'Assemblée Nationale il rend ainsi hommage au président Etasunien William Howard Taft qui fut le promoteur de la dollar diplomacy et qui proposait l'instauration de traités arbitraux entre les Etats-Unis d'une part et la France et l'Angleterre d'autre-part . Ces traités arbitraux , proposés par Taft au Sénat Etasunien le 3 aout 1911 , concernaient non seulement le réglement d'éventuels différents territoriaux - plus particulièrement en Asie , en Amérique-Latine et dans les Caraïbes - mais aussi le réglement de litiges commerciaux . C'est le coeur même des discussions actuelles sur le Grand Marché Transatlantique .
Le président Taft voulait imposer ces procédures arbitrales à la France sous l'influence de la fondation Carnegie qui finançait la plupart des organisations pacifistes Européennes et Françaises depuis 1903 . Celles que fréquentait justement le camarade Jaurès et en particulier la coterie gravitant autour de D’Estournelles de Constant et du banquier Albert Kahn . Plus d'une centaine de députés " Français " , de gauche et d' " extrême-gauche " comme de droite , recevaient ainsi de l'argent Etasunien à la veille de la Première Guerre Mondiale pour promouvoir la politique commerciale des Etats-Unis via ces fondations " pacifistes " !*
* Lire : Messianisme et américanisation du monde. Les Etats-unis et les organisations pacifistes de France et d’Allemagne à la veille de la Première Guerre mondiale (1911-1914)
Discours du 20 décembre 1911 : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/jaures/discours/forces-de-paix_20111911.asp
" Il est une troisième force pacifique, c'est la renaissance de l'Amérique anglo-saxonne, du vieil idéal des puritains.
Messieurs, nous ne connaissons pas ou nous ne connaissons que dans sa période la plus brutale la vie du grand peuple américain et la conscience américaine. Nous ne voyons en eux que les hommes des dollars, des milliards, des affaires, de l'obsession de l'or. On dirait, à certains signes, qu'ils commencent à dépasser cette crise, on dirait, à certains signes, que les milliardaires avertis, au sommet de leur magnifique fortune, du vide des horizons que ne remplit que le reflet de l'or, cherchent avant de mourir un aliment plus noble à leur pensée et à leur âme... C'est sous l'inspiration de ces souvenirs, c'est sous la lumière de cet idéalisme renaissant que le président Taft accomplit des actes dont nous ne comprenons qu'à moitié la portée parce que nous les isolons de ce vaste mouvement profond et voilà pourquoi là-bas l'arbitrage intégral entre les États-Unis et l'Angleterre, entre les États-Unis et le Japon, commence à prendre forme. (Mouvements divers.) "