D'aprés Le Figaro .
Le nouveau premier ministre hongrois veut réparer l'«injustice» du traité du Trianon qui amputa la «grande Hongrie» des deux tiers de son territoire.
Vieux serpent de mer de la politique hongroise, la question de la nationalité des minorités hongroises avait conduit à la tenue d'un référendum populaire en 2004, déjà à l'initiative du Fidesz alors dans l'opposition. Il s'en était fallu de peu que la Hongrie ne provoque une crise sérieuse avec ses voisins d'Europe centrale. Moins de 40% des électeurs s'étaient déplacés, signe d'un désintérêt relatif pour le sujet, et le scrutin avait été annulé.
La situation a bien changé en six ans. La Hongrie a connu les pires émeutes de son histoire récente à l'automne 2006, à cause des mensonges du premier ministre socialiste de l'époque, Ferenc Gyurcsany, sur l'état réel de l'économie du pays. Le sentiment nationaliste a prospéré dans le pays, conjugué au divorce croissant entre les élites et le peuple. Au sein de l'extrême droite s'est créé un mouvement paramilitaire, la «Garde hongroise», dissoute le 2 juillet 2009 par la justice, mais dont les membres continuent de parader, arborant le drapeau à rayures rouge et blanc, symbole de la Hongrie millénaire d'Arpad, le Clovis magyar, mais aussi de l'ex-parti nazi des Croix fléchées.
Une provocation aux yeux des Slovaques
Le premier ministre hongrois a-t-il signé un discret compromis avec le Jobbik parti d'extrême droite auréolé des 16% des voix lors des élections législatives du 25 avril ? «Orban voulait donner des gages aux nationalistes, estime Anton Pelinka, politologue à la Central European University (CEU) de Budapest. Comme il ne souhaite encourager ni l'antisémitisme, ni la xénophobie, surtout dirigée contre les Roms, il a joué une carte plus “modérée”, celle de la double nationalité pour les minorités magyarophones à l'étranger.»
Le danger pourrait venir de l'interminable querelle avec la Slovaquie, plutôt sourcilleuse sur le statut de sa minorité hongroise, forte de 500 000 âmes, soit 10% de la population totale, à laquelle elle refuse l'exception linguistique. «L'initiative d'Orban constitue une provocation grave aux yeux des Slovaques, peut-être aussi des Roumains, poursuit Pelinka. Elle va réveiller des nationalismes antagonistes au sein de l'Union européenne.»
Si la proposition de loi n'a pas fait de vagues en Voïvodine serbe et en Transylvanie roumaine, où vivent d'importantes communautés hongroises, la Slovaquie a déjà prévenu qu'elle pourrait protester devant l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont le siège se trouve à Vienne. Robert Fico, le premier ministre slovaque, a qualifié de «menace à la sécurité» les projets du Fidesz et rappelé l'ambassadeur slovaque en poste en Hongrie pour consultations. Entre Bratislava et Budapest, le torchon brûle à nouveau.
À peine installé, le leader du parti Fidesz (conservateur) a tenu parole. Fort d'une majorité parlementaire des deux tiers, le plus large soutien jamais consenti à un gouvernement démocratique européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Orban a soumis lundi aux députés une proposition de loi en ce sens. Elle pourrait être adoptée le 20 août, jour de la fête nationale hongroise, et entrer en vigueur le 1er janvier 2011, le jour même où la Hongrie assumera la présidence de l'Union européenne pour six mois.
Invoquant l'exemple américain où les 117 000 Hongrois installés aux États-Unis ont la double citoyenneté, le ministre des Affaires étrangères, Janos Martonyi, a précisé que celle-ci serait accordée «sur une base individuelle» à ceux qui seraient «d'ascendance magyare et parlent le hongrois».
La montée continue du sentiment nationaliste
Viktor Orban , le nouveau premier ministre hongrois, avait juré d'en faire l'absolue priorité de son mandat. Avant même de penser à réduire la fiscalité, relancer la croissance, tailler dans les dépenses publiques, mesures indispensables pour endiguer la récession la plus dramatique d'Europe centrale, il tenait à accorder la nationalité hongroise à 3,5 millions de magyarophones vivant hors des frontières. Pour ces Hongrois de souche résidant principalement dans les pays frontaliers (Slovaquie, Roumanie, Autriche, Croatie, Ukraine et Slovénie), la douloureuse «injustice du Trianon», du nom du traité de paix qui en 1920 amputa la «grande Hongrie» des deux tiers de son territoire, devait être réparée.
À peine installé, le leader du parti Fidesz (conservateur) a tenu parole. Fort d'une majorité parlementaire des deux tiers, le plus large soutien jamais consenti à un gouvernement démocratique européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Orban a soumis lundi aux députés une proposition de loi en ce sens. Elle pourrait être adoptée le 20 août, jour de la fête nationale hongroise, et entrer en vigueur le 1er janvier 2011, le jour même où la Hongrie assumera la présidence de l'Union européenne pour six mois.
