Le nouveau livre d'Eric Zemmour sur le déclin Français suscite les réactions indignées des belles plumes de la gauche radicale ou libérale-libertaire en même temps qu'il a réveillé de sa torpeur Robert Paxton . Le point le plus controversé dans le livre d' Eric Zemmour est sa thése sur le rôle de l'Etat Français vis à vis des Juifs .
Je ne tiens pas à rentrer dans ce débat mais je tiens à m'intéresser aux racines idéologiques des lois d'exceptions promulguées par l' Etat Français . Elles ne naissent pas dans le Maurrassisme comme on n'arrête pas de le lire ad nauseam mais bien dans la révolution de 1789 et dans la IIIéme République .
C'est tout d'abord la loi des Suspects du 17 septembre 1793
Elle parle de par elle-même :
Art. 1er. Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent dans le territoire de la République, et qui sont encore en liberté, seront mis en état d'arrestation.
Art. 2. Sont réputés gens suspects :
1° ceux qui, soit par leur conduite, soit par leur relations, soit par leur propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie ou du fédéralisme, et ennemis de la liberté ;
2° ceux qui ne pourront pas justifier, de la manière prescrite par le décret du 21 Mars dernier, de leurs moyens d’exister et de l'acquit de leurs devoirs civiques ;
3° ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme ; 4° les fonctionnaires publics suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention nationale ou ses commissaires, et non réintégrés, notamment ceux qui ont été ou doivent être destitués en vertu du décret du 14 août dernier ; 5° ceux des ci-devants nobles, ensemble les maris, femmes, pères, mères, fils ou filles, frère sou sœurs, et agens d'émigrés, qui n'ont pas constamment manifesté leur attachement à la révolution ; 6° ceux qui ont émigré dans l'intervalle du 1er juillet 1789 à la publication du décret du 30 mars - 8 avril 1792, quoiqu'ils soient rentrés en France dans le délai fixé par ce décret, ou précédemment.
Art. 3. Les comités de surveillance établis d'après le décret du 21 mars dernier, ou ceux qui leur ont été substitués, soit par les arrêtés des représentants du peuple envoyés par les armées et dans les départemens, soit en vertu des décrets particuliers de la Convention nationale, sont chargés de dresser, chacun dans son arrondissement, la liste des gens suspects, de décerner contre eux les mandats d'arrêt, et de faire apposer les scellés sur leurs papiers. Les commandans de la force publique à qui seront remis ces mandats seront tenus de les mettre à exécution sur-le-champ, sous peine de destitution.
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C'est cette Convention qui mettra hors la société Française toute une population selon des critères ethno-religieux et qui en ordonnera la liquidation physique , ce que l'on appellera par la suite un génocide : Les populations rurales Catholiques de l'Ouest de la France
La deuxiéme référence qui permettra au gouvernement de Vichy de légiférer par décrets et d'agir en pleine " légalité Républicaine " ©™ sera la Loi du 11 juillet 1938 portant sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre.
Ce texte dont la discussion a commencé en 1923 , dont les grands axes ont été tracés sous le Cartel des Gauches et que le gouvernement du Front Populaire a finalisé , fait avec les décrets pris par la suite volens nolens de la France " Républicaine " de juin 1940 une dictature tout à fait comparable - sur le strict plan légal - aux régimes Nazi et Stalinien . Signalons juste pour mémoire la loi du 19 mars 1939 " tendant à accorder au gouvernement des pouvoirs spéciaux " .
La loi du 26 janvier 1934 sur la répression de l'espionnage , complétée par les décrets-lois du 30 octobre 1935 et du 17 juin 1938 qui étendront la compétance des tribunaux militaires aux dépends des cours d'assise , servira de base à la mise en place de juridictions spéciales qui seront réactivées durant l'" épuration " !
Si au début ce texte discuté au sein de l'institution militaire [ 1 ] ne traite que des questions économiques il sera très vite " politisé " par la création dés janvier 1924 d'une cellule spéciale au sein du Ministère de l'Intérieur destinée à donner force de loi aux directives de ce texte et à faire du renseignement socio-politique.
Les directives liberticides incluses dans la loi portant sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre et dans les décrets qui suivront ont été directement inspirées de la Loi des suspects votée le 17 septembre 1793 comme en attestent les témoins qui ont participé à leur rédaction . Bon sang ne saurait mentir !
Signalons parmi les grandes figures de la gauche Française qui participérent à leur rédaction entre 1924 et 1938 Louis Jaurès , le frère cadet de Jean ...
[ 1 ] Général Bernard Serrigny - Organisation générale de la nation en temps de guerre - La Revue des Deux Mondes - Décembre 1923
http://www.revuedesdeuxmondes.fr/archive/article.php?code=53629


