Cela fait parti des projets que j'avais présenté dans un article précédent consacré au " seabed warfare ", plus précisément sur l'axe Arcto-Pacifique et en Russie
Viktor LITVINENKO ( ! ) , le directeur adjoint de la recherche du Fond pour la Recherche Avancée FPI - ФПИ Фонда перспективных исследований , a annoncé à l'agence TASS la mise au point en Russie d'un drone sous-marin destiné à opérer en autonomie sous la banquise Arctique .
Ce véhicule sous-marin - surnommé SARMA - CAPMA destiné à opérer principalement sous la banquise Arctique a été mis au point en coopération avec le bureau d'étude LAZURIT
Un démonstrateur fonctionnel de ce drone sera mis au point en 2022-2023 et selon diverses sources sa production en série est prévue pour 2024 .
D'une longueur d'environ 10 m et d'un déplacement de 21 tonnes * ce drone sera capable d'opérer en autonomie sous la banquise avec une autonomie de 3 mois sur une distance de 8000 Km . Il pourra plonger jusqu'à une profondeur de 1000 m. Sa propulsion sera très probablement de type anaérobie ( AIP ) et avec la présence d'une pile à combustible . Certains articles font ainsi état de " stockage cryogénique de composés chimiques " . Ce drone bénéficierait de l'acquis de technologies spatiales du FPI .
Comme tous les projets liées au seabed warfare ce drone aura des applications duales , civiles et militaires . Pour ce faire il sera modulable en fonction de la mission qui lui sera assignée : surveillance et maintenance des gazoducs et des oléoducs , surveillance et maintenance des réseaux sous-marins de fibres optiques , cartographie des fonds marins , études géologiques mais aussi très probablement patrouilles - armées ou non - sous la banquise pour y détecter des hostiles . Des applications comme le transport sous-marin d'équipements sont même envisagées . Ce drone sous-marin autonome ( AUV ) doit être considéré comme une plateforme universelle configurable en fonction de la mission . Des experts Russes le présentent comme " Le frère cadet du drone militaire Poséïdon "
Ilya KRAMNIK de RIAC souligne l'importance de ce projet dans le cadre de la maîtrise par la Fédération de Russie de l'axe Arcto-Pacifique avec des technologies indigènes . Quoiqu'il en soit l'annonce du développement accéléré de ce drone survient dans le cadre de menaces renouvelées contre la souveraineté de la Russie sur l'Arctique , ou du moins la partie qu'elle peut revendiquer au nom de la CNUDM - UNCLOS .
L'une des particularité de ce drone est qu'il sera reprogrammable en cours de mission . Outre les polynies - étendues d'eau libres au milieu de la banquise - , les illustrations ci-dessous permettent d'appréhender mieux qu'un long discours les techniques qui seront probablement utilisées . On peut envisager , c'est l'objet d'autres brevets , de sondes aérolarguables munies d'une tête chauffante pour percer la banquise comme pour les foreuses thermiques utilisées en glaciologie . Certaines maquettes laissent envisager l'existence sur le drone d'antenne de communication lors d'une émersion voir d'un " périscope " pour des observations optiques de la surface . D'autres hypothèses font état d'un " périscope chauffant " destiné à percer la banquise pour permettre les communications entre le " monde libre " et le monde sous-glaciaire ( ? )
On peut ainsi envisager l'utilisation de ce drone pour la surveillance " discrète " de la Route Maritime Nord ou Sevmorput et ce sont des missions liées à cette surveillance qui ont lancé ce projet dés 2018 . Ce drone pourra aussi très probablement communiquer avec un réseau de transducteurs immergés selon les technologies développées par NIIATOLL . ( Voir illustration )
Sur le plan de l' "aspect physique" du drone , une maquette en coupe du SARMA à l'échelle 1:1 a été présentée le 21 juin 2021 au stand VKO ALMAZ-ANTEY au salon INNOPROM 2021 à EKATERINBOURG ainsi qu'au salon internationale de la défense maritime de SAINT-PETERSBOURG IMDS-2021.
Lors de cette présentation des voix - issues de la construction navale - se sont fait entendre pour mettre en doute les capacités d'ALMAZ-ANTEY à pouvoir fabriquer ce type de véhicules autonomes sous-marins dans son usine " 70 let pobedy " de NIJNI-NOVGOROD . Le représentant de l'usine a retorqué en citant l'exemple du drone ORCA produit par BOEING™ et en soulignant que son entreprise de très haute technologie dispose de toutes les compétences pour assembler ce système , la conception n'étant pas de la compétence d'ALMAZ-ANTEY .
L'existence de drones capables d'opérer sous la banquise n'est pas nouvelle puisque le Canada a déjà développé au début des années 1990 de tels véhicules sous marins - THESEUS - mais aux capacités plus limitées . Ce drone était destiné à la pose de réseaux d'hydrophones sous la banquise pour la détection des submersibles Russes . Durant les exercices ICEX 2020 l' USN a déployé un drone Bluefin-21 sous la banquise dans des conditions d'autonomie qui restent à déterminer .
De la même manière les " cryobots " développés par la NASA™ pour l'exploration des mers sous-glaciaires des exoplanètes pourraient déboucher très rapidement sur des drones sous-marins militaires tout ce qu'il y de plus " terre à terre ".
La " guerre sous-marine de demain " dans l'Arctique au moyen de drones est bien une réalité , même si elle fait peur à certains états !
Ce drone tire son nom de la vallée où coule la rivière éponyme SARMA et qui donne naissance au vent SARMA le plus fort de ceux soufflant sur le Lac BAÏKAL..
* Selon les articles de presse .
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