Géopolitique des ressources - eau : Hydro-piraterie dans l' " Amazonie Bleue " Brésilienne .

Publié le 8 Mars 2010

Le message véhiculé par les mediats  ces dernières années a fait croire à une dématérialisation de l'économie qui aurait pour corrolaire la fin du rôle omniprésent des matières premières :L'esprit aurait remplacé la matière .
Les nouvelles qui arrivent de jour en jour montrent au contraire que les décennies à venir seront marquées  par une lutte accrue et de plus en plus âpre pour le contrôle de ces matières premières . Cette lutte va aussi bien jouer pour le contrôle des centres de production que pour le contrôle des corridors d'acheminement de ces matières premières vers les centres de transformation et de consommation .
On se bat aujourd'hui pour contrôler le pétrole et  le gaz mais aussi le charbon et le minerai de fer depuis les déserts Australiens jusqu' à l'arctique Norvègien en passant par la Mongolie .
Ces " vieilleries " de la révolution industrielle du XIX éme siècle font toujours l'objet des convoitises de sociètés en expansion ou manquant cruellement de ces ressources pour se développer .
L'eau a elle aussi fait le retour dans la géopolitique des ressources  et est un des principaux facteurs de la guerre au Proche-Orient avant de devenir un facteur de conflits probable en Asie-Centrale .
Un de des aspects les plus méconnus de cette " guerre pour l'eau " a été révélé dans les colonnes de la revue juridique  Brésilienne Consulex au mois de décembre dernier .
Il a depuis fait le tour de la blogosphère GP Brésilienne et commence à apparaître en dehors l'espace Lusophone .
Ice Station Zebra s'honore d'être un des tous premiers blogs francophones à évoquer le sujet grâce au blog Geopolitica Brasil dont vous pouvez trouver le lien à droite .[ 1 ]

Ce nouveau front de la " guerre pour l'eau " a pour cadre ce que les géopolitologues Brésiliens ont surnommé " l'Amazonie Bleue " [ Amazonia azul ] , c'est à dire la Zone Economique Exclusive Brésilienne située au contact du Brésil  ,  qui vient de faire l'objet d'un projet internet éponyme marquant l'intêret renouvellé de la communauté de la défense Brésilienne pour cet espace  .

Si l'" Amazonie verte " est connue pour avoir été l'endroit ou s'est déroulé le premier acte de bio-piraterie internationale avec le vol en 1876  par l'agent  Anglais Henry Wickham de semences d'Hévéa  l'" Amazonie bleue " , l'embouchure de l'Amazone plus exactement , devient l'endroit ou s'organise le premier acte d' Hydro-piraterie en bande organisé .
Plus que jamais le célébrissime juron du Capitaine Haddock , " Pirates d'eau douce " , convient à ces multinationales qui exercent leur forfaits dans l'embouchure de l'Amazone .

Dans son numéro de décembre 2009 , la revue Consulex  a révélé que des navires-citernes viennent régulièremment pomper l'eau de l'embouchure de l'Amazone pour ensuite les revendre en Grêce , Chypre , Madère , au Proche-Orient et au Moyen-Orient .
Il ne s'agit pas comme on pourrait le penser de prime abord une manière lucrative de rentabiliser le voyage de retour à vide d'un tanker , bien que ceux-ci participent au trafic depuis plusieurs années , , mais d'un commerce organisé à l'échelle internationale qui fait l'objet de commandes et de contrats et même de recherches et de développerments de nouveaux moyens de transport de cette eau comme des bâches en polyuréthane tractées par des remorqueurs .
Un seul tanker peut ainsi prélever 250 mio de litres d'eau potable destinés à être commercialisé embouteillés à plus de 20 centimes d'euro le litre .

L'une des sociétés venant prélever en toute impunité  l'eau de l'Amazone a été identifié : Il s'agirait la société Norvégienne Nordic Water Supply ASA.
Elle fait partie de l'une des SOIXANTE-NEUF sociétés mondiales qui opérent dans ce secteur de la captation et du transport de l'eau douce .
Cette eau est transportée vers sa destination finale ou elle traitée , l'eau de l'Amazone est turbide mais potable [ Je suis là pour en témoigner - NDLR ] , avant d'être embouteillée .
Le prélèvement à l'embouchure de l'Amazone parfois à la limite de la " Foz do Amazonas " [ Voir carte satellite ]  permet d'échapper au SIVAM , le système de surveillance de l'Amazonie mis en place par les forces armées  Brésiliennes , tout en permettant de disposer une eau déja décantée du limon .
D'autres navires à destination du port minéralier de Porto Trombetas n'hésitent pas à effectuer ces prélèvements plus en avant dans l'embouchure  profitant de la présence de fosses fluviales .
Le traitement de cette eau avant embouteillage revient à 0.88 USD par m3 alors qu'une eau
obtenue par un procédé de désalinisation de l'eau de mer revient à 1.50 USD le m3 .
Comme le souligne la revue Consulex , cette eau n'est pas un Res Nullius comme semblent le croire les multinationales  mais bien la propriété de l'Union  selon la constitution Brésilienne [ 2 ] et il s'agit donc d'un vol en bande organisée des ressources naturelles Brésiliennes .

Mais que font les autorités Brésiliennes ?

