Les " 60 jours qui ébranlèrent l'Occident " de Jacques BENOIST-MÉCHIN constituent certainement l'un des livres les plus intéressants sur l'analyse du processus de décision au cours d'une crise majeure avec peut être le film " 13 jours " sur la crise des missiles de Cuba . C'est en tout cas l'un des documents historiques les plus aboutis sur ce sujet , " 13 jours " n'est qu'un film , et il nous montre au cœur même du " système " comment furent prises - et surtout pas prises - les décisions et non-décisions qui ont forgé notre destin .
Le parallèle avec la situation actuelle de la crise du COVID-19 est des plus évident et il permet en tout cas de deviner ce qui se peut se dire au cours des " conseils de défense " .
Le 13 juin 1940 Winston CHURCHILL vient rendre visite au gouvernement Français réfugié à TOURS et ses environs depuis le 10 juin 1940 . Comme toute cette période ce fut un mélange de tragédie et de comédie . L’avion et son escorte atterrissent à l’aérodrome de Parçay-Meslay. Personne n’a été averti de la venue de CHURCHILL qui fulmine. Le commandant de la base prête sa voiture pour conduire le Premier ministre britannique à la préfecture. Là encore, personne n’a été chargé de l’accueillir. Les grilles de la préfecture sont fermées. Churchill a faim. On fait ouvrir spécialement pour lui le restaurant du Grand Hôtel, place de la gare. Dans ses mémoires, Churchill racontera y avoir mangé un « poulet infect ».
L'essentiel réside toutefois dans ce qui sera dit et ce qui ne sera pas dit et à qui ce sera dit et à qui ce sera caché ! Paul REYNAUD espère que le Premier Ministre Britannique ne va pas délier le gouvernement Français du serment du 28 mars 1940 - non officiel comme on l'apprendra en 1950 - de ne pas signer d'armistice séparé . Au lieu de cela le premier ministre Britannique va " manifester de la compréhension " face à une telle démarche compte tenu de la situation désespérée des armées Françaises . Ceci provoquera la colère des jusqu'auboutistes comme de GAULLE ou MANDEL .
De retour à CANGÉ où siègent les ministres Paul REYNAUD affirmera même - profitant du fait que M. Winston CHURCHILL n'ait pas souhaité les rencontrer - que " La France et la Grande-Bretagne souhaitent poursuivre le combat commun " et en cachant surtout le fait que le Premier Ministre Britannique n'était pas hostile à une telle démarche , du moins à titre exploratoire .
L'essentiel de l'activité , du vibrillonement , diplomatique Français du Quai d'Orsay et du Président du Conseil des 48 h qui suivront consistera à essayer que Winston CHURCHILL manifeste son opposition à une demande Française d'armistice tout comme il consacra 48h quelque jours plus-tôt à essayer de lui demander d'avoir une attitude hostile vis à vis du roi LÉOPOLD III .
Entre le 10 mai 1940 et le 24 juin 1940 nos chefs politiques auront donc consacré 96 h - quatre journées - à manœuvrer pour essayer d'obtenir de notre allié qu'il se déjuge de son avis afin de satisfaire un agenda belliciste de politique intérieure . Tout ceci aux dépends de la conduite de la guerre . On peut facilement imaginer le temps consacré par nos chefs politiques à leur survie politique entre le 16 mars 2020 et le 11 mai 2020 ! De la même manière des informations capitales seront cachées aux ministres par le Président du Conseil afin que seule sa vision des choses prévaut .
Ce sont peut-être ces " 5 jours de perdus " qu'évoque Winston CHURCHILL dans son discours aux Communes du 21 juin 1940 ?
Une situation comparable adviendra lorsque Paul REYNAUD proposera au général Maxime WEYGAND une capitulation militaire que celui-ci refusera . Paul REYNAUD reviendra devant les ministres en affirmant que celui-ci a accepté avant de se rétracter lorsque Maxime WEYGAND apprendra ce mensonge .
L'autre élément est le " nervous bréquedaune " de celui qui vient de perdre le poste de Président du Conseil suite à un double-refus le 15 juin 1940 : Celui du Président Etasunien F.D. ROOSEVELT qui refuse de déclarer la guerre à l'Allemagne et du refus du conseil des Ministres de faire de la France un Dominion Britannique dans le cadre du projet d'union Franco-Britannique concocté par Jean MONNET . Le sublime est que ce projet fut projeté dés septembre 1939 par des officines analytico-diplomatiques dans l'hypothèse d'une victoire Franco-Anglaise et qu'il fut proposé à la France alors qu'elle était sous le point de disparaître en temps qu'état.
Ce conseil du 15 juin marque aussi l'influence de la maîtresse de Paul REYNAUD , la comtesse Hélène de PORTES . En plein conseil des ministres celle-ci lui fera porter un papier lui enjoignant de ne pas accepter le projet d'union Franco-Britannique . Aujourd'hui on peut légitimement questionner l'influence de Mme. Brigitte MACRON sur la date de reprise des cours dans l'Education Nationale qui est une question de sécurité sanitaire nationale sur laquelle son "avis" n'a aucune valeur .
Mais revenons à l'état de délabrement physique de Paul REYNAUD ...
Voici ce qu'écrit William Leonard LANGER sur la visite du représentant Etasunien Joseph DREXEL BIDDLE Jr .
" Biddle vit Reynaud immédiatement après sa démission . Il le trouva calme et redevenu entièrement lui-même . Il semblait assez clair que le Président du Conseil avait été victime d'une dépression nerveuse - a nervous breakdown "
Les Tontons flingueurs avant l'heure ...