Une nuit de février 34 : AUX VINGT-DEUX MORTS !
Publié le 6 Février 2009
Abstract : As in Iceland today , 75 years ago in the night of the 6 february 1934 French people gathered in the streets of Paris calling for the dismissal of a corrupted political system . The Parisian Police ( PP ) , colonial horse units ( Morrocan spahis ) charged the demonstrators with sabbers and comitted a bloodshed . As in iceland today the demonstrators shouted " Down with the men with the big ciggars " , " Down with those who slept with the banksters " .
The article ends with a text of French journalist Lucien Rebatet of 1944 . " I feel myself French from the head to the feet . It would be a strange adventure if i was the last one of my breed " .
J'ai souvent évoqué dans les colonnes de ce blogue les manifestations en Islande et j'ai cherché à en dércypter les ressorts profonds , parfois éloignés de ceux présentés ( et pour cause ) par les mediats .
Il y a 75 ans , le peuple de France descendait dans la rue avec les mêmes slogans que ceux que l'on peut entendre dans les rues de Reykjavik et pour les mêmes raisons : En finir avec une classe politique pourrie qui le menait à l'abîme . On peut discuter de l'opportunité de comparer les " ligues " avec les manifestants de Reykjavik . C'est la liberté que m'octroie cet espace qui me permet de donner mon avis sur la question . De la même manière , j'ai fait le choix d' y ajouter un extrait de " Les Décombres " de Lucien Rebatet . Le personnage est controversé et l'on peut mépriser ou condamner certaines , ou toutes , ses prises de position pendant la seconde guerre mondiale . Je connais le texte trés méprisant qu'il a écrit avant guerre sur Marseille et sa " vulgarité olivâtre " . Je considère toutefois que cet extrait garde parfaitement son actualité vis à vis de la situation en Islande ou dans notre " cher et vieux pays " . Heureusement qu'aujourd'hui nos " démocrassies" de l'auto-proclamée " communauté internationale ", on disait alors le " concert des nations " , se sont un peu civilisées . On ne charge plus les manifestants sabre au clair avec l'aide de spahis Marocains . " Pourvou qué ça doure ........." .
IN MEMORIAM : AUX VINGT-DEUX du 6 FEVRIER 1934 .
On entend depuis deux ans chez nous un certain nombre de citoyens qui parlent et proposent comme s'ils devaient, en tenant le pouvoir, être beaucoup plus utiles à la France que ceux qui l'ont accaparé. Rien
n'est en effet plus vraisemblable. Si ces hommes en sont vraiment convaincus, qu'ils se hissent au pouvoir. Dans l'extrême danger où l'on a mis la France, leur patriotisme doit leur en dicter les moyens. Car ils ne peuvent
ignorer que, derrière eux, il n'y a plus rien, que l'anarchie ou la servitude et qu'il est tard. S'ils reculent, tergiversent, ces hommes ne sont pas des patriotes et ne valent pas plus cher que les autres. Ce sont encore des Français de nom. Ce sont de moins en moins des Français de coeur et de volonté. Nous ne recevrons certainement pas en cadeau du Jour de l'An, avec la manière de s'en servir, le nouveau régime que nous souhaitons pour la
France. Ou bien, ce sera l'étranger qui nous l'apportera. Je suppose que l'on perçoit la différence. Nous ne sommes pourtant plus que devant des décombres. Il s'agirait de savoir qui se décidera à prendre la pelle, à conduire les charrettes et les tombereaux, à remettre d'autres pierres les unes sur les autres. Il me semble que l'on pourrait, sans être fou, espérer que la France, au milieu des épopées et des révolutions gigantesques de ses voisines, demeure capable de cet ouvrage assez modeste, que pour lui il existe encore des Français. Il
n'en faudrait point tant pour les premiers chantiers. J'aspire à être un de ces hommes. Seul, que puis-je ? Je ne fais figure que d'énergumène. Cependant, je me sens Français de la tête aux pieds. Ce serait une étrange aventure que je fusse le dernier de mon espèce "
" Les Décombres " - Lucien Rebatet .