Géopolitique des frontières : La " Race Cosmique " colonise les Etats-Unis! [ Aztlan raising ] !
Publié le 27 Mai 2010
Plus de 500.000 illégaux sont arrêtés par les gardes-frontières américains dans le seul district de Tucson chaque année.

John Ladd plisse les yeux, flatte la croupe de son vieux cheval et regarde vers le sud. «Vous voyez ce mur au bout de ma propriété ?, dit le cow-boy à la moustache grise et à l'accent chantant. C'est la frontière. Tous les jours, près de 200 à 300 Mexicains l'escaladent et traversent mes champs… Cela fait quinze ans que ça dure. Quinze ans que je deviens fou !»
L'air est immobile et brûlant, le décor grandiose. La poussière danse sur le chemin de terre emprunté par le 4×4 de John. Situé sur la frontière de l'Arizona avec le Mexique, à quelques kilomètres de Bisbee, le ranch de John Ladd a été bâti par ses arrière-grands-parents dans une vaste plaine désertique hérissée d'arbres rares, où il élève vaches et chevaux. Quand la famille Ladd s'est installée ici en 1896, il n'y avait pas encore de frontière définie entre le Mexique et les États-Unis, qui venaient de se déchirer dans une guerre meurtrière. Le territoire, d'abord indien, puis mexicain avant de devenir américain, était borné seulement par le farouche désir de liberté des cow-boys installés sur ces avant-postes. Ce n'est qu'en 1912 que la frontière a été tracée. Mais elle n'était pas un problème, plutôt un mode de vie, explique John. Américains et Mexicains allaient et venaient. «Pendant les périodes de crise, comme en 1929, on renvoyait chez eux les Mexicains en masse, avant de les rappeler quand on avait besoin de bras», raconte l'historien JC Mutchler, voisin de Ladd et spécialiste du dossier à l'université d'Arizona. John le rancher évoque les amitiés que sa famille entretenait avec une famille mexicaine installée dans la montagne de l'autre côté de la frontière. Dans les années 1960, ses parents ont même parrainé l'attribution de la citoyenneté américaine à deux travailleurs immigrés. «Nous étions comme une famille, dit John. Brun ou blanc, je m'en fous, du moment que les gens ne sont pas stupides !»
Tout a changé «dramatiquement» selon lui, après 1994, quand l'accord de libre-échange (Nafta) entre les États-Unis et le Mexique a dévasté le secteur agricole mexicain. Ruinés par la concurrence des fermiers américains, des dizaines de milliers d'agriculteurs latinos ont afflué vers la frontière. Ce flot ne s'est plus jamais arrêté, charriant vers l'économie américaine une main-d'œuvre prête à tout pour nourrir la famille restée au pays, même à risquer de mourir de soif sur le chemin de l'exil. Les chiffres, qui varient, sont surréalistes. Plus de 500.000 illégaux sont arrêtés par les gardes-frontières américains dans le seul district de Tucson chaque année : «Cela implique que plus d'un million d'immigrants parvient à passer, puisqu'on estime que 2 sur 5 sont attrapés», explique le shérif de Tucson, Clarence Dupnik… Le renforcement de la frontière au Texas a accentué la pression sur l'Arizona, bordée par des déserts hostiles, difficiles à sceller. Des dizaines de milliers d'illégaux traverseraient le seul champ de John Ladd chaque année…
Les dégâts causés sont multiples : barrières cassées, champs saccagés, détournement des canaux d'irrigation, vêtements souillés abandonnés par les fuyards. À chaque fois, John Ladd doit appeler la patrouille des gardes-frontières qui commettent «plus de dégâts encore». Mais ce qui inquiète le plus le fermier, c'est que cette vague d'immigration est désormais contrôlée par des cartels de la drogue mexicains, qui exigent des candidats au départ qu'ils se transforment en «mules» pour convoyer marijuana ou héroïne. Depuis qu'il a dénoncé leur présence à la télévision mexicaine, John Ladd ne se rend d'ailleurs plus au Mexique, pour raisons de sécurité. Il y a deux mois, Robert Krenz, un autre fermier que John connaissait, a été assassiné sur son ranch. L'enquête est toujours en cours.
Plus prudent, le shérif Clarence Dupnik reconnaît un problème «croissant» de criminalité lié au trafic. Les barons mexicains se livrent au chantage avec les illégaux, qui doivent payer quelque 2000 dollars pour passer. S'ils n'ont pas d'argent, ils sont retenus prisonniers jusqu'à ce que les familles payent. Ce juteux business, évalué à des dizaines de milliards de dollars, a transformé Phoenix en «capitale du kidnapping».
Exaspéré par «l'inaction» du pouvoir fédéral, John Ladd a été bien content quand l'État d'Arizona a voté une loi sur l'immigration illégale dotant les forces de l'ordre de pouvoirs élargis. Contrairement aux associations de latinos qui dénoncent une «loi raciste» propre à encourager «la chasse au faciès», John ne comprend pas pourquoi «demander ses papiers à quelqu'un est une atteinte aux droits de l'homme». Fermiers et policiers affirment que la passivité qui a prévalu jusqu'ici est surtout due aux puissants intérêts politiques et économiques en jeu. «Les démocrates veulent le vote des Latinos et les républicains, liés aux intérêts du business, veulent de la main-d'œuvre à bas prix», résume Levi Bolton, patron d'une association de policiers de Phoenix.
