L’infanterie de marine, outil universel de la flotte .

Publié le 28 Novembre 2010

Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le 27 novembre, la Russie célèbre la Journée de l’infanterie de marine. Ce jour de 1705, le premier régiment de ‘’ soldats marins ‘’, dont la mission consistait à aborder les navires et à débarquer sur les côtes ennemies, a été créé en mer Baltique. En 300 ans, l’infanterie de marine a traversé beaucoup de périodes, tantôt disparaissant presque complètement, tantôt redevenant une force militaire importante. Le développement de l’infanterie de marine dépendait toujours du développement de la Marine, et ce corps d’armée fut à son apogée pendant la seconde moitié du XXe siècle. A cette époque, la marine soviétique était l’une des plus puissantes au monde, devancée seulement par les Etats-Unis.

Les capacités de l’infanterie de marine

La Marine contemporaine est la seule armée capable d’agir en mer, sur terre, dans les airs et sous l’eau et accomplir des missions tactiques, dans le cadre des conflits locaux, et stratégiques, lors d’une guerre nucléaire mondiale. L’infanterie de marine est l’un des éléments qui apporte à la puissance maritime d’un Etat important l’universalité et l’autosuffisance.

Les unités, telles que les groupes de choc de projection montrent les potentialités de l’infanterie de marine contemporaine. Les unités d’infanterie de marine, leur principal élément, sont projetées par les bâtiments universels de débarquement. De tels groupes incluent les navires de combat, l’aviation, les bâtiments de soutien, etc., et sont capables de remplir par leurs propres moyens des missions très variées, jusqu’à la gestion d'une petite guerre.

L’infanterie de marine possède ces capacités grâce aux possibilités des bâtiments universels de débarquement, qui peuvent embarquer un bataillon (voire un régiment) d’infanterie de marine avec du matériel et de l’armement, et le débarquer à l’aide des embarcations d’assaut et des hélicoptères de débarquement. Contrairement aux grands bâtiments de débarquement traditionnels, qui projettent l’infanterie de marine directement sur la côte, les bâtiments universels de débarquement peuvent rester hors de la vue lors de l'opération. Cela garantit l'effet de surprise et diminue la probabilité de subir des dommages ou un naufrage du bâtiment pris à partie par l'ennemi.

De telles unités peuvent être utilisées au-delà des affrontements militaires directs. Les groupes de choc de projection sont un excellent outil d’influence. De tels groupes associés à la diplomatie permettent d’influer sur la situation dans telle ou telle région, en faisant pencher la situation à son avantage. Entre autre, les groupes de projection peuvent être utilisés à des fins de maintien de la paix, pour le sauvetage et d’autres opérations humanitaires. Par exemple, l’infanterie de marine américaine a été utilisée pour rétablir l’ordre et apporter de l’aide à la population d’Haïti après le tremblement de terre dévastateur.

Aujourd’hui, seuls les Etats-Unis disposent d’une expérience réelle de création de groupes de choc de projection, possédant le plus grand nombre de bâtiments universels de projection. Les autres pays, qui ont commencé à construire les bâtiments universels de débarquement relativement récemment, que ce soit la France, l’Espagne ou la Corée du Sud, commencent seulement à acquérir cette expérience.

Quel rivage nous intéresse ?

Les projets du ministère russe de la Défense pour l’achat/construction des bâtiments universels de débarquement pour la Marine russe avec des équipements appropriés, et par conséquent l’augmentation prévue des capacités de projection de la Marine, sont souvent confrontés au manque de compréhension. L’histoire des vingt dernières années n’inspire pas d’optimisme concernant les capacités de la Marine. Toutefois, il est nécessaire de comprendre la chose suivante.

Avec le temps, le rétablissement du potentiel économique de la Russie aura besoin inévitablement d'outils d’influence militaro-politiques appropriés permettant de contrôler la situation non seulement dans les régions terrestres limitrophes, mais également dans l’océan (dont les ressources acquièrent de plus en plus d’importance), ainsi que dans les zones côtières des régions du monde importantes aux yeux de la Russie. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que la Marine possède le plus long cycle de rétablissement : la construction des navires, la formation des unités, leur coordination et la préparation demandent des années.

Afin de préparer la Marine russe à relever les défis probables des années 2030-40, il est nécessaire de construire de nouveaux bâtiments et d’élaborer de nouvelles conceptions d'exploitation dès maintenant.

D’autant plus que l’importance des théâtres maritimes d'opérations extérieures, surtout en Afrique et en Asie du Sud-Est, devrait s’accroître au cours des prochaines années en raison de l’expansion des transports maritimes, de l’augmentation des exploitations des ressources sur le plateau continental et de la pêche. L’importance de l’Extrême-Orient est également en hausse. Hormis le potentiel économique des eaux et du plateau continental, les contradictions entre les pays de la région, dans la péninsule coréenne et dans la région des îles Kouriles, ont également leur importance.

Qu’avons-nous aujourd’hui?

Aujourd’hui, l’infanterie de marine russe comprend quelques brigades et régiments ainsi que des bataillons et des compagnies détachés qui font partie du corps des quatre flottes et de la flottille de la Caspienne. Les unités d’infanterie de marine sont subordonnées au commandant des forces côtières de la Marine.

Il ne sert à rien de parler de potentiel de projection en l’absence de bâtiments universels de débarquement ou de grands porte-hélicoptères. A l’heure actuelle, les capacités de l’infanterie de marine se limitent à la défense côtière dans les régions des bases navales et aux débarquements tactiques proches de ses propres bases. Une partie importante des bâtiments de débarquement et des embarcations d’assaut de l’infanterie de marine russe est obsolète et a besoin d’être remplacée.

Le ministère de la Défense russe en est tout à fait conscient. Pour cette raison, en dehors de la commande prévue des bâtiments universels de débarquement (probablement de classe Mistral), la construction des grands bâtiments de débarquement de nouvelle génération sera poursuivie. Le premier navire du projet 11711 Ivan Gren devrait entrer en dotation de la Marine l’année prochaine.

Le renouvellement des équipements de combat et auxiliaires de l’infanterie de marine, grâce à la fourniture de nouveaux véhicules de transports de troupes, de véhicules blindés de combat d’infanterie, de canon automoteurs et de voitures automobiles, est également en cours. Le développement des unités d’infanterie de marine nécessite également les derniers systèmes de contrôle et de communication, des drones et d’autres équipements. Tout cela permettrait d’augmenter l’efficacité de gestion des troupes et donnerait à l’infanterie de marine la capacité de combattre en subissant des pertes minimales.

Note de l'Editeur :

La série Soviétique " Rossiya Molodaya " - La Jeune Russie - produite en 1981-1982  montre dans son dernier épisode la première grande opération de la " Morskaya pekhoda " bien qu'elle ne soit pas encore désignée en tant que telle : L'opération amphibie du 11 octobre  1702 et la prise de la forteresse de Schlüsselburg - Noteburg durant la " Grande guerre du Nord "

  

Rédigé par DanielB

Publié dans #Defense

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