Le concept de Seabed Warfare qui pourrait se traduire par " guerre du fond des mers " ou " guerre du plateau continental " est toutefois assez vaste puisqu'il regroupe l'ensemble des opérations navales de , vers et à partir du plateau continental .
Il concerne en fait toute la " kill box " verticale , la colonne d'eau qui s'étend du fond de la mer à la surface et regroupe donc les activités navales de surface " traditionnelles " tout comme les activités sous-marines " traditionnelles ". Cette " kill box " s'étend en fait au delà de l'interface eau-air , jusque dans l'espace , puisque les drones sous-marins peuvent être largués depuis un aéronef et les informations en provenance du fond ou de la colonne d'eau transmises vers des satellites par l'intermédiaire de dispositifs de surface comme des navires , pilotés ou automatiques , ou des bouées .
Les drones y auront bien sûr leur importance et y ont déjà leur importance avec la collecte automatiques de données comme la bathymétrie ( cartographie sous-marine du plateau ) , les courants marins et la salinité de l'eau . C'est une guerre sourde que se livrent par exemple Chinois et Etasuniens dans la Mer de Chine . Si le Mainstream met en avant un certain activisme Chinois plus particulièrement en Mer de Chine , il "oublie" toutefois de signaler que les Etats-Unis ont une posture agressive dans la région . Les autorités Chinoises offrent ainsi une récompense substantielle de 70 000 Euros aux pêcheurs qui capturent un drone Etasunien .
Elle a été mise sur le devant de l'actualité par les menaces que les uns et les autres se jettent à la figure de tentatives d'attaques contre le réseau mondial de câbles sous-marins , et l' Arcto-Pacifique n'échappera pas à cette conflictualité , mais elle concerne aussi par exemple les installations de forage off-shore et des réseaux de transports sous-marins comme le Nord-Stream 2.
Cette guerre a bien sûr été imaginée par les auteurs d'anticipation militaire , en particulier les Français Pierre GIFFARD et Robida avec les " Tirailleurs sous-marins " en scaphandre , mais souvent la réalité a dépassé la fiction : On peut dater le début du " Seabed Warfare " avec la destruction du câble sous-marin reliant Manille à Hong-Kong et Cuba aux Caraïbes durant la Guerre Hispano-Américaine de 1898 , le 11 mai 1898 exactement lors de la bataille de Cienfuegos . . A Cuba la société qui fut victime de l'action des marins de l'USN qui arrachèrent le câble sur le fond avec un grappin depuis une chaloupe [ voir image ] était d'ailleurs principalement aux mains de capitaux Français - dont une participation de l'Etat Français - ce qui dés l'époque a posé des problèmes légaux . Si l'attaque contre le câble que la Russie va poser le long de son littoral Arcto-Pacifique** peut être " justifiée " par son caractère publique et civilo-militaire , une attaque semblable contre un autre câble pourrait poser de nombreux problèmes légaux . Peut-on s'attaquer à un câble d' Orange™ aux larges des côtes Africaines même si il sert de moyen de communication pour les unités de l'armée Française déployées en Afrique ?
Nous noterons ici que pas plus que lors des écoutes de la NSA , la Grande République ( humour ) Française n'éleva alors aucune protestation réelle ...
" Kill box " de la guerre du plateau-continental
Les " tirailleurs sous-marins " imaginés à la fin du XIX éme siècle .
Acte I du seabed warfare : La bataille de Cienfuegos du 11 mai 1898 .
Section du câble télégraphique repéché par les Allemands dans la Seine lors du siège de Paris
Dans les années 1970 et 1980 le développement des activités pétrogazières off-shore déplace la problématique du seabed warfare des télécommunications vers la protection , et l'attaque , des infrastructures off-shore ainsi que des " tuyaux " comme les gazoducs ou oléoducs destinés à évacuer la production vers le littoral . Cette guerre peut aussi concerner aujourd'hui les câbles sous-marins d'énergie électrique , en particulier avec le développement de parcs éoliens en mer .
Science &Vie a publié un superbe article sur cette " guerre du fond " en 1976 . C'est aussi l'époque où les Soviétiques développent plusieurs véhicule sous-marin chenillés comme le MTK-200 capables de se déplacer sur le plateau continental jusqu'à une profondeur de 500 m et télécommandés depuis un navire par des câbles . Prés de cinquante années plus tard avec le " sous-marin kangourou " il semble de nouveau inspirer les ingénieurs Russes . Parmi les concepts développés à l'époque je retiendrai aussi celui de " torpilles dormantes " dans des silos disposés au fond des mers et activées sur ordre ou après détection au moyen d'un réseau d'hydrophones [ voir infographie Science&Vie ] Le programme Hammerhead en est un avatar moderne . Comme le soulignent de nombreux commentateurs ces " torpilles dormantes " lorsqu'elles sont inactivées ne constituent pas des menaces pour la navigation et n'ont donc pas à être signalées aux autorités et administrations civiles internationales . Elles ont même leur nom propre , moor-pedo qui pourrait se traduire par minepille ou tormine !
La guérilla sous-marine ( the old " seabed warfare " ) dans la Mer du Nord .
La minepille ou tormine aka moor-pedo
Le chenillé sous-marin MTK-200
La guerre de demain sur le plateau continental Arctique
Le drone tueur " NERPA " de Rostec
Le seabed warfare est aussi ... Civil !
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