Pour l'historien JC Mutchler, l'imbrication intime de la société américaine et des illégaux latinos - et l'empathie que suscitent les drames humains vécus par ces nouveaux migrants - sont des facteurs importants. «Les gens crèvent de faim au Mexique, les Américains le savent. Ils connaissent tous des immigrés illégaux qui tondent leur pelouse. Ils les respectent pour leur travail acharné et leur volonté d'assumer les boulots que les Américains de souche méprisent», dit-il. Nation d'immigrants, l'Amérique a du mal à se faire à l'idée de «fermer la porte».
Entre 60 et 70 % des Américains soutiennent pourtant la loi votée en Arizona. Au bureau du gouverneur Brewer, la directrice de cabinet, Eileen Klein, voit dans ce soutien massif l'attachement de l'Amérique «à la loi». «C'est vrai que nous sommes une nation d'immigrants, dit-elle, évoquant sa propre famille venue de France. Mais le droit doit être respecté pour que notre pays reste fidèle à lui-même.»
D'aprés Le Figaro
Note de l'Editeur
Il ya quelques années Samuel Hutington s'insurgeait contre cette " Chicanisation " des Etats-Unis et plus particulèremment du Sud-Ouest des Etats-Unis dans un opuscule titré :
« The Hispanic Challenge » (Le défi hispanique), paru dans Foreign Policy en mars 2004
et extrait d'un livre sorti peu aprés Who are We ?The Challenges to America’s National Identity.
Comme le souligne Huttington les " Chicanos " - terme dérogatoire utilisé pour les Hispaniques - ont une légitimité historique sur les territoires ou ils émigrent puisque ceux-ci appartennaient au Mexique avant la guerre d'agression Etasunienne contre le Mexique de 1846-1848 .
C'est un premier point intéressant à noter lorsque l'on voit prononcer les termes d' " invasion " , parlons plutôt de Reconquista !
Le deuxième point est que cette " invasion " Reconquista avait été annoncé par un ( très ) grand Mexicain : José Vasconcelos Calderon , romancier, philosophe, pédagogue et homme politique. Recteur de l'Université de Mexico, puis ministre de l'Education entre 1920 et 1924, il réforma de fond en comble l'enseignement de base dans son pays, impulsa le mouvement politico-artistique national-révolutionnaire du muralisme mexicain .
Signalons que JV fut aussi un des fondateurs des " comités Pro-Raza " dans le Sonora pour soutenir les émmigrés Mexicains [ Ils donneront naissance à l' Accion Revolucionaria Mexicanista , les " Chemises Dorées " ou l'on retrouva beaucoup des " Dorados del Norte " de Pancho Villa ] au début des années 20 alors que se développait la même politique raciste des WASP's contre les Latinos . [ La période évoquée par l'historien JC Mutchler dans l'article de Mme Mandeville ]
Sa thèse est intéressante car dés 1926 il suggère que les progrès du transport maritimes , ferroviaires et aériens ainsi que la ... climatisation et le chauffage central vont permettre à " La Raza de bronce " de s'étendre au Nord .
" L'homme blanc , le seigneur d'aujourd'hui , a forgé les outils de
sa propre destruction . Les moyens de communication moderne qu'il a créé permettent aux peuples les plus divers de se deplacer en quelques dizaines d'heures à l'autre bout de la planéte et de peupler des territoires dont il n'avait pas seulement imaginé l'existence il y a une génération "
" Les jours de la race blanche nordique sont désormais comptés .Ayant
rempli sa destinée qui était de mécaniser le monde , elle a declanché
, sans le savoir , le début d'une nouvelle ére : L'ére du mélange et de la fusion des peuples ."
" Desormais tous les hommes de couleurs , et en particulier nous les
latinoaméricains , pouvons vivre sous des latitudes septentrionales et par des températures polaires . L'homme blanc a ainsi détruit la loi immuable des espéces : la sélection naturelle et ceci à son détriment ."
" Maintenant que la race blanche , et en particulier les Anglo-saxons
, ont complétement achevé de d'explorer le continent Nord-Américain
il nous appartient à nous les Hispaniques et les Latinoaméricains de conquérir spirituellement ce continent "
" Il n'y a pas de retour en arriére dans l'Histoire car elle est transformation et innovation .Aucune race , une fois sa grandeur terminée , ne peut prétendre à revenir en haut de l'affiche .Chaque race passe aprés avoir accomplie sa mission .La race blanche Anglo-Saxonne d'Amérique du Nord subira cette loi d'airain comme toutes les autres .Sa mission fut de mécaniser le continent Américain , la notre sera de lui redonner une âme " .
Le troisième point non moins intéressant est l'historique du tracé de la frontière que l'article cite à 1912 .
En fait la prise de conscience de la " frontière " qui coïncide avec une prise de conscience nationale des frontaliers Mexicains date du 15 mars 1916 et de l'expedition colonialiste du Général Pershing au Mexique à la poursuite de Pancho-Villa. L'invasion puis le retrait des troupes Etasuniennes a créé chez les frontaliers la nostalgie de " Aztlan " , la terre Ibero-Amerindienne volée lors de la guerre de 1846-48 et a constitué la première vague de l'émigration la Reconquista de la Nación de Aztlán .