Ce confinement qui s'est terminé le 11 mai dernier m'a permis de voir et revoir au cours du mois d'avril 2020 trois films de guerre . Je vous les conseille car chacun dans leur genre ils permettent de donner un regard nouveau sur trois faits de guerre et trois périodes différentes.
Le premier est " Dunkerque " de John MILLS et Richard ATTENBOROUGH sorti en 1958 . C'est le premier grand film sur cette bataille dont nous sommes en train de commémorer le 80 éme anniversaire . Le film commence par suivre la retraite d'un groupe de combattants Britanniques à travers la campagne Britann... dans le Dunkerquois reconstitué en Grande-Bretagne et ses opérations de harcèlement de l'avance Allemande. En soi ce caractère "intimiste" préfigure quelque part la trame du film de Christopher NOLAN de 2017 . Le " manque de moyens " de ces films* par rapport aux grandes productions Hollywoodiennes des années 60 et 70 est habilement contourné en nous montrant la guerre à son véritable niveau , celui du combattant , de la section , de la famille , de l'individu et finalement on s'identifie beaucoup mieux aux protagonistes et l'on est plus vite pris par l'action que si l'on regarde des vagues de soldats déferler sur un plage normande ou des centaines de parachutistes envahir la campagne Hollandaise ! Vous voyez bien de quoi je veux parler . C'est sans oublier les souffrances des civils Français que seul ce film de la " trilogie Dunkerquoise " évoque . On commence même à avoir des doutes où Steven SPIELBERG a bien pu avoir cette idée d'un groupe de soldats en " vadrouille " dans la cambrousse Française et de faire passer une campagne Irlandaise pour une campagne Française ...
Le film atteint presque un niveau documentaire lorsqu'il suit cette patrouille qui s'établit la nuit dans une maison abandonnée pour devoir s'enfuir à potron minet le lendemain matin devant l'arrivée des Allemands ou qu'il nous montre l'exode des populations civiles .
Mais rassurez-vous ! Les jetées artificielles et les plages sous le feu des Stukas et de l'artillerie Allemande sont au rendez-vous ! Un civil meurt même sur ces plages ce qui en soi est un hommage avant l'heure rendu à leur sacrifice.On notera aussi la présence d'un jeune civil tout comme dans le " Dunkerque " de Christopher NOLAN .
L'autres élément intéressant c'est l'une des " scènes d'Etat-Major " où l'on voit le général GORT ordonner le retrait de la 5éme division d'infanterie et de la 50 éme division d'infanterie alors que l'un de ses subordonnés lui rappelle qu'il est sur les ordres du général Maxime WEYGAND qui lui demande de poursuivre son effort sur ARRAS . Cette scène semble tirée des " 60 jours ... " de Jacques BENOIST-MÉCHIN et fait écho aux thèses des historiens Français . Il faut le rappeler , j'y reviendrai , que ce film est tourné juste au moment ou un peu après l'expédition Franco-Anglaise de SUEZ !...
La scène de l'hôpital de campagne a aussi son importance . Lorsque les médecins y tirent au hasard ceux qui seront évacués et ceux qui iront en captivité , le Dr LEVY - dont on peut supposer qu'il soit juif - accepte de rester avec les blessés .
La deuxième partie de ce film c'est la mobilisation de la " poussière navale" Britannique et seulement treize années après la fin de la guerre le mythe Churchillien et consensuel de la nation Britannique en armes est légèrement écorné. A l'ordre de réquisition de l'Amirauté Britannique tous les possesseurs d'un petit bateau souvent acquis au prix d'une vie de labeur n'ont pas répondu avec un " PRÉSENT " si franc que la mythologie liée à cet événement le laisse croire. C'est l'occasion pour le réalisateur d'égratigner - très légèrement - la société Britannique en nous montrant les plus modestes qui sacrifient sans rechigner leur bien et les plus aisés qui hésitent. La légende est toutefois sauve puisque ce sont les civils qui cherchent à s'imposer auprès des militaires pour piloter leur navire mais là aussi ce conflit apparaît !
Il faut quand même enfin noter que ce film est réalisé à peine plus d'un an après une opération amphibie , Franco-Anglaise elle aussi , beaucoup moins glorieuse : L'opération sur le Canal de Suez .;0)
Notons aussi que l'affiche Anglaise reprend comme accroche en partie le titre Anglo-Saxon du livre de Jacques BENOIST-MECHIN , " 60 days that shook the world " qui devient " Days that shook the world " .
Bref un des trois grands films de la trilogie Dunkerquoise avec " Week-end à Zuydcoote " et " Dunkirk " , peut-être en fait le meilleur ?
Signalons qu'à l'occasion de la commémoration de de ce 80éme anniversaire de la bataille au moins deux localités Britanniques ont organisés des projections en plein-air de ce film - pour cause d'épidémie - et qu'il a été diffusé le 30 mai dernier sur BBC Two .
* " Dunkirk " a bénéficié d'un budget de £ 400 000 soit à peine $ 3,5 mio en 2020 ! Ce film a toutefois permis le développement de technologies comme des caméras semi-étanches pour filmer au ras de l'eau . Notamment les scènes d'embarquement et d'évacuation des navires touchés par les bombes Allemandes .
The original Dunkirk: A look back at the Ealing classic