Libye - Caucase : Quand la France arme les Islamistes .

Publié le 4 Juillet 2011

L’actualité cette dernière semaine a été marquée par les livraisons d’armes par la France à la «  rébellion Libyenne ».  Une pratique qui n’est pas malheureusement pas une nouveauté pour la pitoyable diplomatie Française . Ce fut déjà le cas dans les années 1850 , sous le règne de Badinguet , lorsque toujours associée à l’Angleterre la France armait les tribus du Caucase . En consultant cette étude , vous pourrez aussi constater comment les modes de mobilisations de l’ «  opinion publique » ont très peu évolué et comment les «  agents » Français et Anglais tentaient déjà d’organiser politiquement des tribus disparates en « Conseil National » , aujourd’hui face à Kadhafi , hier face aux «  Moscovites »

Source :

 Lesure Michel. La France et le Caucase à l'époque de Chamil. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 19 N°1-2. Janvier-

Juin 1978. pp. 5-65.

doi : 10.3406/cmr.1978.1306

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1978_num_19_1_1306

 

Après 1848, l'intérêt de la correspondance se déplace. Les consuls,

gênés dans leur travail par la tension politique entre la France républi

cainee t la Russie, perdent tout à coup leurs moyens d'information,

tandis que les activités de Chamil et des montagnards paraissent marquer

un déclin. Bientôt la guerre russo-turque, puis l'intervention de la France

dans le conflit vont absorber leurs réflexions et vont reléguer à l'arrièreplan

les combats du Caucase. Pourtant l'espoir reste tenace dans les

milieux diplomatiques français de voir Chamil et les tribus circassiennes

accourir aux côtés des Alliés et ouvrir un second front pendant l'expédi

tiodne Crimée. Plusieurs officiers, un ministre plénipotentiaire, enfin un

agent consulaire envoyé à Soukhoum Kale vont être chargés de préparer

le terrain et d'apporter des armes aux montagnards. Leur correspondance

est, avec celle de l'ambassade de France à Constantinople, la seule qui

mérite désormais de retenir l'attention en ce qui concerne le Caucase ;

elle témoigne de la méconnaissance qu'on avait en France du véritable

caractère du muridisme, des illusions et des malentendus qui ont guidé

la politique orientale des Alliés jusqu'en 1855.

A Constantinople, on apprend

l'arrivée prochaine de dix mille fusils envoyés de Marseille et destinés à

Chamil, bien qu'on n'ait aucune indication sur les besoins, les dispositions

et même sur le lieu de résidence de ce chef122. Le 5 mai, une flottille francoanglaise,

commandée par le contre-amiral Lyons et par le commandant

français de Chabannes, prend la mer pour aller détruire quelques places

fortes des Russes, pour débarquer en un point favorable et pour préparer

la liaison avec Chamil et tenter de rencontrer, dans un premier temps,

Mohammed Emin, son naïb (lieutenant) en Circassie123. Au même moment,

plusieurs navires quittent Constantinople pour la même destination,

transportant de l'artillerie, des fusils et des munitions, ainsi que plusieurs chefs circassiens influents, Ismail Bey et Sefer Pacha. Leur arrivée doit

être le signal de l'offensive générale, et le commandement français est

autorisé à disposer des bataillons turcs qui lui seraient nécessaires pour

d'éventuelles opérations terrestres124.

Les officiers et les hommes sont accueillis à Ghelindjik, puis à Bardan

par de nombreux cavaliers, et rencontrent le même enthousiasme que

leurs prédécesseurs : « Tous à Guelindjik étaient animés des idées les plus

belliqueuses. Leur plan de campagne consistait à marcher en masse sur

Anapa qu'ils enlèveraient pendant que nous le détruirions avec les vais

seaux. Nous n'en demandions pas tant ! »125

On notera aussi le caractère fragmentaire des informations , tout comme aujourd’hui , des i dont disposent les chefs politiques et militaires Français qui livrent ces armes :

 

Leur correspondance

est, avec celle de l'ambassade de France à Constantinople, la seule qui

mérite désormais de retenir l'attention en ce qui concerne le Caucase ;

elle témoigne de la méconnaissance qu'on avait en France du véritable

caractère du muridisme, des illusions et des malentendus qui ont guidé

la politique orientale des Alliés jusqu'en 1855..............

Dans une lettre du 29 octobre au général Canrobert, nouveau com

mandant en chef, le chargé d'affaires Benedetti résume en quelques

 

phrases la situation : « Monsieur le Général [...] s'il est un fait acquis

 

désormais en ce qui touche les contrées caucasiennes, c'est qu'on ne

 

possède aucune information digne de foi [...] Schamyl opérant dans le

 

Daghestan reste enveloppé dans ce mystère profond que rien n'a pu

 

pénétrer, et les rapports de ce chef avec les Circassiens donnent lieu à

 

des accusations et à des querelles dont il est impossible d'apprécier le

 

caractère et l'importance. »142

 

Rédigé par DanielB

Publié dans #Geopolitique

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