Interrogés , les principaux responsables des services des douanes ont avoué être au courant du trafic mais se déclarent dans l'impossibilité d'agir , par des moyens militaires par exemple , en l'absence de dépot de plainte .
Outrés par ce manque de réactions des autorités fédérales  , la blogosphère " national patriotique " Brésilienne a entrepris des démarches dans ce sens .
La contrebande est d'autre part facilitée par le manque de moyens de surveillance , principalement aériens , d'un espace maritime qui s'étend sur plusieurs dizaines de milliers de km2 .
La surveillance satellitaire optique a longtemps été mis en échec par la couverture nuageuse trés importante de la région et les satellites utilisant  les bandes radar ne couvrent pas encore cette partie de l'Amazonie .
La Police Fédérale du Para , état situé à l'embouchure de l'Amazone , vient de créer au début du mois de février 2010 une " Task Force " destinée à lutter contre cette nouvelle forme de piraterie " en eaux douces " .[ 3 ]
Selon ses données de 40 à 50 navires transitent mensuellement vers le terminal minéralier de Porto Trombetas , Belem ou Santarem et plusieurs d'entre eux seraient susceptibles de se livrer à ce trafic .
La Police Fédérale devra toutefois établir si le délit ou crime  d' " hydro-piraterie " est constitué ou si les navires ne procédent qu' à de simples opérations ballastage comme les y autorise le code maritime  .
Selon le commandant José Roberto Bueno Junior de la capitainerie orientale de l'Amazone , les navires ballastent une première fois en rentrant dans l'Amazone afin de changer l'eau salée pour de l'eau douce et garantir la flottabilité dans l'embouchure et ballastent une deuxième fois afin de repartir avec de l'eau salée exempte d'espèces endémiques pouvant coloniser d'autres régions du monde au cours d'une escale .
Il souligne qu'un navire ne peut voyager à vide et que parler d' " hydro-piraterie " , c'est pousser le bouchon un peu loin .

L' "Amazonie Bleue "

La révélation de ce scandale a relancé l'intêret au Brésil  surtout parmis la communauté de la défense  pour ce qui est nommé " l'Amazonie Bleue " , c'est à dire l'espace maritime bordant le Brésil   .
Une préoccupation déja sensible depuis les découvertes pétrolières off-shore de la société Petrobras à Pré-Sal dans la baie de Santos [ 4 ] - [ 5 ] et qui se manifeste par la volonté de moderniser la flotte de submersibles .
Cet intêret s'est concrétisé par la publication en ligne du projet  " Amazonia Azul " qui affirme que cette Nouvelle Amazonie posséde plus de potentialités que l'Amazonie terrestre tant sur le plan des ressources minières que des ressources biologiques et que le Brésil doit se doter des moyens nécessaires pour la défendre .
L'Amazonie Bleue est aussi vu sur le plan stratégique comme la " première tranchée navale " de défense du Brésil  .
Cette publication n'est pas le fruit de géopolitolgues " du sérail " mais provient à la suite d'un débat né sur la blogosphère , et plus particulièrement la blogosphère " national patriotique " , GP Brésilienne et du site Plano Brasil .
Chaque participant est invité à formuler ses idées pour ce qui devrait devenir la Doctrine Géopolitique Brésilienne en relation avec la gestion de cet espace maritime y compris par exemple dans la définition des forces navales qui pourraient y opérer .
L'Amiral Guilherme Mattos de Abreu  fait ainsi un excellent résumé sur le blog Geopolítica da Energia  du rôle stratégique des approches maritimes Brésiliennes depuis la découverte de  Pedro Alvares Cabral [ " Le Brésil est né de la mer " selon l'expression consacrée ]  jusqu'au rôle de cet espace maritime dans la projection du Brésil vers l'extérieur de nos jours en passant par les torpillages ( attribués aux ) Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale et la " Guerre de la Langouste " avec la France au début des années soixante .
A quand un tel débat en France ?

 

 


Liens :
[ 1 ] Navios-tanque traficam água de rios da Amazônia - sur le blog Geopolitica Brasil

[ 2 ] Art. 20 - São Bens da União:
III - os lagos, rios e quaisquer correntes de água em terrenos de seu domínio, ou que banhem mais de um Estado, sirvam de limites com outros países, ou se estendam a território estrangeiro ou dele provenham, bem como os terrenos marginais e as praias fluviais
V - os recursos naturais da plataforma continental e da zona econômica exclusiva;

[ 3 ] Piratas roubam até água no Pará - Depêche de noticiadaamazonia.com.br du 14 février 2010 .
[ 4 ] Entenda o que é a camada pré-sal - Article de folhaonline du 31 aout 2009.
[ 5 ] Le filon du Brésil - Analyse de James Onnig Tamdjian sur Project-Syndicate .









Rédigé par DanielB

Publié dans #Geopolitique

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E
<br /> Daniel,<br /> excellent article : je le signale demain sur égéa.  Excellent travail, vraiment<br /> OK<br /> <br /> <br />
D
<br /> Bonsoir ,<br /> Merci mais il n'est pas terminé......<br /> Je croyais l'avoir juste enregistréen brouillon ?<br /> Je le termine et je republie<br /> Tres Cordialement<br /> Daniel BESSON<br /> <br /> C'est fait !<br /> <br /> <br />