Les porteurs de valises intellectuels de l'immigrationisme ne datent pas d'aujourd'hui et tout comme il y a 14 siècles ils mettent en péril leurs compatriotes .
Déja au V éme l'érudit Salvien -dit Salvien de Marseille- originaire de Trêves dans De Gubernatione Dei se réjouissait des invasions barbares qu'il voyait comme une manifestation de la Providence divine . Ces barbares et leurs dieux étaient pourvus de toutes les qualités morales par rapport à la "décadence" Romaine [ En latin dans le texte ] , les destructions des villes , le massacre des populations n'étaient in fine que la juste rétribution de l'incapacité de l'Empire Romain agonisant à intégrer ces nouvelles populations allogènes [ Cela ne s'invente pas ! ] et aussi une juste vengeance des massacres et pillages commis par la Rome impériale au moment des conquêtes des territoires d'où étaient originaires les barbares [ J'ai déja entendu ça quelque part , je me demande bien où ?]
Salvien décrit aussi un phénomène contemporain : L'attrait des Romains [ " de souche " ]- "bobos" issus de familles connues, et éduquées - pour les barbares , un intéret qui se manifeste au point de quitter le monde civilisé pour vivre au milieu de leurs " modèles" avec femmes et enfants . Bien entendu dans la vision de Salvien cet exode est du à la " barbarie " de la société Romaine mais on s'insurgera contre sa stigmatisation de l'étranger et ses " odeurs" :
« Pendant ce temps les pauvres sont ruinés, les veuves gémissent, les orphelins sont foulés aux pieds : Si bien que la plupart d'entre eux, issus de familles connues, et éduquées comme des personnes libres, fuient chez les ennemis pour ne pas mourir sous les coups de la persécution publique. Ils vont chercher sans douter parmi les Barbares l'humanité des Romains, parce qu'ils ne peuvent plus supporter parmi les Romains l'inhumanité des Barbares ! Ils ont beau différer de ceux chez lesquels ils se retirent par la religion comme par la langue également, si je puis dire par l'odeur fétide que dégagent les corps et les habits des Barbares, ils préfèrent pourtant souffrir chez ces peuples-là cette dissemblance de moeurs que chez les Romains l'injustice déchainée. »
Comme de bien entendu , les communautés monastiques Chrétiennes et les chefs politiques Chrétiens convertis aux thèses de Salvien ouvraient grandes leurs portes aux hordes barbares au lieu de tant que faire se peut essayer de retarder leur progression en organisant la résistance des groupes humains dont ils étaient les chefs spirituels .
Moines , évêques et populations qui ouvraient leurs portes aux barbares en grand aprés s'être convertis au Salvienisme étaient cependant massacrés avec une régularité désespérante malgré les messages et les manifestations d'amour les plus pressants aux envahisseurs .
Toute ressemblance avec des événements récents n'est bien-sûr pas fortuite et chacun pourra faire le parallèle .
Il y a un autre fait à noter dans le livre de Salvien c'est l'analyse militaire des défaites Romaines face aux hordes barbares . Selon Salvien c'est l'abandon de la conscription des citoyens Romains " de souche " au profit de la constitution d'une armée de métier constituée essentiellement de " barbares " [ de Latinisation récente - NDLR ] qui a provoqué ces défaites . L'une des raisons mises en avant par Salvien pour cette professionalisation de l'armée est ...le refus des citoyens Romains d'avoir des enfants - une des conséquences de la désacralisation du mariage - et l'une des conséquences en fut l'oubli par le peuple [ Romain " de souche " ] de l'usage des armes !
Salvien nous parle des impôts et des divisions sociales : Au lieu d'être unis contre le danger les différentes " classes " sociales cherchent chacune de leur côté le salut . Les citoyens les plus humbles mais aussi les commerçants refusent de plus en plus de payer les impôts écrasants fixés non plus par consentement mais par l'administration impériale au profit des plus riches :
* Les tributs que devaient payer les riches écrasent les pauvres et les plus faibles portent la charge des forts * . Les recettes ne rentrent plus et les provinces sont abandonnées . On dirait aujourd'hui la redistribution de l'impôt national aux régions est tarie , les routes départementales ne sont plus entretenues et sont livrées à des bandes qui attaquent les rares voitures et les rares camions qui osent encore s'y aventurer ... L'une des causes de cette faillite de l'état Romain ce sont les tributs versés à Boutefli aux souverains barbares des limes Romaines comme les chefs Germains . Cette politique fiscale est soutenue politiquement par les sénateurs qui " vivent sur leurs terres , coupés de la population " , lors de leurs déplacements en Province ils " font payer au bas peuple les frais de séjour et des fêtes " . Je n'ose aller plus loin de peur d'être accusé d'antiparlementarisme primaire par mes lecteurs .
Considéré comme un témoignage exceptionnel bien que partial sur la société Romaine de la fin de l'Antiquité et du haut Moyen-Age , De Gubernatione Dei peut-être considéré aussi comme la première oeuvre philo-immigrationniste et d'auto-flagellation des populations Européennes colonisées par des allogènes . C'est aussi une apologie de ce que l'on nommerait aujourd'hui le " relativisme culturel " :*Les barbares sont injustes, nous le sommes aussi . Ils sont avides, trompeurs, impudiques ; ne le sommes-nous pas comme eux ? ce sont des hommes à commettre toute sorte de vols ou de débauches ; et nous, ne les commettons-nous pas aussi ? Ce qui atténue leurs fautes, c’est qu’ils ne sont pas chrétiens. Nous, qui connaissons la vérité, qui devrions pratiquer la loi divine, nous sommes inexcusables de nous mal conduire, et il n’est pas surprenant que nous en soyons plus sévèrement châtiés. *
Ses analyses sont aussi d'une cruelle modernité sur la mort des civilisations : Le futur se lit bien dans le passé !