D'apres RIA NOVOSTI
Les scientifiques et les écologistes constatent la détérioration de la couverture glaciaire. Ce qui n'est pas sans conséquences, entre autres, sur les animaux. Mais l'homme peut aider ces derniers, comme le montre l'exemple de la Tchoukotka, où a été aménagé le plus grand site terrestre au monde d'accueil de morses. RIA Novosti, ainsi que les sites nkj.ru ( * )et annews.ru se sont fait l'écho de ces modifications.
L'expedition Arktika-2008 vient de s'achever après un périple d'une quarantaine de jours, long de quelque 13.000 km. Le navire Akademik Fedorov a effectué à cette occasion sa 28e campagne (la 7e dans les latitudes élevées de l'Arctique). Le responsable de cette expédition, Vladimir Sokolov, a confirmé, à son issue, que les scientifiques avaient constaté un processus de destruction de la couverture glaciaire dans le bassin arctique. L'an dernier, la destruction des glaces dans l'Arctique avait atteint le niveau le plus important de toute l'Histoire. Cette année, ce processus est moindre. Les chercheurs disposent désormais de toutes les données pour pouvoir établir des prévisions.
Ces premières constatations faites par les chercheurs au cours d'Arktika-2008 sont confirmées et précisées par les spécialistes du WWF Russie. Ils ont, eux aussi, relevé une diminution moins importante de la superficie des glaces, cette année, par rapport à l'année record de 2007. Mais l'épaisseur de la glace est, selon eux, désormais bien moindre. "Si l'on tient compte du fait que la glace est globalement plus fine que l'année dernière, alors cette année, il y en a moins dans l'Arctique qu'il y en a jamais eu depuis le début des observations, a insisté Martin Sommerkorn, spécialiste du changement climatique au WWF. Cette année, pour la première fois, le passage Nord-Ouest au-dessus de l'Amérique du Nord et de toute la Route maritime du Nord de la Russie est demeuré dégagé des glaces."
Dans ces conditions, les animaux sont les premières victimes de cette diminution et de cette fragilisation de la couverture glaciaire. Le changement climatique a conduit, ainsi, à ce que la couverture de glace dans la mer des Tchouktches et les mers baignant la Sibérie Orientale soit désormais quasiment absente en été. Dans ces conditions, c'est sur le littoral, et non plus sur des bancs de glace, que les morses peuvent trouver refuge.
L'an dernier, déjà, les écologistes et les habitants de la Tchoukotka avaient aménagé, au cap Kojevnikov, un vaste espace terrestre pour permettre aux morses du Pacifique de se reposer et aux femelles de mettre bas. Cette année, dans la dernière décade de septembre, 5 à 6.000 morses avaient déjà envahi ce site, tandis qu'une dizaine de milliers d'autres se trouvaient dans l'eau. En 2007, ce sont au total une cinquantaine de milliers de morses qui ont trouvé asile sur le cap Kojevnikov, faisant de cet endroit la plus grande aire terrestre au monde d'accueil de ces animaux. Une demande a été adressée aux responsables de l'expertise écologique d'Etat pour que le cap Kojevnikov soit reconnu comme un nouveau territoire protégé de la Tchoukotka.
Il est à noter que les membres de l'expédition Arktika-2008 ont eu la surprise, pour leur part, de découvrir une colonie de 110 morses de l'Atlantique (**) installée sur l'île Ouchakov (au Nord de la mer de Kara). Selon Maria Gavrilo, porte-parole de l'Institut de recherche de l'Arctique et de l'Antarctique, jamais auparavant ces animaux n'avaient été vus sur un territoire situé autant à l'Est.
( * ) " Nayka i Jizn " : " La Science et la Vie "
(**) Le morse de l'Atlantique se distingue de son cousin du Pacifique par ses défenses, sa taille plus petite et une silhouette quelque peu différente. Il est inscrit sur le Livre rouge de la Russie et de la planète. Sa population été fortement affectée par une chasse excessive. C'est une sous-espèce protégée depuis le milieu du siècle dernier.