Invoquant l'exemple américain où les 117 000 Hongrois installés aux États-Unis ont la double citoyenneté, le ministre des Affaires étrangères, Janos Martonyi, a précisé que celle-ci serait accordée «sur une base individuelle» à ceux qui seraient «d'ascendance magyare et parlent le hongrois».
Note de l'Editeur :
Curieusement cet article du Figaro oublie la Voijvodine Serbe ou le Grandisme Hongrois commence deja à susciter des troubles séparatistes et ceci depuis deux ans . Finalement les commentaires du géopolitologue Russe Vyachestalv Nikonov de " Politika " le 28 aout 2008 sur Pervyi Kanal dans l'émission " Souditi Sami " sont en train de devenir une réalité : L'Europe va subir le même sort que l'URSS et des recompositions de frontières sont à envisager dans un avenir plus ou moins proche et ceci à la suite de l'agression de l'OTAN contre la Serbie qui a fait des accords d'Helsinki un " chiffon de papier " que Dick Cheney essayait pitoyablement de ressuciter lors de sa tournée Européo-Caucasienne de septembre 2008 . Demain les Roumains auront beau jeu d'accorder un passeport Roumain aux Moldaves et aux populations Roumanophones d'Ukraine dans la province de Bucovine et peut être même jusqu'à Odessa comme ils en ont toujours rêvé [ Voir le feuilleton " Likvidatsaya " actuellement en cours de diffusion sur RTR Planeta] , les Russes leur emboiteront le pas pour les populations Russophones de Crimée et plus personne ne pourra leur jeter la pierre . L'Europe est bien loin de la " fin de l'histoire " que l'on nous prommetait depuis sa fondation et il faut vite acheter des cartes contemporaines , car dans quelques années ce seront des " collectors " ! Je cite Vyachestlav Nikonov : " Apres le precédent du Kossovo et la reconnaissance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie [ par la Russie - NDLR ] il faut s'attendre à de nouveaux changements territoriaux en Europe , je parle ici de l'Union Européenne qui connaîtera le sort de l'URSS . Par là je veux dire que l'Ue eclatera en une conféderation centrale- Européenne qui défendra ses intêrets et une " extrême - Europe " ou " Vieille Europe " . Au sein de ces états il faudra s'attendre , comme pour l'ex- Yougoslavie , à des modifications de frontière et apres les vociferations , ces modifications de frontière devront être acceptées au nom du " principe de realité "
Le Kossovo , l'Abkhazie et l'Ossetie du Sud sont les premier signes d'agonie des accords d'Helsinki qui sont dans un coma irréversible .
L'attaque financière qui a visé l'Euro ces dernières semaines a encore plus fragilisé ce " systéme normé " que l'on supposait être entré dans la " fin de l'histoire " : l'Union Européenne .
De la même manière ses constituants , les Etats-Nations , sont aujourd'hui fragilisé encore plus par la démarche Hongroise et au delà de l' " a-territorialisation " des relations politiques que l'idée Européenne cherchait à promouvoir , les conflits identitaires qui réapparaiteront apres la fin de la lubie Européiste ne feront qu'accentuer la recherche de frontières qui sont loin de celles gelées depuis la fin de la SGM .
Si l'analyse de Vyachestlav Nikonov peut en rebutter certains car " Russe " , lire Post-Mortem on Europe's First War of the 21st Century. Post-Mortem on Europe's First War of the 21st Century par Michael Emerson .
Bibliographie conseillée :
Le désir de territoire. François Thual, éd. Ellipses, 1999, 187 pages
Au moment où certains prophétisent hâtivement, "la fin des territoires" comme donnée de base pour permettre une nouvelle formulation des rapports d’autorité entre institutions et des rapports de puissance entre acteurs internationaux, dont les Etats, privés de souveraineté, n’en seraient plus les éléments les plus éminents, François Thual remet les choses en place. Il écrit ainsi que "les constructions politiques -Etats, Empires, villes, etc.- doivent être saisies dans leur inscription dans l’espace et dans le temps, dans l’incrustation quasi-physique de leurs intentions et des conflits qu’elles ont générés". Le but de son livre se résume à ce que "dans chacun de ses développements, on (puisse) retrouver des mécanismes généraux qui règlent les relations entre le territoire et l’identité et qui demeurent la voie royale pour l’exploration de cette conflictualité qui détermine le champ de la géopolitique". Les trois parties du livre découlent donc naturellement de ce constat du désir territorial, qu’il s’agisse de l’étude des dispositifs territoriaux, des dispositifs impériaux, et des dispositifs identitaires. La fresque ainsi dévoilée nous révèle les mécanismes psychologiques des peuples à travers le monde entier, sans tomber dans un "européo-centrisme" forcément réducteur, et resitués dans le cadre d’une étude des déterminants historiques d’une grande ampleur. Un livre marquant et intéressant dans la double perspective d’approfondissement de la connaissance géopolitique et du retour au réel contre les modes abstraites et finalement évanescentes, telle que la très médiatique et improbable "fin des territoires".