Publié le 13 Décembre 2008
Je n'ai nullement l'intention de me présenter comme un " expert " de la Russie . Je n'ai jamais suivi les cours d'un IEP ou une formation universitaire en matière de relations internationales . Je suis ingénieur mécanicien de formation .
Toutes mes modestes connaissances en histoire ou en " geopolitique " , je les tiens de lectures personnelles : D'abord celle de la bilbliothéque familiale , ensuite mes achats chez les bouquinistes ou sur e-bay .
J'ai également acheté des ouvrages " universitaires " pour essayer d'acquérir des methodes de travail et de lecture .
J'ai décidé de tenir ce blogue par passion pour la civilisation Russe .
Au debut , comme le montre la photo du bandeau , je ne pensais en faire qu'une compilation de nouvelles concernant ce " Dossier Arctique" puis modestement je me suis décidé à donner mon avis personnel sur certaines questions , le plus souvent en total opposition avec les " expertises " et les " analyses " que je pouvais lire .
J'essayais chaque fois cependant d'appliquer cette maxime de Karl Haushofer sur le Japon : Ne pas regarder la Russie " au travers du prisme déformant de mes fanatsmes ".
J'ai encore moins la pretention de pouvoir prétendre à me présenter comme un commentateur avisé des questions économiques . Mon expérience en la matière se limitant à la gestion du buget familial , celle d'une caisse de chantier et l'établissement de devis et des " discussions de marchands de tapis " avec des fournisseurs .
/ mode enflement des chevilles ON /
Aussitôt apres le debut de " la crise " , de nombreux " experts " , ou autoproclamés tels ( Laure Mandeville ,Nathalie Nougaryede , Marie Jego , Robert " Bob " Amsterdam, Paul Golbe , .............) , de la Russie ont annoncé une " révolte des oligarques " contre le gouvernement de M.Poutine .
Selon leur thèse le règime en place à Moscou n'etant plus capable d'assurer à ces oligarques leur train de vie , ceux ci allaient se " révolter " et " pactiser avec l'opposition libèrale " .
Prenant le cas d'Oleg Deripaska et de Norisk Nickel , j'avais écrit dans les colonnes de ce blogue que cette " crise " allait au contraire renforcer le contrôle de l'Etat Russe sur l'économie , sa puissance vis à vis de ces " oliagarques " et même renforcer leur allègence à l'egard du régime au travers des credits consentis par la banque VEB .
Je suis heureux de constater que Mme Marie Jego partage desormais cette analyse .
Bien sûr , elle " regarde la paille dans l'oeil du voisin " avant de regarder comment les gouvernements Occidentaux se livrent aux mêmes pratiques .
Mais c'est un bon début !
L'Etat russe profite de la crise pour reprendre le contrôle de pans entiers de l'économie
" Crise oblige, en Russie comme partout ailleurs, l'Etat s'est porté au secours des banques et des entreprises en difficulté. Sous forme de liquidités, de crédits ou de réductions de taxes, 130 milliards d'euros ont été injectés. Etranglés par les dettes, confrontés à une chute vertigineuse de leur capitalisation boursière, les grands groupes russes en sont réduits à jouer des coudes afin d'obtenir l'aide promise par le gouvernement (50 milliards de dollars, soit 38 milliards d'euros) pour refinancer leurs crédits .
Les fleurons de l'économie russe - les métallurgistes Rusal et Evraz, les majors publiques Rosneft et Gazprom, la société pétrolière privée Loukoïl, le groupe Alpha et bien d'autres - sont aux abois. Pendant les années fastes, tous ont eu largement recours aux crédits octroyés par des banques étrangères en échange de garanties sur leurs actifs. Alors que le marché russe a perdu 75 % de sa valeur, ces actifs se sont dépréciés, mettant les emprunteurs au pied du mur.
Tous ne pourront être sauvés. Seul l'Etat va décider qui doit vivre et qui doit mourir. Quelle revanche ! Alors qu'au moment de la crise économique de 1998 les oligarques menaient la danse, dictant sa conduite à un pouvoir affaibli, contraint de faire défaut sur sa dette publique, aujourd'hui c'est l'inverse, l'Etat est devenu leur planche de salut.
Avec plus de 600 milliards de dollars dans ses caisses - 454 milliards de dollars dans la réserve or et devises, 180 milliards sur le fonds de stabilisation -, l'Etat a les moyens de couvrir la dette des entreprises estimée à 440 milliards de dollars au total.
En contrepartie, l'Etat "va entrer au capital des grandes entreprises, là où cela sera avantageux pour lui et pour les contribuables. (...) Je n'exclus pas que cela puisse se faire à assez grande échelle", a averti le premier ministre, Vladimir Poutine , lors d'une séance télévisée de questions-réponses avec ses concitoyens. Le grand marchandage a déjà commencé.
Premier servi, le roi de l'aluminium Oleg Deripaska a déjà reçu 4,5 milliards de dollars de la Vnechekonombank (ou VEB, l'équivalent de la Caisse des dépôts) pour rembourser un crédit en vue de l'achat de 25 % de Norilsk Nickel . En échange, l'Etat a renforcé son contrôle sur le géant minier, nommant ses représentants au conseil d'administration.
Si, en 2009, M. Deripaska ne peut rembourser le prêt, les 25 % de Norilsk iront à l'Etat. La même chose vaut pour Mikhaïl Fridman , le milliardaire du groupe Alfa, qui a reçu de la VEB 2 milliards de dollars pour sauver son entreprise Vimpelcom, le plus gros opérateur de téléphonie mobile.
"RETOUR À UNE ÉCONOMIE PLANIFIÉE"
Début décembre, la société NPO Saturn, constructeur de missiles et de moteurs d'avions, partenaire de la Snecma, confrontée à un manque de liquidités, s'est vue promettre l'aide de la VEB. En retour, l'Etat met la main sur 48,76 % des parts du constructeur. En fait, Saturn va tomber dans l'escarcelle de Rostechnologies, la corporation d'Etat géante (420 entreprises) dirigée par Viktor Tchemezov ? un ami de M. Poutine, en poste en RDA en même temps que lui dans les années 1980.
Le contrôle de l'Etat, qui détenait déjà 37 % des parts de Saturn, est désormais total. La bataille féroce engagée par M. Tchemezov pour l'absorber durait depuis des mois. Guettée par les contrôles fiscaux et les procès en justice, sa direction privée, jusqu'ici majoritaire dans le capital, a dû s'effacer. En Russie, les prises de contrôle ont souvent lieu à coups de procès et de menaces, comme dans le cas d'Uralkali, ce producteur de phosphates voué à des poursuites en justice par le vice-premier ministre Igor Setchine ? s'il ne cède pas ses parts.
L'Etat a beau jurer qu'il ne gardera pas éternellement ces actifs, le pire est à craindre. "Ce plan est synonyme de retour à une économie planifiée. Le Kremlin va dicter quels secteurs et quelles entreprises méritent d'être sauvés", s'inquiète la banque d'investissement UniCredit Aton . Le manque de transparence, la faiblesse des institutions, l'avidité du clan au pouvoir font craindre que les fleurons de l'industrie ne se retrouvent très vite entre les mains de la "Corporation", cette élite en épaulettes issue des services de sécurité (ex-KGB) et propulsée aux manettes de la politique et de l'économie.