Brésil - Kulturkampf : Funk-Carioca SUCKS ! Long live Samba !
Publié le 23 Décembre 2013
Les articles de Ice Station Zebra n'ont pas la prétention d'être des études sociologiques. Comme le montre l'illustration du titre , ce blogue est surtout une antenne qui capte des signaux et un centre de traitement de données.
J'avais dans un précédent article évoqué la décision courageuse du Ministère Public de l'Etat de Rio de Janeiro de mettre au ban public un couple de personnes qui ont profané des objets du culte Catholique lors de la visite du Pape. [ lien vers article ] J'y voyais la marque de l'arrivée d'une vague conservatrice , ou plus modestement d'une réaction conservatrice de la société Brésilienne face aux dérives libéral-libertaires de ces dernières années.
C'est désormais dans le domaine musical que l'on note un retour du conservatisme et plus particulièrement un retour du samba comme élément identitaire de la Brasilianité face à un style de musique afro-centré et associé aux milieux des gangs des favelas Carioques : Le Funk-Carioca ou Baile-Funk . Le site Autres Brésils s'est livré en 2012 à une analyse très complète de ce style musical.[ lien ] Malheureusement cette analyse très pertinente illustre parfois cet " Hexagonal " de la " technostructure " duquel se moquait avec talent Robert Beauvais :
" Ce mouvement prend notamment la forme d’une véritable radicalisation, qui peut être interprétée comme une réaction identitaire à la popularité grandissante du style, et qui se traduit par une intensification de la violence dans les lieux où cette musique était écoutée "...Ouf !
Pour un public Français on peut comparer le Funk Carioca sur le plan des thématiques abordées , de la rythmique et du visuel des clips à Nique Ta Mère et son inénarrable Didier Morville aka Joey Starr : Le 9-3 ; tirer sur des flics , niquer - enfin faire" zoom zoom zang "©™ - dans des tournantes avec des adolescentes à peine pubères et de préférence " faces de craie ", gagner du fric y compris en vendant de la drogue , boire du champagne et (re)faire " zoom zoom zang "©™ avec le bumpa ©™ d'une adolescente à peine pubère habillée ( ? ) de sous-vêtement fluos sur la banquette arrière d'une Benz , Benz , Benz ! Bref le fantasme afro-centré d'un notaire sexagénaire et libidineux du Rouergue... Les clips et les baile-funk sont ainsi accompagnés de mimes d'actes de copulation " en levrette " ou de léchage de bumpa ©™, la plupart du temps entre Afro-descendants ou un Afro-descendant " couvrant " une jeune fille de race blanche ! [ voir photos ci-dessous ]
Le film de deux réalisateurs Finlandais " Moro no Brasil " de 2002 a donné une vision déformée et idyllique de ce style musical aux publics Européens en le plaçant dans la lignée de la MPB [ Frevo, Maracatu, Coco, Embolada, Forro et Samba ] et en prenant pour groupe représentatif Funk n' lata jouant du James Brown dans un décor de guérilla urbaine.
Un jeune " national " Brésilien ,Artur Dias s'exprimant dans les colonnes de El Hombre , a décidé de relever le défi du combat culturel en opposant cette musique exogène - issue du Miami bass et du gangsta rap Etasuniens - à la tradition nationale-populaire du Samba. [ lien ]
Les complices et prosélytes du Funk Carioca sont aussi désignés par leur noms : Les " intellectuels "de la Bourgeoiso-Bohémie Carioque et Pauliste [ sociologues , anthropologues , économistes , avocats , ...] et autres faiseurs d'opinions qui cherchent à imposer aux Brésiliens cette musique et qui l'intellectualisent et la socialisent alors qu'il ne s'agit que de recettes commerciales qui terminent dans les coffres des multinationales ou dans ceux des chefs des gangs mafieux des favelas. Le samba est par contre l'archétype de la richesse de la culture multi-raciale Brésilienne aux mélodies et thématiques multiples par opposition à la pauvreté mélodique du Funk Carioca comme des thèmes qui y sont abordés.[ relations sexuelles non consenties avec des mineures et violence dans les favelas].Bien sûr , et on s'étonne de pouvoir s'étonner , le Funk-Carioca bénéficie sous nos latitudes des mêmes soutiens qu'au Brésil et pour les mêmes raisons : Du moment que ce sont des musiciens ( sic ! ) Afro-descendants et issus de " ghettos sociaux " , leurs productions sont qualifiées d' " art " . Même si l'on y parle de relations sexuelles non consenties - des viols pour les non comprenants - avec des mineures. De la même manière il ne faudra pas s'étonner si l'action de la Policia Militar à l'intérieur des favelas , principalement au travers des Unidades de Polícia Pacificadora , qui a réduit le crime organisé et réduit la fréquence des baile-funk est critiquée par les ONG's Occidentales .
Le comble du ridicule qui semble avoir généré ce " retour du pendule " neo-conservateur fut le diplôme de Maîtrise délivré en avril 2013 à Mariana Gomes par le département " Cultures et territorialités " de l'Universidade Federal Fluminense - UFF - de Niterói pour son mémoire " Mon pussy est pouvoir - La représentation féminine à travers du funk de Rio de Janeiro : Identité , féminisme et identité culturelle ". Le sujet d'étude de ce mémoire de maîtrise était la funkeuse Valesca Popozuda et ses " textes politiquement engagés " [ Maintenant je suis une petite pute - Ma chatte , c'est mon pouvoir - Ce avec quoi je me fais défoncer ,... ] . [ Voir photo de la grosse blondasse qui montre son arrière-train et video ].
L'article d'Arthur Dias et la multipication de blogues hostiles au Funk-Carioca sont-ils les prémices d'un mouvement comparable à celui du " Disco SUCKS " [ Long live Rock' n' Roll ] qui est apparu à la fin des années 70 [1978-1979 ] aux Etats-Unis et qui a été l'un des marqueurs du début de la révolution conservatrice Reaganienne ? [ lien ] Il est trop tôt pour le dire ! On peut noter toutefois que ce mouvement n'est pas le fait des caciques quadras et quinquas du conservatisme " institutionnel" au Brésil , Atlantiste et mondialiste , qui s'exprime par exemple dans les colonnes de Veja et des mediats PiG . Ce néo " néo-conservatisme" s'exprime plutôt sous la plume de jeunes universitaires qui seraient à priori un public hermétique au samba et à la Brasilianité qu'il véhicule.