Télécommunications : Le Brésil veut mailler l'Amérique du Sud avec la fibre optique et tisse sa toile avec l'Afrique .
Publié le 25 Septembre 2011
Les techniciens du Ministère Brésilien des Télècommunications ont présenté au sommet technique de l'UNASUL qui s'est déroulé le 31 aout dernier à Rio de Janeiro leur projet de maillage du continent Latino-Américain en haut-débit avec des fibres optiques . Il s'agit de relier toutes les dorsales internet des pays membres de l'UNASUL par un réseau de fibre-optique en topologie ouverte dont la longueur approcherait les 10 000 kilomètres .
" La décision finale dépendra de chacun des états membres de l'UNASUL . Il faudra ensuite effectuer les études techniques pour mettre en place cet anneau " a précisé début août Artur Coimbra , directeur du Département du haut-débit au Ministère Brésilien des Télècommunications .
Depuis les négociations politiques ont avancé et un accord est prévu avant la fin du mois de septembre , une réunion des ministres des pays concernés devant se tenir au mois de novembre . Il reste à finaliser les détails financiers et législatifs .
L'objectif final est d'augmenter le débit transmis et réduire les couts de communication .
Un utilisateur Péruvien qui veut établir une communication haut-débit avec le Brésil doit passer par un câble sous-marin dans le Pacifique vers les EU , " basculer " d'océans , et repartir vers le Brésil au travers d'un câble sous-marin dans l'Atlantique .
L'autre avantage est purement liè aux capacités de transfert de données du Brésil vers le monde extérieur : Actuellement le Brésil dispose de trois sorties indépendantes au travers de câbles transocéaniques .
Grâce à cet anneau Sud-Américain de fibre-optique , le Brésil pourra avoir accés aux câbles transocéaniques qui aboutissent sur l'autre rive du continent Sud-Américain .
On reconnaît ici le projet de multimaritimisation du Brésil qui cherche au travers de voies-ferrées et de routes [ lien ] à se projeter dans l'Océan Pacifique et les Caraïbes et devenir ainsi un acteur global .
Au delà de l'aspect économique , ce projet pourra avoir des conséquences socilogiques : L'augmentation à un cout moindre du trafic entre les états Hispanophones d'Amérique du Sud et le Brésil Lusophone pourraît développer l'usage du Portuñol qui aurait le statut de langue officielle de l'UNASUL-UNASUR .
Le Brésil envisage aussi de poser deux câbles transocéaniques , l'un à destination de l'Europe et l'autre à destination des EU . Ces deux câbles auront pour point de départ Fortalezza au Céara .
Le câble à destination de l'Europe permettera par exemple d'évacuer les communications Chiliennes dont le trafic est le double de celui du Brésil à destination de l'Europe en raison de la présence au Chili de deux observatoires astronomiques .C'est ce trafic qui d'ailleurs en assurera la rentabilité dans un premier temps .
Le projet prévoit une interconnexion avec l'Afrique , mais là il s'agit plus de politique - en fait de géopolitique ! - que d'économie , la demande ne justifiant pas actuellement un tel investissement de la part du Brésil ou de l'Angola .
Il s'agit de relier le Brésil aux états Lusophones d'Afrique - et ensuite au reste de l'Afrique - et plus particulièrement avec l'Angola .
L'interconnexion des deux câbles , l'Européen et l'Africain devant se faire en cas d'aboutissement du projet au Cap-Vert ou aux Açores .
Il s'agirait ainsi de relier physiquement via un câble sous-marin le Brésil à la façade Ouest de l'Afrique , une zone que le Brésil considére comme faisant parti de ses interêts stratégiques . Des interêts qui peuvent d'ailleurs l'opposer à la France ou au Portugal ! Le Brésil pourrait ainsi accroître de manière significative ses flux de données à destination de l' Afrique et concurrencer le câble ACE , [ Africa Coast to Europe ] et donc le lien tissé avec l'Europe , plus particulièrement avec la France et le Portugal .
Mais le projet à une composante plus ambitieuse : Créer un réseau IBAS : Inde - Brésil - Afrique du Sud et relier accesoirement l'Inde à l'Europe via la route des " grands navigateurs " - via le Cap de Bonne-Espérance - qui éviterait l'Egypte qui a annoncé qu'elle n'autroriserait plus de nouvelles installations dans le Canal de Suez .
Un câble existe déja entre l'Inde et l'Afrique du Sud - SEACOM - et il ne reste plus qu' à poser ce " chaînon manquant non ACE " qui relierait l'Afrique du Sud à l' interconnexion définie plus haut via l'Angola et ensuite au Brésil !
Source :
Brasil quer interligar backbones de toda a América do Sul
Integração sulamericana vai viabilizar novos cabos submarinos para EUA e Europa
http://convergenciadigital.uol.com.br/cgi/cgilua.exe/sys/start.htm?=&infoid=27712&sid=8
Via le blog ISAPE de l'Institut Sud-Américain de Politique et de Stratégie . Abraços !