1925 : Comment la pègre colonialiste Française voulait transformer Damas en un camp de concentration .
Publié le 30 Août 2013
Comment donc empêcher les bandes de pénétrer dans Damas ? L’idée des réseaux de fil de fer barbelé, dont on a tant usé pendant la guerre, vint tout naturellement à l’esprit. Entourer la ville d’une barrière de fer dont les abords seront battus par des mitrailleuses est la meilleure façon, la seule possible d’ailleurs, de mettre la population à l’abri des incursions des insurgés qui, actuellement, terrorisent les campagnes. Gros travail, évidemment, que celui de réaliser une telle ceinture autour d’une cité aussi étendue, mais possible cependant, surtout avec le concours de la ville en ce qui concerne le recrutement des ouvriers. Il y a trois ans, un plan d’extension et d’embellissement de Damas a été établi par un ingénieur français ; le projet prévoyait notamment le percement de boulevards extérieurs et la création de quartiers nouveaux, pour décongestionner le centre de la ville très surpeuplée. (…) On n’est pas passé à l’exécution de ce plan parce que les caisses municipales se trouvaient vides. Mis au courant par l’ingénieur de cet ancien projet de la municipalité, le commandant de la région, nommé gouverneur militaire de la ville, voit, dans sa réalisation, un moyen d’enfermer Damas dans un réseau de fil de fer et de soustraire la ville au coup de force éventuel des bandes. Après examen de la situation et discussion du projet avec les techniciens, il décide d’entreprendre le travail. Le 10 décembre 1925, le maire et les conseillers municipaux sont convoqués par le gouverneur qui leur demande de réaliser leur projet d’embellissement de la ville. (…) Les conseillers municipaux, en majorité de tendance extrémiste, voudraient ajourner un projet dont ils ne voient pas bien l’utilité ; d’un autre côté, au contraire, pour les raisons que l’on sait, nous désirons passer à sa réalisation immédiate. Après discussion de certains points secondaires, la municipalité se range à nos vues et accepte de recruter et nourrir les travailleurs demandés. Le 11 décembre, quinze cents terrassiers indigènes, rassemblés autour de la mairie, sont conduits sur les chantiers et le percement des boulevards commence sous la protection de deux bataillons de tirailleurs algériens, chargés d’éloigner les bandes au cas où celles-ci s’aviseraient de troubler les travaux. L’ingénieur de la municipalité et les officiers qui les secondent procèdent au piquetage des nouvelles avenues, par tronçons rectilignes, dont les extrémités s’appuient sur des maisons, dans lesquelles logeront les mitrailleurs chargés de la garde des fils de fer. Les réseaux, mis en place sous la direction d’officiers idoines, interceptent les débouchés de la ville sur les jardins, à l’exception de quelques-uns, par lesquels passeront, obligatoirement, les indigènes sortants ou entrant dans la cité, et où un service de contrôle détectera les porteurs d’armes. Travail considérable se traduisant par 12 km de boulevards et 12 km de réseaux de fil de fer à construire ; chaque jour, de l’aube à la nuit, les terrassiers, se relayant par équipe, travaillent à plein sous la conduite d’officiers dévoués et énergiques. Au 1er janvier 1926, 20 jours seulement après le début des travaux, le secteur nord de la ville est terminé et aussitôt occupé par des unités de mitrailleurs ; la fin du même mois voit l’achèvement du secteur sud et, au commencement de février, une ceinture de fer entoure Damas. (…) Les postes, plus ou moins espacés les uns des autres, suivant la forme du terrain, croisent le feu de leurs mitrailleuses en avant et au plus près des fils de fer, rendant ainsi impossible le franchissement de ces derniers.
Général Andréa, La révolte druze et l’insurrection de Damas : 1925-1926, Payot, Paris 1937.