Publié le 29 Juillet 2022
Le " seabed warfare " concerne toute la colonne d'eau et à ce titre la " guerre des torpilles " relève bien de ce " seabed warfare " .
La nature des technologies employées dans le cadre du seabed warfare a une conséquence immédiate sur les stratégies et même sur le droit maritime et le doit de la guerre . C'est le cas actuellement avec les systèmes d'armes dont le développement est annoncé dans certaines publications .
Je vous ai déjà parlé dans ce blogue des " mines torpilles " de type Hammerhead que l'USN se propose de déployer le long des lignes de communications maritimes Chinoises , plus particulièrement prés des " goulots d'étranglements " constitués par exemple par le Détroit de Malacca . Ce déploiement est annoncé depuis plus deux ans et a été suivi d'une intense campagne de promotion idéologique dans le MSM et la blogosphère Défense&GP . Il faut ici noter que ce concept n'est pas nouveau et date au moins des années 1970 ( " sonar lanceur de torpille à tête chercheuse " ) sinon des années 1960 avec les torpilles destinées au minage du port de Haïphong en 1972 .
L" Hypocri-sea " Etasunienne en ce domaine considère que miner des voies de communication civiles même en temps de paix est parfaitement légal tout comme déclarer une guerre de course contre le commerce civil Chinois . Un dossier que j'avais bien-sûr évoqué sur ce blogue .Une " version Russe " de cette guerre de course a récemment été envisagée ce qui semble particulièrement réjouir certains blogueurs comme le rédacteur de Lignes de défense .
Un article du South-China Morning Post - SCMP - vient d'évoquer le développement en Chine d'un nouveau système d'armes : Une torpille à propulsion nucléaire qui est en fait conceptuellement une " torpille rôdeuse " .
D'entrée les concepteurs font la différence avec la torpille stratégique Russe POSEIDON : Il s'agit d'une torpille " old school " mais dont la propulsion est assurée par un réacteur nucléaire miniaturisé lui assurant une autonomie de 8 jours à 22 nœuds ou environ 10 000 km. Selon un article publié par le concepteur dans le Journal of Unmaned Sea Systems , le développement du réacteur nucléaire pourrait se baser sur le modèle de réacteurs nucléaires thermoélectriques destinés à l'exploration spatiale ( pdf ) et afin de limiter les couts ce développement pourrait se faire avec des composants civils . Ces blocs-réacteurs pourraient être manipulés sans précautions particulières par les équipages de même que les torpilles . Il faut signaler ici que depuis deux ans les publications sur des mini-réacteurs et de piles à combustible pour drones - et pour torpilles - se multiplient , un signe des temps .
Comme le souligne Interesting Engineering ces torpilles peuvent être employées en essaim , ou plutôt en banc , pour " boxer " des submersibles ennemis - de l'alliance AUKUS pour ceux qui n'auraient pas encore compris - à la sortie de leur base d'attache . On se souviendra ici de cette publicité de la fin des années 90 devenue iconique !
A la grande différence de la mine-torpille Hammerhead il s'agit d'une torpille qui doit être lancée à partir d'un submersible ou d'une autre plateforme et dont l'obsolescence est programmée après le tir . Il ne s'agit donc pas d'une arme qui " pollue " de manière dangereuse des voies de communication maritime en temps de paix et dont le déclenchement en temps de guerre déclarée peut frapper des cibles de manière aléatoire mais d'une arme destinée à patrouiller des espaces maritimes sous contrôle ennemi après le déclenchement d'un état de guerre - entre la Chine et l'AUKUS pour les mal comprenant - et à y frapper des cibles probablement identifiées dans une bibliothéque de signatures numériques .
Tout le monde saisira la différence !
Comme je l'expliquais à un ami c'est la différence entre un pays qui la nuit envoie des groupes de saboteurs miner vos autoroutes , l' A6 ou l'A7 sur laquelle vous allez peut-être partir en vacances avec votre famille , et les postes de péage avec des MIACAH F1 déclenchables en cas de conflit et un pays qui une fois la guerre - ou l' Opération Spéciale - déclarée envoie des drones suicides au dessus de ces voies de communication avec une bibliothéque de cibles .